De nombreux propriétaires de chevaux, le plus souvent de niveau Amateur ou de loisir, sont autonomes en termes de transport. Généralement propriétaires d’un, voire de deux chevaux, ils n’ont pas l’utilité d’un poids lourd et se tournent plutôt vers un camion VL (véhicule dit léger dont le poids total à charge ou PTAC est inférieur ou égal à 3,5 tonnes) ou un van tracté. De leurs côtés, les cavaliers de compétition ont tendance à partir moins souvent, mais plus longtemps. La qualité plutôt que la quantité… Benjamin Delègue, président de RVU, concessionnaire de camions PL (PTAC supérieur à 3,5 tonnes), VL et vans stalles, argumente: “J’ai le sentiment que les cavaliers, notamment les compétiteurs, mêlent de plus en plus la dimension sportive à celle des vacances, donc partent plus loin, sur trois ou quatre jours, plutôt que de se rendre tous les dimanches dans les petits concours locaux. C’est la raison pour laquelle ils attendent de plus en plus de services et de confort de leur véhicule.” Face aux évolutions techniques et technologiques, ainsi qu’à l’augmentation des attentes des clients, ces produits sont, par conséquent, de plus en plus élaborés. Ainsi voit-on fleurir des vans et camions VL (et même des petits PL!) ultra high-tech, au design aussi léché que celui d’une voiture de sport, disposant d’équipements de pointe, et ce, à plusieurs niveaux: aide à l’embarquement, assistance de conduite, possibilités de rangements du matériel, aménagements privatifs, détails esthétiques… De vrais “bijoux” sur les routes

Van versus camion VL

Vans ou camions? Certains préfèrent les premiers, plus accessibles financièrement et qui permettent, une fois les chevaux débarqués, de circuler plus librement en voiture. D’autres sont adeptes des seconds: certes un camion VL est plus onéreux mais, ajouté au fait qu’il ne nécessite pas de permis particulier, “il est plus sécurisant du fait qu’il n’y a pas d’articulation”, souligne François Picard, commercial chez MTM, artisan-fabricant de camions VL. Il existe néanmoins une troisième solution méconnue: le petit poids lourd. Ce véhicule, qui reste maniable, permet de transporter jusqu’à trois ou quatre chevaux et offre le confort d’une cabine. La société Böckmann, entreprise experte en conception et construction de vans, remorques professionnelles et camions PL (pouvant transporter jusqu’à dix chevaux), a ainsi accompli la prouesse de proposer un modèle de “petit” camion PL, compact, léger et maniable, capable de transporter trois chevaux, proposant de grands espaces de rangement et doté d’un appartement. Attention toutefois: ce dernier nécessite un permis C1 pour le conduire. Une alternative sur le marché des véhicules de transport de chevaux qui fait son chemin, comme le confirme Benjamin Delègue: “Nous commençons à fabriquer des petits PL de 7,2 tonnes, très maniables, et dont les espaces de rangement et l’appartement n’ont rien à envier à ceux des gros poids lourds. C’est, certes, onéreux, mais le confort et les services proposés sont inégalables.” Notons que les constructeurs de vans proposent également des modèles pouvant transporter quatre chevaux, ce nombre montant à cinq chez Böckmann.

Des facilités d’embarquement

Le confort du cavalier commence avec l’embarquement. Si celui-ci constitue un élément essentiel dans l’éducation du cheval, le lieu et la manière d’embarquer sa monture peuvent largement contribuer à faciliter le déroulement de l’événement. C’est pourquoi certaines marques ont conçu des solutions en ce sens. Justus Böckmann, à la tête de l’entreprise familiale éponyme, explique: “Notre conception permet une très faible hauteur de chargement, rassurante pour les chevaux, grâce au châssis surbaissé à suspension confort CFFplus.” Jérôme Verdier, responsable des ventes France des vans Fautras, met en avant ce qui constitue l’ADN de la maison: “Notre signature, ce sont les deux portes arrière associées à un plancher bas. Par ailleurs, L’AID SystemTM, unique sur le marché, permet à une personne seule d’embarquer et de débarquer ses chevaux en toute sécurité: le volet de recul s’ouvre et se ferme à l’avant du van ; toutes les opérations se font ainsi en restant à la tête du cheval.”

