Les deux cent trente-cinq chevaux de quatre ans retenus selon leur rang au classement dit Top cent de la Société hippique française (SHF), en date du 6 août, ont été conviés à sauter l’épreuve qualificative de la finale nationale du Cycle classique, mardi au Grand Parquet de Fontainebleau, puis seuls les couples ayant réussi un sans-faute ont été rappelé pour l’épreuve décisive d’hier. La quarante-deuxième édition de la Grande Semaine a affiché un nombre d’engagés comparable à 2023, qui avait rassemblé deux cent vingt-sept prétendants Selle Français et Anglo-Arabes, ainsi que vingt-sept candidats issus d’autres stud-books (ASB). Cette année, la catégorie réservée aux chevaux étrangers avait été abandonnée. Tous les chevaux issus ou non de races affiliées à la SHF ont disputé une seule et même épreuve, nommée Critérium, prenant en compte uniquement les performances sportives et leur régularité. En revanche, seuls les sujets issus des races affiliées pouvaient prétendre à disputer le “vrai” championnat, qui prend en compte la note de modèle obtenue lors des concours interrégionaux (CIR), ainsi que les notes de manière et d’aptitude attribuées lors des deux épreuves de la finale, afin d’enrichir les données zootechniques.

Si les participants au championnat se sont vus gratifiés d’une surprime de 20% par rapport aux autres chevaux, les “étrangers” se sont acquittés d’un droit d’entrée au circuit de 120 euros. Cette nouveauté réglementaire, dont l’objectif louable est de faciliter l’organisation des concours au plan national, pour limiter le nombre d’épreuves, peut parfois complexifier la lecture des résultats pour les non initiés. “Nous évaluons la manière, la disponibilité, le dressage, la capacité du cheval à être en accord avec son cavalier, à produire des tours agréables à regarder, mais aussi l’aptitude, la force, le respect, le style et l’équilibre”, relate Francis Mas, qui a jugé successivement les juments puis les hongres et entiers aux côtés de Jean-Pierre Bonneau et Jean Martinot. “Nous recherchons des chevaux au fonctionnement juste et harmonieux qui répètent leurs sauts. De temps à autre, nous sommes heureux d’observer un cheval qui présente des moyens un peu supérieurs à la moyenne ou une réactivité prometteuse. À quatre ans, certains sont en cours de croissance et ont encore besoin de s’endurcir., C’est pourquoi nous devons être indulgents. Les notes sont susceptibles d’intervenir dans le classement du championnat, dans la mesure où elles départagent les éventuels ex-æquo”, conclut le Rouennais.

Karaba Pam, une belle histoire entre amis

Sur le lot des cinquante juments conviées à disputer le tour décisif, le titre est revenu à Karaba Pam, (SF, Balou du Rouet, Old, et Arkodaye de l’Abbaye par Arko III, Old), née chez Cédric Demarcy à Songeons dans l’Oise, co-naisseur avec Hélène Kouassi. Il en est aussi le copropriétaire avec le cavalier Émile Pein et son épouse, Mahité Fagot, tous deux à la tête des écuries d’Albizia, comptant une soixantaine d’équidés de propriétaires, d’instruction et d’élevage. C’est là que la championne a vu le jour. “Karaba est le premier produit d’Arkodaye de l’Abbaye, que je montais en concours. C’est une belle aventure entre copains.” En 2023, Karaba a donné naissance, par transfert d’embryon, à Nefertiti Pam, fille du sBs Faut-il des 7 Vallons. Elle se concentrera désormais sur sa carrière sportive pour laquelle elle présente, outre des lignées prestigieuses, tous les atouts, à savoir de la force, un excellent galop, du respect, et un tempérament agréable, tandis que le groupe des copropriétaires attend avec impatience de découvrir les qualités de ses frères utérins Lissambo Pam (Good Pleasure Semilly) et Meliou Pam (Andiamo Semilly).

La vice-championne de France, Karelle Dorado TG, est née chez Thomas Goutille, du croisement d’Eldorado van de Zeshoek (BWP), et Pavane Mail (SF, Fergar Mail). Le cavalier Thomas Lévêque, installé avec quinze pensionnaires aux îles de Neyron, dans l’Ain, s’est vu confier les rênes de Karelle lors du CIR et une semaine avant la finale. “Elle est très respectueuse, elle a des yeux au bout des sabots, elle est très styliste (en témoignent les notes de 17 à la manière ndlr), elle a beaucoup d’influx et se montre très respectueuse”, commente le pilote. Établi à Roanne, dans le Loire, l’éleveur, qui fait naître deux à trois poulains l’an, s’est dit agréablement surpris de la prestation de sa protégée. “J’ai acheté sa mère, Pavane Mail, aux ventes Fences. J’ai sauté sur l’occasion car elle a, tout comme Ornella Mail (SF, Lando), très performante sous la selle de Patrice Delaveau, Alligator Fontaine comme grand-père maternel. J’ai choisi Eldorado comme père alors qu’il commençait tout juste à saillir en France, et je sui ravi du résultat. J’ai monté Karelle toute la saison. Elle a réussi huit sans-faute d’affilée. Ensuite, j’ai senti qu’il me fallait passer la main.” La vice-championne, qui a déjà donné naissance à Nikita Joujou (SF, Cazador LS), est destinée à être commercialisée.

