Avec Igy de la Roque et Invincible de Riverland, les petits gris règnent sur les championnats de France des six ans
Ce samedi était le jour des finales des championnats des chevaux de saut d’obstacles de six ans à la Grande semaine de Fontainebleau. Finalement, après deux manches de compétition, ce sont deux petits chevaux gris qui se sont offert les titres de champions de France: Igy de la Roque chez les juments, et Invincible de Riverland du côté des entiers et hongres.
Ce 31 août, quatre-vingt-trois chevaux se sont élancés dans les finales des championnats de France des chevaux de saut d’obstacles de six ans sur la Carrière des Princes de Fontainebleau. Plus précisément, ce sont quarante-deux femelles et quarante et un entiers et hongres qui s’étaient qualifiés pour cette ultime étape en deux manches. La chaleur moite régnant sur le Stade Équestre du Grand Parquet est venue s'ajouter à la technicité du parcours dessiné par Jean-François Gourdin et Alain Lhôpital sur la Carrière des Princes. Pour la toute dernière manche du championnat, à laquelle les quatorze meilleures juments de six ans issues des deux qualificatives et du premier acte de la finale se sont affrontées, les chefs de piste avaient conçu un tracé jalonné de neuf obstacles, dont un double de verticaux aux couleurs du stud-book Selle Français qui fut finalement une formalité. Parmi ces demoiselles, nous avons retrouvé un échantillon des meilleurs élevages français: Kreisker, Riverland, de la Roque, de B'Neville, Vesquerie...avec une nette domination de la Normandie.
C'est d'ailleurs la grise Igy de la Roque (SF, Untouchable 27), née chez Alexandrine Bonnet-Dian dans le Calvados, qui s'est imposée. Petite par la taille, elle a montré de la facilité et du cœur, avec une jolie marge de progression. “J'avais un peu de pression en passant à la fin”, avoue son cavalier Geoffroy Breant. “À cinq ans, j'ai fait quelques préparatoires avec elle car je n'avais pas d'autres jeunes chevaux. Elle a signé beaucoup de sans-faute et elle était toujours plus démonstrative en concours. Elle est très intelligente et douée, on la promène en main comme un poney (elle toise 1,58m, ndlr). Au début je me faisais toujours surprendre car à la maison, je croyais qu'elle n'avait pas de galop, alors qu'en piste je suis court dans les lignes.” À cinquante-six ans, le Seinomarin remporte son tout premier titre SHF, lui qui avait été sacré Champion de France Pro 2 sur ce même terrain il y a quelques années. Igy avait déjà changé de mains avant la finale, acquise par le baras de Mézeray qui a accepté de la laisser au Normand jusqu'à Fontainebleau. “Je voulais aller au bout. C'est une machine à sans faute, ce n'est pas du hasard, elle a une tête extraordinaire. Je dois remercier Alexandrine (Bonnet-Dian, qui élève sous l’affixe de la Roque, ndlr) qui me l'a confiée.”
L'éleveuse a assisté au sacre de sa jument et force est de constater qu'elle affichait un sourire radieux. “J'ai eu la chance de pouvoir acheter un embryon de Feldam de Blondel, la formidable jument née chez Michel Ruel”, a-t-elle expliqué. “Cet embryon est devenu Séduction de la Roque, une fille de Kannan.” Feldam, ISO 153, n'est autre que l'une des filles de la jument base de l'éleveur manchois, Phedra Ratelière, dont la descendance ne cesse de s'illustrer dans le sport. “J'ai toujours senti chez Igy le sens du concours”, admet Alexandrine. “Elle a l'énergie et l'envie, une caractéristique que l'on retrouve chez les produits issus de mères par Kannan.” Bien que l’ayant vendue, sa naisseuse espère un jour acheter, peut-être, l'une de ses pouliches.
À la seconde place de ce championnat des juments de six ans, on retrouve Isis de B'Neville (SF, By Ceira d'Ick). Sérieuse et appliquée, la protégée de Jean-Baptiste Thiébot a montré de belles dispositions, le tout avec un modèle harmonieux et de la force. Toujours propriété de son naisseur, elle a effectué toute sa formation sous la selle d'Arthur Le Vot. “Il monte vraiment bien”, dit Jean-Baptiste Thiébot. “Je travaille avec lui et Olivier Le Vot qui gère la commercialisation. Il est très doué!” Isis n'est issue ni de la souche maternelle Prima Donna - d'où Cap de B'neville par exemple - ni de celle de la championne olympique de complet Amande de B'neville. Toutefois, son grand-père maternel n'est autre qu’Idem de B'neville, le très bon gagnant international de Jérôme Debas-Montagner issu directement...de Prima Donna! Indy de Talma (SF, Vigo Cécé) a complétéle podium sous les yeux de son naisseur Michel Guiot, également président de la SHF. Sa protégée est issue de la souche de Joyeuse, mère notamment d'Opium et Requiem de Talma.
