Madwike et Latina Concept sacrées à Fontainebleau lors de l’Événement Femelles du Selle Français

L’édition 2024 de l’Événement Femelles organisé par le Stud-book Selle Français hier et avant-hier, au cœur de la Grande Semaine de l’élevage de Fontainebleau, a réuni soixante-neuf prometteuses pouliches de deux et trois ans sélectionnées à l’échelle régionale. Madwike et Latina Concept ont été sacrées championnes de France de ces deux classes respectives.



Soixante-neuf pouliches de deux et trois ans ont été présentées aux juges du Selle Français hier et avant-hier au stade équestre du Grand Parquet, à Fontainebleau, où le traditionnel Événement Femelles du Stud-book s’est intercalé dans le programme de la Grande Semaine de l’élevage entre les finales nationales du Cycle libre de saut d’obstacles et celles du Cycle classique. Comme l’indique Pascal Cadiou, président du SF, ces championnats sont ouverts à un maximum de quatre-vingts candidates. “Il nous est arrivé d’élargir jusqu’à quatre-vingt-dix, en installant des boxes à l’extérieur du Grand Parquet, mais en termes de timing, le déroulement s’était avéré compliqué.” Le Charentais-Maritime se félicite de constater un nombre équilibré de prétendantes des deux générations. En termes de sélection, si le principe du quotarégional est toujours en vigueur, cette année, le Stud book s’est davantage appuyé sur son classement national. “L’idée est d’être le plus équitable possible entre les éleveurs, et de faire en sorte que les sélections et conditions de présentation soient cohérentes sur l’ensemble de l’Hexagone. Nous sommes très attentifs aux retours concernant les conditions des qualificatives, et faisons le maximum pour les améliorer chaque année. Cet Événement Femelles est en adéquation avec notre double vocation de formation et d’éventuelle commercialisation, mais il constitue également un lieu d’échange entre les éleveurs”, observe Pascal Cadiou.



Un panel de juges complet

Première étape pour les prétendantes, lundi, le jugement du modèle par Marie-Blanche Cogne Béné, Hubert Esnault, Yves Gay et Rafaëlle Mallet. Ensuite, les pouliches se sont familiarisées avec le rond d’Havrincourt lors de l’atelier des allures, jugé cette fois par Hubert Alamartine, Gérard Konczewski, Philippe Lacaze et Flora Planchon. Hier, il s’est agi pour ces jeunes pouliches, parfois impressionnées, de se livrer à l’exercice du saut en liberté piloté par Alain Fangeaux, André Oudinot, Clément Emonnot et Léo Duris, avec le soutien de la précieuse équipe de bénévoles de la Maison familiale et rurale de Songeons, encadrée par Bastien Hanser, Léa Balsalobre et Cédric Poulet.

“Les juments sont de plus en plus pointues, l’élevage s’est bien affiné. Elles sont légères, elles ont de la taille, du sang, une jolie tête, des allures déliées et de l’équilibre au galop. Ce sont toutes les qualités requises pour le sport”, constate Jean-Louis Bussereau, juge pour le Stud-book Selle Français. “Tous les critères de jugement sont importants, mais les moyens font parfois la différence”, remarque Yves Gay. “Nous recherchons un bon style, une belle trajectoire sur le saut, un bon équilibre pour faciliter les abords et un bon comportement, ce qui est le cas dans l’ensemble pour ces pouliches qui se prêtent à l’exercice avec beaucoup de gentillesse. Elles sont de mieux en mieux préparées. Les lots sont homogènes, avec un pourcentage intéressant de très bonnes pouliches. Le modèle progresse dans le chic, grâce en partie au sang étranger, et se place de plus en plus dans la norme européenne du cheval de sport. Toutefois, il faut veiller à ne pas trop alléger l’ossature pour obtenir du sang, un facteur nécessaire pour le concours”, conclut le juge.     



Madikwe sacrée championne des deux ans

Le contingent des deux ans a été dominé par Madikwe, fille SF de Cornet du Lys (Westph) et Umatilla (sBs) par Dollar dela Pierre (SF), qui a obtenu la moyenne de 17,65, avec notamment 18,5 aux allures, soit la plus haute note du championnat. “Mon épouse Camille et moi avons créé une écurie pour nos chevaux”, relate Frédéric Tarder, un naisseur ravi et surpris à la fois. “Madikwe est donc née sous nos couleurs à Grandchain, dans l’Eure. J’étais allé chercher sa grand-mère Nicool (KWPN), fille de Libero H chez VDL Stud aux Pays-Bas en 1995 alors que les chevaux étrangers n’avaient pas accès au Cycle classique. Madikwe est la dernière jument de selle qui me reste, car nous sommes désormais davantage concentrés sur les chevaux de trot et de galop, ainsi que sur les poneys pour nos enfants, soit une quinzaine d’équidés au total. Cornet du Lys m’avait tapé dans l’œil au Salon des étalons à Saint-Lô. En 2016, Umatilla nous avait donné Hannaan (SF, Maloubet de Pléville), que nous avons malheureusement perdue l’an dernier au poulinage alors qu’elle était pleine de Colestus.” Frédéric Tarder, qui n’avait encore jamais présenté de cheval à Fontainebleau, s’est dit lui ravi de ce clap de fin dans le cheval de sport. “Ce n’était pas du tout prévu. C’est une jument assez forte qui toise déjà 1,70m à deux ans. Elle est assez impressionnante, donc il fallait la manipuler tôt. C’est pourquoi nous l’avons déjà débourrée. Elle a remporté le concours local du Haras du Pin, puis s’est classée troisième du régional à Saint-Lô, ex aequo avec un produit d’Henry Brugier. Bérengère Lacroix nous a convaincus de participer à ce championnat de France, ce que nous ne regrettons pas!”

