Hatlantika domine de la tête et des épaules un championnat des sept ans au scénario controversé

Après avoir déjà fait montre de toute sa classe dans les deux premières étapes du championnat de France des sept ans, Hatlantika a dominé la finale en y signant le seul sans-faute pour s’offrir son deuxième titre national sous la selle de Nicolas Layec. À l’issue d’une dernière manche disputée par douze chevaux seulement, elle a devancé Laps Cool, passé à un cheveu de barrer pour l’or avec Paul Delforge, alors qu’Haddock du Tertre et Hello du Gué se sont partagé le bronze, associés à Faustine Laferrerie et Valentin Besnard.



Ils étaient cent trente-deux au départ du championnat de France des chevaux de jumping de sept ans, jeudi 29 août, mais seulement douze en finale de l’événement hier, dimanche 1er septembre. En effet, seuls les chevaux ayant signé un sans-faute dans la première épreuve qualificative puis dans la seconde ont décroché leur ticket pour la dernière étape de cet événement majeur, en vertu d’un nouveau règlement entré en application cette année. “Honnêtement, j’étais d’accord avec ces nouvelles règles, qui ont été validées par la Fédération française d’équitation (FFE) ainsi qu’un groupe de cavaliers, mais le risque était effectivement que nous nous retrouvions avec un trop petit nombre de finalistes”, a déclaré Édouard Coupérie, sélectionneur national adjoint des Bleus. 



“L’an dernier, il y avait eu une trentaine de doubles sans-faute, ce qui nous a confortés dans l’idée que notre option était la bonne, d’autant que certains cavaliers qui avaient commis une faute n’avaient pas compris pourquoi ils devaient s’élancer en finale alors qu’ils n’avaient aucune chance. Il faut rectifier l’erreur commise cette année, mais à mon avis, il ne faut pas baisser le niveau de ce championnat, qui permet de construire des chevaux pour l’avenir. Nous devons trouver un moyen d’en faire rentrer plus en finale. C’est une idée personnelle, mais peut-être que l’on pourrait imaginer qualifier quarante chevaux, par exemple, mais que ceux qui ont commis une faute avant la finale concourent pour un Critérium, et pas pour le championnat. En tout cas, nous avions abandonné le format habituel (comportant une Chasse le premier jour, ndlr) par volonté de privilégier les sans-faute, d'éduquer nos cavaliers et nos chevaux à en réaliser. Nous voulons donc rester dans cet esprit, et ne pas remettre en place une Chasse où nous voyions il y a quelques années des parcours à cent kilomètres / heure.” La question de la dotation de ce championnat, qui s’élevait à seize mille cinq cents euros en incluant les récompenses des trois différentes épreuves et celles pour le classement général, a également été soulevée. “Cela fait longtemps que je dis qu’il faut vraiment attribuer beaucoup plus d’argent à ce championnat”, a admis Édouard Coupérie. “Emmanuèle Perron-Pette (vice-présidente de la FFE et propriétaire du haras des Coudrettes, ndlr) a promis qu’il y aurait une dotation considérablement supérieure l’année prochaine.”



Aussi légitimes qu’elles soient, ces interrogations et critiques ne doivent en rien ternir la superbe performance d’Hatlantika, qui a été sacrée championne des sept ans hier. Déjà sacrée à cinq ans puis cinquième du championnat des six ans avec Nicolas Layec, la fille de Best of Iscla et petite-fille de Chacco-Blue a de nouveau été montée de main de maître par ce fin cavalier cette semaine. Sortie sans pénalité des deux qualificatives, la puissante et imposante baie, née chez Bruno Rocuet, a éclaboussé la Carrière des Princes de son talent en signant le seul sans-faute en finale, où elle s’est jouée du parcours dessiné par Alain Lhôpital avec une facilité déconcertante. “Cette jument n’a jamais rien raté, elle me donne toujours tout et est totalement avec moi”, s’est réjoui le cavalier de la championne. “Aujourd’hui encore, elle s’est promenée. Elle me semble sans limites! Je ressens une vraie sérénité quand je la monte, je ne me pose pas de question. Aujourd’hui, alors qu’il y avait quand même de la pression, j’ai vu dès le saut du premier obstacle qu’elle était bien avec moi, et je me suis senti de plus en plus serein au fur et à mesure du parcours. Je crois qu’elle aussi était très à l’aise. Lorsqu’on la monte, on a toutes les sensations que l’on rêve d’avoir quand on fait du saut d’obstacles! Elle répète ses sauts, et je ne lui trouve pas de défaut (rires).”



Laps Cool a été sacré vice-champion de France des sept ans avec Paul Delforge

Laps Cool a été sacré vice-champion de France des sept ans avec Paul Delforge

© Timothée Pequegnot

La championne, qui a été utilisée comme mère porteuse par son naisseur avant de débuter sa carrière sportive, a bien failli devoir en passer par un barrage pour décrocher son deuxième titre bellifontain. En effet, Laps Cool, le complice de Paul Delforge, a lui aussi laissé toutes les barres sur leurs taquets. Oui, mais voilà, le fils d’Emerald van het Ruytershof et d’une mère par U Chin van Schuttershof a complètement dévié de sa trajectoire dans la courbe à main droite précédant la dernière ligne, et si son cavalier a réussi à rattraper la situation in extremis, le chemin parcouru en sus ne lui a pas permis de franchir la ligne d’arrivée dans le temps imparti. Avec un point de temps dépassé, l’étalon alezan brûlé, enregistré au stud-book sBs et acheté aux ventes Fences par René Lopez - qui en est toujours copropriétaire - à trois ans, a tout de même été sacré vice-champion de France de sa génération. “Nous avons beaucoup protégé Laps Cool car nous croyons beaucoup en lui”, a déclaré le Haut-Saônois Paul Delforge. “Il semble que nous ne nous soyons pas trompés! Il a dominé son sujet sur les trois parcours qu’il a sautés ici, et nous avons eu un petit couac à l’abord de la dernière ligne, mais un cheval normal ne s’en serait pas sorti sans faire tomber de barre. Je pense qu’il est le meilleur que j’aie jamais monté jusqu’ici.”



La médaille de bronze de ce championnat de sept ans, elle, a été partagée par deux chevaux ayant terminé leur finale avec quatre points: Haddock du Tertre et Hello du Gué. Logiquement, ces deux chevaux auraient dû en passer par un barrage pour être départagés, mais leurs cavaliers respectifs, Faustine Laferrerie et Valentin Besnard, ont préféré ne pas leur imposer de sauter de nouveau. Le premier est un Selle Français Originel par Nervoso et Bigouden du Tertre, qui avait elle-même été sacrée championne des sept ans avec Mathieu Bourdon en 2019, née comme sa mère chez Alain Bourdon, tandis qu’Hello du Gué, qui a vu le jour chez Éric Pezet, est un fils de Cicero Z van Paemel avec une mère par Dalton van het Lindehof.



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