Kinshasa Makambo Thom (SF, Cicero Z et Paloma Gesmeray par Quick Star) est venue compléter le podium sous la selle de son naisseur Arnaud Rasquier, établi avec son épouse Anaïs Bouyssou à l’élevage Thom, à Saint-Pompont, près de Sarlat-la-Canéda, en Dordogne, à la tête de cent vingt chevaux, dont vingt-cinq poulinières. Le cavalier, ravi de ce résultat, confie être venu sans aucune prétention, pour donner de l’expérience à sa jument, à laquelle il reconnaît un super mental, beaucoup de moyens, d’envergure et de respect, soit toutes les qualités pour une carrière sportive prometteuse qu’elle poursuivra sous sa selle, pour le plaisir de son nouveau copropriétaire. À l’avenir, l’éleveur espère pouvoir compter sur sa sœur utérine, Midnight Express Thom (SF, Ogrion des Champs), née en 2022, ainsi que sur son frère utérin Little Big Man Thom (SF, Jarnac), âgé de trois ans. Avec en lignée paternelle Quick Star, fils de Galoubet A, et en souche maternelle Bagheera Gesmeraye, fille d’I Love You, tous les espoirs sont permis!

Ont également été labellisées Élite Kiss Me Forever DK (SF, Verdi TN, KWPN et Forever DK par Vigo d’Arsouilles, BWP), ainsi que Kawaii Semilly (SF, Balou du Rouet, Old et Dirhame de Keos par Diamant de Semilly).

Karaganda Semilly, le champion parfait

Magnifique mâle gris doté de la meilleure note au modèle (17,1) et d’une moyenne de 16 à la manière et à l’aptitude, Karaganda Semilly a de qui tenir puisqu’il a vu le jour chez Richard Levallois du croisement entre le chef de race SF Mylord Carthago et Banda Semilly (SF, Diamant de Semilly). Il s’est imposé dans le groupe des entiers et hongres sous la selle de Clément Fortin, cavalier chez l’éleveur depuis deux ans. Approuvé à deux ans, Karaganda a bénéficié d’un programme “allégé” car six parcours lui ont suffi pour se qualifier. Le cavalier le confie: son protégé a l’intelligence de la barre et se montre très facile à gérer bien qu’il ait fait la monte en frais toute l’année, sauf dans le mois précédant la finale. Au programme du champion, quelques mois de repos, avant de reprendre lors du Salon des étalons, en février. Banda Semilly a également donné naissance à Jacaranda (ISO 111, SF, Kannan) en 2019, Mandalay Semilly, propre frère du champion né en 2022, et Nandai Semilly (SF, Kannan), âgé d’un an. Une fratrie prometteuse!

Vice-champion, Kill Bill des Parts, mâle SF fils par l’Oldenbourgeois Armitages Boy et Holly Girl (SF, Paddock du Plessis), né au GAEC des Parts à Saint-Pierre-Azif, dans le Calvados. La cavalière Julie Coursin, installée au Bec-Hellouin dans l’Eure, monte des chevaux notamment pour Thomas de Cornières, le propriétaire de Kill Bill, dont elle s’est occupée lors du testage des étalons en 2023, à l’issue duquel il a été approuvé SF. “Il a une tête en or et il est moderne, souple et élastique. Il a tout pour faire un super cheval de concours, et j’ai hâte de voir ses produits.” Si Kill Bill n’est pas vendu, Julie ne se plaindra pas de poursuivre sa formation. 

Troisième du championnat, le mâle Kasall du Bidou (SF, Casall, Holst et Dalberta de Blondel par Cardero, Holst), est né chez Charles-Hubert Blin à Formigny-la-Bataille dans le Calvados. Il a pour co-naisseur l’écurie du Herrin, établie à Casteljaloux, dans le Lot-et-Garonne. Le cavalier, Arthur le Vot, venu à Fontainebleau avec quinze des trente protégés accueillis à l’année dans ses écuries familiales de Cesson-Sévigné, près de Rennes, s’est vu confier les rênes de Kasall tout au long de la saison par son propriétaire, Éric Leclerc, qui l’avait acquis lors des ventes Fences en 2023. La carrière reproductive de ce bel étalon, approuvé au Selle Français, a été confiée au haras du Reverdy. Ses performances sportives, son excellent tempérament, sa prestigieuse origine paternelle, ainsi que sa lignée maternelle qui véhicule les sang de Nankin (12,5%) et Quidam de Revel (12,5%) devraient sans nul doute susciter l’intérêt des éleveurs, sinon d’acheteurs potentiels. Kir d’Amy, étalon SF par Conthargos (Old) et Élégance d’Amy (SF, Vigo Cécé), ainsi que Kaan, hongre SF produit du croisement entre Diarado (Holst) et Grisella Mail (SF, Cornet Obolensky, ex-Windows van het Costersveld), ont décroché la mention Elite.  

Ce cru 2024 de chevaux de quatre ans, d’une qualité plutôt homogène, dont certains n’ont pas manqué d’attirer l’attention, est le produit de quelques étalons phares, toujours en vogue. Parmi les pères les plus représentés, la palme revient à Mylord Carthago avec vingt produits, suivi d’Untouchable 27, père de seize finalistes, tandis que Qlassic Bois Margot et Balou du Rouet en revendiquent sept chacun, et Candy de Nantuel, six, talonné de près par Casall et Conthargos, tous deux pères de cinq candidats.

Tous les résultats

Toutes les épreuves de la Grande Semaine de l’élevage sont retransmises en direct sur GRANDPRIX.tv

Revivez le parcours de Karaganda Semilly dans la qualificative du championnat des quatre ans