La vice-championne, Mademoiselle Triomphe, est issue du croisement entre Chacco White (Han) et Fewolaine Up par Diamant de Semilly. Elle a obtenu 17,61, pour le plus grand plaisir de sa naisseuse, Alexandra Le Gallée, venue de Pourrières, dans le Var, près d’Aix-en-Provence, soit neuf heures de route. “Nous accueillons trois naissances par an, et nous essayons de les valoriser. La lignée maternelle de sa mère est évaluée à 7/10, sa grand-mère Nymphéa des Monts (Eyken des Fontenis) ayant été créditée d’un ISO 142. J’ai choisi Chacco White pour lui apporter un peu de modernité et de souplesse, et l’influx dont la jument avait besoin.” Mademoiselle Triomphe se chargera de perpétuer la lignée maternelle au sein de l’élevage familial, grâce à un premier transfert d’embryon en 2025, avant d’aborder sa carrière sportive.

Le podium, avec 17,53, a été complété par Maestria Une Prince (Hardrock et Cacharel Une Prince par Number One d’Iso), née chez Danielle Prince au haras des Princes, dans le Pas-de-Calais, à la grande joie de son propriétaire Ludéric Thomir, qui l’a acquise après un coup de cœur à l’âge de deux mois. “J’avais l’intention d’acheter un cheval, et l’élevage des Princes est à trois kilomètres de chez moi, à Guemps”, évoque Ludéric, commercial en génétique bovine, un domaine qui lui tient également à cœur dans le domaine équin. Cavalier amateur pratiquant le loisir, Ludéric compte bien valoriser sa pouliche et démarrer un élevage de chevaux de sport.



Latina Concept établit un record au saut en liberté

Après une véritable démonstration à l’atelier de saut en liberté, jugé à 19,25 et qui a déclenché des applaudissements du public, la victoire est revenue sans conteste à Latina Concept, issue du croisement entre Eldorado van de Zeshoek (BWP) et Brentina d’Elle (SF, Rick d’Ick). “Un ami souhaitait acheter un poulain, et il est tombé sur cette pépite”, relate Tony Cousin, présentateur et cavalier de jeunes chevaux installé avec dix-huit pensionnaires à Neuville-lez-Beaulieu, dans les Ardennes. “Son objectif est de créer une souche d’élevage de qualité pour intégrer le circuit SHF des Jeunes Chevaux. Latina a des moyens hors norme, sa souche maternelle est notée à 10/10, et elle a toutes les qualités pour devenir une vraie jument de sport.”

La vice-championne de France se nomme La Free Vol Pachavert, fille de Conthargos (Old) et d’Ermine de Rance (SF, Vigo Cécé), née chez Charlotte Gandon au haras du Pachavert, à Saint-Sérotin, dans l’Yonne. Sa propriétaire, Hélène Gamand, l’a acquise à l’âge de six mois. “Je l’ai choisie par rapport à sa souche maternelle. Je suis en train de m’équiper en poulinières de qualité. J’en recherchais une de la souche du Château, et mon choix s’est porté sur La Free Vol, dont la grand-mère maternelle, Hermine du Château (Bacus de Nouvolieu), correspondait à tous mes critères. Actuellement, j’ai sept poulinières, et je suis installée aux écuries de la Tuilière à Saint-Jouvent dans le Limousin, où j’exerce en tant qu’inséminatrice.”

Troisième de ce championnat avec 17,92, dont un 19 à l’obstacle, Like me de Tus (Contendro, Holst et Sola de Tus par Eroticblus Montois) est née au haras de Tus chez Claire Duvivier, inséminatrice, et Philippe Perthus, marchand de chevaux à Sainte-Même, en Charente-Maritime. Tous sont deux à la tête d’une centaine d’équidés, dont une quinzaine de poulinières, depuis 2000. “Like me a beaucoup d’influx, du sang et de l’équilibre. Sa mère est issue d’une excellente souche vendéenne que nous avons perpétuée en rachetant l’élevage des Juraires”, indique Claire. “Like me a très bonne tête, elle est volontaire. Nous choisissons des pères confirmés en fonction des caractéristiques de nos poulinières bien sûr, mais nous mettons aussi l’accent sur la jeune génétique, notamment avec notre jeune étalon Joli Môme de Tus (Untouchable 27), conclut l’éleveuse. Lune Rose Tuilières (Conte Bellini) s’est classée quatrième avec une moyenne de 17,82. En 2021, son éleveuse, Hélène Gamand, avait remporté la médaille de bronze de ce même championnat avec In Love des Tuilières (Balou du Rouet).

Tous les résultats

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