Outre ces trois juments, deux autres sont reparties avec le label Élite. Tout d'abord Indiana du Montceau (SF, Upsilon) qui a semble-t-il hérité du geste des antérieurs de son crack de père. Elle descend de la très bonne Niobe de Nantuel (SF, Rox de la Touche, ISO 150), propriété de l'élevage du Montceau et mère de Badianne du Montceau (SF, Kalaska de Semilly, ISO 143), Excellente à six ans, et surtout de la véloce Denerys du Montceau (SF, L'Arc de Triomphe, ISO 158) partenaire de Nicolas Delmotte. Indiana avait déjà été Très Bonne à quatre ans et finaliste à cinq. La dernière Élite se nomme Isabella du Ry (sf, Bella Baloubet), née chez Amy Graham, dans la Manche. L'ancienne cavalière de Bella Baloubet a choisi de marier son étalon fétiche à une fille de Toulon, et bien qu'inscrite au stud-book Selle Français, la baie est 100% d'origine étrangère. Labellisée Très Bonne à cinq ans, elle confirme ses aptitudes sous la monte d'Alix Ragot.
Du côté des entiers et hongres, qui ont concouru sur les mêmes parcours que les femelles, onze concurrents ont réussi un sans-faute en première manche de la finale. Ils ont ensuite été six à reproduire leur performance dans le second acte. Après prise en compte des scores des deux épreuves qualificatives, mais aussi des bonifications liées à sa régularité cette saison et sa prestation au Concours Interrégional (C.I.R.) ainsi que de sa note au modèle, c'est Invincible de Riverland qui s’est imposé avec un score de 0,2 point. Fils d’Untouchable M et petit-fils du Oldenbourgeois Lifestyle, ce hongre est issu de la souche de Quidam de Revel, puisque sa quatrième mère est une propre sœur de l’étalon d’Hervé Godignon. Il avait réalisé onze sans-faute en seize parcours cette saison et est né chez Mickaël Varliaud. “Ce titre est une vraie satisfaction et vient récompenser tout le travail consenti durant la saison”, a déclaré le naisseur du nouveau champion de France. “Sa souche est un peu notre lignée favorite, puisqu’elle nous a aussi donné Arqana de Riverland. Par ailleurs, nous avions déjà eu un champion des entiers et hongres de cinq ans monté par Robin Le Squeren avec Dorado de Riverland.”
Non content de s’être offert deux titres estampillés Riverland, le cavalier avait aussi triomphé dans le championnat des mâles de cinq ans l’an passé aux rênes d’Idagio d’Ellipse. “Nous avons toujours beaucoup de jeunes chevaux et faisons de la Grande Semaine un objectif important, donc nous essayons d’y venir dans les meilleures conditions possibles”, a déclaré Robin Le Squeren après son nouveau sacre. “J’ai commencé à monter Invincible l’an passé, et il avait déjà signé un triple sans-faute à Fontainebleau (terminant seizième du championnat des cinq ans, ndlr). Nous l’avons vendu à Philippe Rozier lors de la vente La Baule Auction, mais Philippe m’a proposé de le garder jusqu'au championnat de France. C'est un cheval très respectueux et très énergique dans ses sauts, ce qui lui vient sans doute de Quick Star, le père d’Untouchable M. Il a aussi la technique de saut, avec les genoux un peu bas, que peut donner cet étalon, mais il s’en débrouille très bien. Et personnellement, cela ne me gêne pas du tout, puisque Dorado était lui aussi un peu comme ça.”
Derrière Invincible, c'est un autre hongre qui a été sacré vice-champion de France, à savoir Invictus de Moyon, qui a terminé avec un total de 0,275. Né chez la famille Janvier, cet alezan est un fils de Panama Tame et petit-fils de Diams du Grasset. La troisième place du championnat est revenue à Icatcher de Baloustar, qui est par la même occasion le meilleur entier de la compétition. Comme son nom l’indique, il s'agit d’un fils de Balou Star, et il a d’ailleurs vu le jour chez le propriétaire de celui-ci, Udo Oppermann. Petit-fils de Lordanos et monté par Duarte Romao, il a totalisé 0,85 point. Avec respectivement 1,1 et 3,275 pénalités, Ictinos d’Ouilly (SF, Qlassic Bois Margot x Cassini I) et Idaho du Grimeux (SF, Candy de Nantuel x Kannan) ont décroché les deux dernières mentions “Élite” du championnat sous les selles d’Alexandre Sueur et Arthur Le Vot. Comme chez les juments, un Critérium ouvert aux chevaux de tous les stud-books était disputé en parallèle du championnat des mâles. C'est Candice van de Celiebruge (Z, Candy de Nantuel x Lupicor) qui s’est imposé dans ce Critérium, où le modèle ne comptait pas, sous la selle de Stéphanie Hennequin.