Sans oublier le système de “libération sécurisée”, dont le mousqueton permet un accrochage rapide de la sangle de recul en restant à l’abri des coups de pied et se libère d’une simple traction de la poignée à l’avant; l’ouverture sans pont, permettant un embarquement plus naturel et intuitif; enfin, la possibilité de débarquer par la porte avant. Dans la même veine, “le pont des vans Ifor Williams peut également s’ou­vrir en grande porte latérale, ce qui permet d’embarquer le cheval sans risque qu’il ne s’échappe”, complète Benjamin Delègue, RVU étant distributeur de la marque. Ra­phaël Ruffinoni, responsable du dévelop- pement commercial des vans Cheval Li­berté, met en avant le système pont-portes, au choix, “selon le cheval et la problématique de l’instant”. Et d’ajouter: “Nous avons éga­lement mis au point des ouvertures inté­rieures panoramiques (on en retrouve du même type chez Ifor Williams, ndlr) plus grandes et plus claires qui, outre le confort of­fert au cheval sur la route, donnent moins à ce dernier l’impression de rentrer dans une boîte noire et inquiétante. Nos modèles dis­posent également d’une porte en accès pleine hauteur, permettant au cavalier de ne pas se courber pour passer d’un côté à l’autre et de se rendre facilement à l’intérieur du van pour voir si tout va bien pendant le transport. Le cheval y gagne davantage de place, n’étant plus contraint de coller sa tête au hublot. Nous proposons aussi des modèles plus vo­lumineux et hauts qu’avant, allant jusqu’à 2,40 m (versus 2,25 m, ndlr), donc moins in­quiétants pour les chevaux.” De leurs côtés, les camions ne sont pas en reste, de nom­breuses initiatives ayant également été dé­veloppées, comme en témoigne Jean-Marc Simonin, fondateur et président de Caval­car, concepteur de camions VL: “Nous pro­posons un bat-flanc coulissant, pratique pour un cheval ayant du mal à embarquer ou pour une jument suitée, une séparation de tête pivotante, et la possibilité de passer de l’espace sellerie à l’espace chevaux en “easy access”, sans avoir à déverrouiller les portes au préalable.”  Vanessa Gau, directrice gé­nérale de Théault, société spécialisée en pe­tits camions VL et en PL, souligne: “Nous avons aménagé de grandes ouvertures, et comme le plancher de la cabine de nos véhicules est très bas, le pont n’est pas raide du tout. Mais, surtout, notre aménagement “Switch” permet de choisir le mode de trans­port que chaque cheval affectionne le plus, stalle ou barre de poitrail, ce qui garantit une véritable sérénité de conduite.”

Confort de route

Boîte automatique, climatisation, airbags à tous les sièges, assises chauffantes, feux an­tibrouillard, régulateur de vitesse, déclen­chement automatique des essuie-glaces, système Bluetooth, tablette tactile, caméras de surveillance et de recul, isolation pho­nique, isolation thermique, stabilité… Les véhicules légers de transport de chevaux n’ont décidément plus rien à envier aux ber­lines de luxe en termes d’options, offrant, de fait, un grand confort de conduite. Ainsi chez Chardron, société spécialisée en camions VL, la carrosserie, indépendante de la structure, permet une grande rigidité, donc peu (voire pas) de bruits parasites. Chez Théault, la capucine (espace de rangement sous plafond ou de couchage sur le toit chez certains constructeurs) a été pensée pour être aérodynamique, évitant ainsi les prises au vent, ce qui offre une meilleure stabilité du véhicule. Par ailleurs, le constructeur de prestige allemand Mercedes-Benz, désireux de se réimplanter dans le marché du cheval, s’est allié cette année à Théault et MTM. “Ce châssis, initialement réservé aux camping-cars, s’adapte parfaitement à notre utilisation. Il est très bas et stable, apportant ainsi le confort optimal nécessaire pour le transport des chevaux de nos clients”, explique François Picard. Du côté des vans également, le confort de route constitue une priorité pour les constructeurs. Ainsi, chez Cheval Liberté, la suspension Pullman, qui dote chaque roue d’un triangle de suspension, permet une grande stabilité sur la route, d’autant que le diamètre des roues a été augmenté.

