DÉBRIEF : Jean-Maurice Bonneau analyse l'épreuve de Chasse

Chaque jour, un expert analyse, pour GrandPrix-Replay, la compétition des Jeux équestres mondiaux de Tryon. En saut d'obstacles, ils seront plusieurs à partager leur précieuse expertise. Ce jeudi, c'est Jean-Maurice Bonneau qui revient sur l'épreuve de Chasse d'hier.



Le bilan global?
"Sur le plan sportif, je trouve que le chef de piste Alan Wade a effectué un travail remarquable! Il n'a rien cassé, et c'est ce que je qualifie de parcours de cavalier. Et le classement est du coup très intéressant! Il n'y a pas eu de catastrophe, et même les cavaliers moins aguerris ont pu dérouler de jolis parcours. L'épreuve n'est qu'à 1,55m, ce n'est pas énorme mais bien dosé. Un cheval comme Quabri de l'Isle, qui n'est pas le plus rapide du monde, et un cavalier qui sait bien manier ses tracés comme Pedro Veniss ont su terminer deuxièmes. L'épreuve est restée palpitante jusqu'au bout puisque Steve Guerdat a gagné à la toute fin. Les écarts de points sont très, très faibles, donc tout reste à faire aujourd'hui puis demain. La Chasse fait la différence à la fin, et les stratégies sont toutes différentes. Kevin par exemple, malgré sa faute, reste très bien classé parce qu'il a un chronomètre incroyable. Le connaissant, ce quatre points a dû l'agacer, mais cela n'a pas eu une énorme incidence. C'était en tout cas très agréable à regarder, les obstacles étaient jolis, le terrain avait l'air d'être très bien entretenu."

Excellent début pour des Français concentrés
"Les performances françaises d'hier ne me surprennent pas. J'ai une confiance énorme en cette équipe de France. Je la trouve tout à fait capable d'aller chercher quelque chose. Même si elle ext plutôt inexpérimentée, Kevin est là pour apporter toute son expérience. Philippe Guerdat n'a pas choisi n'importe qui ; il les a testés, entraînés puis choisis. Il a dû leur dire de ne rien changer. Ils sont restés naturels, et c'est ce qu'il faut dans un championnat. C'est tout autre chose, mais cela reste le même sport! Il faut jouer la partition dont on a l'habitude, et c'est le sentiment que j'ai eu hier. Ils n'avaient pas l'air fébriles, mais très concentrés, dans leur bulle. S'il y a un message à faire passer, c'est continuez comme ça! Tout le monde pense bien évidemment à la qualification olympique, et c'est un très bon début."


"Être favori n'est pas une place facile à vivre"

La troisième place surprise de Rowan Willis
"Personne ne connaît Rowan Willis en Europe parce qu'il ne vient quasiment jamais, mais il était classé dans le Grand Prix du CSIO 5* de Calgary il y a deux semaines (il avait terminé onzième avec sa monture de ces championnats, Blue Movie, ndlr) et tourne régulièrement sur le Winter Equestrian Festival de Wellington. Ce n'est pas complètement un débutant. Il a un cheval très physique, qu'il connait très bien. Après, faisons attention, la difficulté d'un championnat est de tenir jusqu'au bout. La subtilité de cette épreuve, c'est qu'il faut effectuer un bon chronomètre sans dégrader les chevaux. C'est d'ailleurs là où les Français ont, je trouve, opéré une excellente stratégie! Philippe Guerdat ne les a pas poussés à courir en dehors de leur zone de sécurité, et je trouve ça particulièrement intelligent."

La Suisse, favorite dès le début
"Ils sont favoris, c'est clair! Ils sont sur leur feuille de route. Favoris ne veut pas dire que tout tiendra jusqu'au bout, la route est encore longue. J'ai le souvenir des championnats d'Europe de San Patrignano où nous avons fini deuxièmes après la Chasse, pour au final terminer septièmes lors de la finale. C'était parti en cacahuètes derrière, donc tout est possible! Ils ont des cavaliers qui ont de la bouteille et des chevaux aguerris. Ceci dit, être favori n'est pas toujours un rôle facile à tenir!"