Alain Fortin décède dans un dramatique accident de voiture en rentrant de Fontainebleau

Alain Fortin a perdu la vie hier dans un accident de la route survenu en Haute-Marne, au retour de la Grande Semaine de Fontainebleau. Âgé de soixante et un ans, cet homme de cheval accompli était aussi apprécié qu’impliqué au service de la filière équine.



Alain Fortin l’an passé à Lyon.

Alain Fortin l’an passé à Lyon.

© DR/SHF

La mortalité routière a beau baisser d’année en année en France, les accidents de la circulation demeurent une cause importante de décès dans notre pays. Alain Fortin en a tristement été victime hier, alors qu’il rentrait de la Grande Semaine de l’élevage de Fontainebleau. Peu avant 16h, selon les informations du Journal de la Haute-Marne, un véhicule léger et un minibus sont entrés en collision au niveau du carrefour de Beaulieu entre Éclaron et Braucourt, en Haute-Marne. Au volant de sa voiture, l’homme de cheval de soixante et un ans est décédé sur place, tandis que quatre personnes ont été blessés, dont trois grièvement, et transportées vers les centres hospitaliers de Chaumont, Reims, Nancy et Dijon.

Alain Fortin était une figure du monde équestre et notamment dans la filière de l’élevage de chevaux de sport. Né à Paris, il s’était formé au lycée agricole d’Yvetot, au Haras national du Pin et au CEZ de Rambouillet. En 1989, après deux ans au service de Jean-Bernard Palmer, dans l’Orne, il avait débuté en tant que moniteur au centre équestre de Madine, dans la Meuse, puis avait obtenu son instructorat à Saumur. De retour à Madine, il s’y est installé durablement avec l’aide du conseil général de la Meuse, qui soutenait alors la valorisation des jeunes chevaux nés dans le département, comme le relate Alix Thomas dans Le Cheval. Près de vingt-cinq ans plus tard, fin 2014, il avait posé ses valises à Vassincourt, tout près de Bar-le-Duc, dans la Meuse toujours, où il avait acquis une ancienne station de monte des Haras nationaux auxquels les éleveurs de la région étaient très attachés.

Tout au long de sa carrière, Alain Fortin avait formé de nombreux chevaux de talent, dont Quiness du Mezel (ISO 165, SF, Élan de la Cour x Ténor de Condé) et le crack Brazyl du Mézel (ISO 174, SF, Haloubet de Gorze x Apache d’Adriers), qu’ont ensuite valorisés Simon Delestre et François-Xavier Boudant jusqu’au plus haut niveau, mais aussi Étoile du Château (ISO 157, SF, Le Tot de Semilly et Javotte D par Cor de Chasse), Olympe du Gué (ISO 140, SF, Quatoubet du Rouet x Le Tot de Semilly), Scarlett de Bussy (ISO 142, SF, Crown x In Chala A), Dawai de Champloué (ISO 139, SF, Kannan x Diamant de Semilly), Elsa de Kreisker (ISO 146, SCSL, Filou de Muze x Adagio IV alias Guidam), Elsass du Mezel (ISO 146, SF, Kannan x Apache d’Adriers), Géniale Lulu (ISO 139, SF, Ideal de la Loge x Quidam de Revel) et Harwenn ML (ISO 140, SF, Candy de Nantuel x Papillon Rouge), plus d’autres encore qu’il a avait débourrés. Hier encore, sur les réseaux sociaux, l’écurie d’Alain Fortin s’était réjouie des performances de Jango Desbois (SF, Candy de Nantuel x Vondéen), labellisé Très Bon du championnat de France des chevaux de cinq ans, ainsi que d’Indy de la Chée (SF, Candy de Nantuel x Quidam de Revel) et du tout jeune Ketanou du Mezel (SF, Newton de Kreisker x Apache d’Adriers), montés au pied levé par Rémi Nève.



“Il ne se contentait pas de monter, il investissait dans les chevaux en lesquels il croyait”, Lucien Hecht

Cavalier émérite, dont les derniers parcours remontaient au 13 juillet, Alain Fortin revendiquait et entretenait un sincère proximité avec les éleveurs, notamment ceux du Grand-Est et de Bourgogne-France-Comté, comme en témoigne Lucien Hecht, fondateur de l’élevage du Mezel, en Meurthe-et-Moselle. “Nous avons commencé à collaborer étroitement vers 1998, mais je le connaissais depuis qu’il s’était installé à Madine, un site assez touristique. Je faisais partie d’une société hippique ancienne située à quinze kilomètre de là, et nous organisions un concours chaque année à Madine. Son travail a permis de mettre en valeur mes chevaux qui avaient le plus de potentiel. Il était établi près de chez moi et nous nous sommes toujours très bien entendus, ce qui explique la longévité de notre relation. Au départ, nous nous partagions volontiers la monte de mes chevaux de quatre ans, que je récupérais entre les concours. D’une manière générale, Alain était très proche des éleveurs et donnait la possibilité d’évoluer à tous ceux qui le souhaitaient. Il ne se contentait pas de monter, il investissait dans les chevaux en lesquels il croyait, ce qui était peu courant à l’époque. Il avait un œil particulier pour déceler le potentiel des chevaux et n’hésitait pas à dire ce qu’il pensait”, conclut Lucien Hecht, qui avait accompagné son cavalier et ami au CHIO d’Aix-la-Chapelle début juillet pour y voir à l’œuvre Brazyl du Mezel, auteur d’un superbe double sans-faute dans la Coupe des nations avec François-Xavier Boudant.

Très engagé au service de cette filière à laquelle il s’était pleinement intégré, Alain Fortin avait présidé l’Association des cavaliers lorrains de saut d’obstacles, l’Association des éleveurs de chevaux de Lorraine ainsi que la commission de saut d’obstacles de la Société hippique française. Il avait également formé nombre de cavaliers, dont Arthur Minier, qui avait initié l’an passé l’étalon Jagger de Marigny (SF, Quabri de l’Île x Controe), passé depuis sous la selle d’Eden Leprevost Blin-Lebreton. Enfin, son professionnalisme et sa réputation lui avaient ouvert des opportunités internationales, notamment en Corée du Sud, en Argentine et aux États-Unis. C’est donc une figure de grande ampleur qui nous a quittés hier.

GRANDPRIX adresse ses plus sincères condoléances à l’épouse du défunt, Julie Bogaert, à ses cinq enfants, Joseph, Annette et Germain, nés d’un premier mariage, et Lilas et Louise, âgés de douze et neuf ans, ainsi qu’à tous celles et ceux, très nombreux, qui l’affectionnaient, notamment dans le monde du cheval.