Aménager un espace de vie

Qui dit départ en concours ou en vacances avec son cheval, dit besoin de matériel (harnachement, couvertures, outils de pansage, nourriture, seaux, etc.). Les constructeurs ont ainsi imaginé différentes solutions d’aménagements pour ranger et transporter son matériel le plus aisément possible. “Notre travail est basé sur l’approche suivante : nos camions sont faits pour être utilisés par une jeune personne qui n’aurait qu’une main libre. Autrement dit, tout est pensé pour être facile d’utilisation, pratique, ingénieux et intuitif”, introduit Frédéric Charreaux, gérant de Chardron. Pour le matériel, les rangements vont du simple espace sellerie, intégré dans la porte du van ou sur le derrière du camion, à la malle dédiée qui se charge et se décharge sans difficulté grâce au système Easy Lift, par exemple, proposé par Fautras, un levage par treuil électrique – service non négligeable sachant qu’une malle chargée peut peser jusqu’à 100 kilos! Également chez Cheval Liberté, les espaces dédiés à la sellerie sont modulables sur mesure selon les attentes du cavalier, qui peut également opter pour une petite remorque aménageable permettant de mieux répartir le poids global. Enfin, des racks en hauteur permettent, sur les modèles diagonaux, de disposer des ballots ou du fourrage dans l’angle perdu. “Même si de nombreuses solutions sont envisageables, l’utilisateur doit rester raisonnable, le plus important étant de laisser de la place aux chevaux!”, nuance cependant Jean-Marc Simonin, le PDG de Cavalcar. Dans les véhicules, outre ces espaces pour le matériel répondant aux attentes du client, des coffres de rangement sont également aménagés sous le siège du conducteur.

Au-delà de la nécessité d’emporter son matériel, les cavaliers sont parfois demandeurs d’espaces “privés” dédiés à leur propre confort: les marques rivalisent donc d’innovations afin de proposer des espaces de repos, des cabines permettant de se changer debout, des couchages, ainsi que toutes sortes d’équipements (chauffage, frigo, etc.). “Nous avons bâti notre réputation haut de gamme sur une conception simple et solide. Ce qui ne nous empêche pas de répondre aux demandes précises des clients, car nous fabriquons, en Normandie, l’intégralité de nos véhicules, du panneau sandwich aux pièces en polyester en passant par la métallerie et la sellerie… Nous pouvons constater une différence entre les demandes des clients professionnels, qui sont particulièrement exigeants sur l’aspect fonctionnel, solide et pratique, et celles des clients amateurs, qui sont davantage à la recherche d’aménagements annexes pour une utilisation de loisir qui leur est propre et axée sur le confort personnel”, avance François Picard, de MTM. Justus Böckmann développe: “À l’écoute de nos clients qui sont de plus en plus demandeurs d’espaces privés où se ressourcer lorsqu’ils ne sont pas à cheval, nous avons mis au point un modèle proposant jusqu’à 630 mm supplémentaires de longueur que sur un modèle classique, permettant d’aménager un vrai salon de repos.” Chez Cheval Liberté, certains modèles proposent un mini salon où il est possible de se changer en station debout, voire d’installer une table et des chaises pour les repas. “Les clients peuvent aussi partir sur un modèle conçu pour transporter quatre chevaux et en garder une partie pour aménager un petit appartement. Attention toutefois dans ce cas de figure: il faut avoir conçu son projet en amont, car il n’est pas possible de transformer un van quatre places en van deux places avec appartement, le châssis n’étant pas le même”, précise Raphaël Ruffinoni. À bien y regarder, aucun espace n’est perdu: chez Böckmann, on peut même dormir dans une capucine aménagée sur le toit! Ni aucun détail laissé au hasard: “Nous avons, par exemple, travaillé la forme de la banquette pour qu’elle puisse être utilisée comme un lit au moyen d’un élargisseur, avec un soin apporté aux coutures pour que ces dernières ne gênent pas la personne lorsqu’elle est allongée”, confirme Frédéric Charreaux, avant d’ajouter: “Toujours dans un souci du détail, nous disposons des absorbeurs phoniques dans les armoires, et les coffres sont isolants.”

