“Tout n’est pas à jeter”, Philippe Guerdat

Voici la réaction du sélectionneur français Philippe Guerdat à l’issue de la finale par équipes des Jeux équestres mondiaux de Tryon, que les Bleus concluent à la neuvième place : 



“Bien entendu, on espérait mieux. Je dois dire qu’aujourd’hui Kevin a très bien monté, mais Rêveur était un peu moins bien. On pensait qu’il ferait deux bons tours, il les a faits. Deux des fautes commises aujourd’hui sont minimes, mais c’est le sport. Pour Nicolas, son cheval a beaucoup mieux sauté qu’hier et s’est mis sur la hauteur. La première faute devrait être évitée, et même s’il est bien rentré dans le triple il ont eu une petite hésitation au milieu et se sont donc retrouvés loin de la sortie. Ce sont des choses qui peuvent arriver… Alexandra a eu une journée difficile hier et s’est bien reprise cet après-midi. J’ai cru qu’elle allait faire un sans-faute, mais elle s’est un peu laissée aller à la fin car elle sentait le sans-faute venir. Elle a eu un sursis sur le vertical qui suivait le triple, elle aurait peut-être pu remettre son cheval en place dans le virage. Ce sont des fautes de métier. Il ne faut pas oublier que trois de mes cavaliers (Alexandra Francart, Nicolas Delmotte et Alexis Deroubaix, ndlr) participaient à un championnat pour la première fois donc ça ne peut pas être un long fleuve tranquille. Alexis a prouvé aujourd’hui que j’ai bien fait de le faire partir en quatrième position. C’est vraiment une valeur sûre, et il s’est qualifié pour la finale individuelle de dimanche. J’espère qu’il va réussir, ce serait le vrai point positif du championnat. Dans l’ensemble, ils ont gagné de l’expérience et ce sera positif dans le futur. Si on regarde les autres équipes, certaines ont cinq chevaux extraordinaires. C’est plus compliqué de notre côté. Il faudra que l’on mette tout à plat après ces championnats mais j’ai quand même bon espoir avec ces cavaliers avec lesquels il y a des choses à faire. Maintenant on ne pourra plus dire qu’ils n’ont pas fait de championnat et qu’ils ne sont pas prêts pour cela. Ils savent désormais ce que c’est. Comme les chevaux étaient verts, on a été un peu softdans la préparation. Je crois que l’on aurait dû être un peu plus durs, car si l’on voit des chevaux étrangers qui faiblissent j’ai l’impression que les nôtres montent en pression. On verra cela en débriefant… 
Pour ce qui est des désistements, on n’est pas les seuls à devoir faire avec. En principe, je ne compte pas sur les couples que je ne peux pas sélectionner ou qui ne sont pas aptes à venir pour des raisons de santé. J’essaye de le faire dans le meilleur état d’esprit possible. Personne n’est irremplaçable, et il n’est pas dit qu’avec l’équipe première on aurait été qualifiés pour les Jeux olympiques. Ce sport est tellement incertain, on l’a vu aujourd’hui avec les Suisses qui sont passés de la première place au pied du podium avec un cheval que tout le monde voulait hier mais qui est éliminé aujourd’hui (Bacardi VDL, le complice de Janika Sprunger, ndlr). Il y a beaucoup de paramètres que l’on ne maitrise pas et c’est ce qui fait la beauté de notre sport. Quand on fait le bilan de notre championnat, tout n’est pas à jeter. On a travaillé dur, nos chevaux n’étaient pas aguerris à ce niveau et les conditions étaient difficiles. Je ne cherche pas d’excuse mais il faisait très chaud, le contexte était spécial et c’est pour cela que je trouve des circonstances atténuantes. Pas pour tout mais pour beaucoup de choses. 
Pour la qualification olympique pour Tokyo, cela se jouera aux championnats d’Europe de Rotterdam l’année prochaine, mais il y aura encore une chance à la finale de la Coupe des nations de Barcelone. En tout, il y aura quatre places à prendre l’an prochain, j’espère bien que l’on y arrivera.”