Enfin, pour les clients désireux de disposer d’encore davantage d’espace, la possibilité leur est offerte d’atteler une caravane aménagée à leur petit camion. “Nous travaillons avec un fabricant de caravanes rondes qui disposent d’une extension avec un espace intérieur allant jusqu’à 8m²”, avance ainsi Benjamin Delègue, chez RVU.

Ne jamais négliger l’esthétique

Un produit pointu en termes d’innovations intérieures, c’est bien, mais un joli produit, c’est encore mieux! Les constructeurs proposent ainsi de larges palettes de couleurs pour leurs véhicules, avec la possibilité d’apposer des logos. Chaque véhicule devient ainsi unique. Du côté des camions, il est également possible d’ajouter son logo sur les sièges de la cabine, d’apporter des détails de couleurs sur les coutures, et même sur les jantes! “Accompagner le client dans la réalisation du camion de ses rêves est un métier à part entière, qui nécessite beaucoup de temps et d’implication. Par exemple, c’est notre rôle de signifier au client qu’il ne serait pas judicieux d’opter pour un siège en alcantara – malgré son élégance – s’il est propriétaire de gros chiens et qu’il compte s’assoir régulièrement sur son siège avec ses bottes et des vêtements crottés, compte tenu de la délicatesse de cette matière… Nous calons généralement un rendez-vous de préconception, puis une validation des options, sans parler des heures passées avec l’acheteur le jour de la livraison afin de tout lui expliquer pour qu’il puisse s’approprier son camion”, explique Frédéric Charreaux. Jean-Marc Simonin ajoute: “Nous veillons au moindre détail, réalisons des essais de peinture au soleil et fabriquons des maquettes en aluminium pour avoir une idée précise du rendu final. C’est aussi notre rôle de savoir dire non lorsqu’un client exige quelque chose que nous n’estimons pas pertinent, et de lui proposer une solution plus adaptée en accord avec ses envies.” “Nous faisons partie des rares artisans-fabricants à avoir robotisé notre outil de peinture, ce qui multiplie le champ des possibles”, s’enthousiasme de son côté Vanessa Gau, de Théault. Pour ceux qui ont l’envie ou la possibilité d’y mettre le prix, il est ainsi possible d’obtenir un produit fini extrêmement haut de gamme, avec des finitions ultra soignées que l’on retrouve traditionnellement sur les voitures de luxe.

Pour autant, aussi élaboré et de grande qualité soit-il, un véhicule s’entretient. Jérôme Verdier, de la maison Fautras, conseille de soumettre chaque année son van à une révision. Concernant les camions, Frédéric Charreaux souligne l’ingéniosité de Chardron: “Nous concevons nos véhicules de manière à ce que le client ait le minimum d’entretien à faire. Par exemple, nous prévoyons des graisseurs intégrés sur les charnières, comme sur les véhicules agricoles, afin que cela ne risque jamais de coincer.” Et de rappeler que le confort, c’est également la garantie de ne jamais voir son véhicule immobilisé: “Nous travaillons sur la base du Renault Master, qui est le véhicule utilitaire le plus vendu en Europe. Ainsi, en cas de souci sur la route, où que se situe le conducteur, il est certain d’être dépanné rapidement dans un rayon de 50 km maximum.” Enfin, précisons que, même sans investir dans l’achat d’un véhicule, il est aussi possible de bénéficier de nombreux services en location, comme le proposent Böckmann ou Renteo, le service dédié chez Théault, chez qui Vanessa Gau ajoute qu’il “est également possible de personnaliser à 100 % un véhicule en LLD”.

Force est donc de constater que les innovations à destination du confort du cavalier sont nombreuses et de plus en plus perfectionnées. “Nous sommes en permanence en train de chercher comment nous améliorer davantage. D’ailleurs, de nouvelles innovations sont en cours, que nous allons bientôt présenter”, conclut Frédéric Charreaux. Et il n’est pas le seul…