« C’est bien loin Rio… », Philippe Guerdat

L’équipe de France a vécu une soirée contrastée lors de la Coupe des nations d’Aix-la-Chapelle, terminant septième après une piètre première manche et un bien meilleur second round. À ce stade, rien n’est joué pour les Jeux équestres mondiaux de Tryon. Aussi, la Coupe des nations Longines de Dublin, programmée le 12 août, permettra à Philippe Guerdat d’effectuer de tout derniers essais. À la fin de l’épreuve, le sélectionneur national a répondu aux questions de GRANDPRIX-replay.com.



GRANDPRIX-replay.com : Le bilan de cette Coupe est moins pire que celui de l’an passé, puisque la France n’avait pas terminé l’épreuve, mais encore une fois, vous avez souffert à Aix…
PHILIPPE GUERDAT : C’est vrai que j’ai souvent été malchanceux ici avec mes équipes, mais j’adore ce concours et cette Coupe disputée chaque année devant des tribunes pleines. C’était une belle épreuve, passionnante et palpitante… Maintenant, il est vrai que nous avons vécu une soirée difficile, mais il faut rappeler que certains chevaux n’étaient jamais venus ici (Ilex VP, Quel Filou 13 et Eros, ndlr), tout comme certains cavaliers (Olivier Robert et Mathieu Billot, ndlr). L’idée était de mettre sérieusement à l’épreuve certains couples pressentis pour les Jeux équestres mondiaux de Tryon. Un cheval (Eros, auteur de huit et douze points avec Olivier Robert, ndlr) nous a déçus. S’il avait été dans son état de forme habituel, nous n’aurions pas fini septièmes. Nous aurions pu terminer troisièmes, ce qui aurait été une très belle performance. C’est dur parce que c’est mon meilleur couple en Coupes des nations depuis plus d’un an… Mais bon, il y a aussi eu de bonnes choses. Je retiendrai surtout que nous avons réussi la troisième meilleure seconde manche de la soirée (derrière l’Allemagne et l’Irlande, ndlr).
 
GPR. : Les fautes concédées par Nicolas Delmotte et Ilex VP ne sont-elles pas de nature à vous agacer ?
P.G. : Si, un peu, forcément, mais je pense que Nicolas peut rectifier le tir. Il ne lui manque plus grand-chose. En première manche, il s’est retrouvé un peu beau à l’abord du triple. En seconde manche, j’avais prévenu mes cavaliers que la rivière viendrait plus vite après les barres de Spa – elle a d’ailleurs causé bien plus de fautes. Et Nicolas s’est retrouvé trop près, d’où cette faute… Ce sont des choses qui se travaillent. En tout cas, j’ai confiance en ce couple.
 
GPR. : De son côté, Mathieu Billot a pu corriger ses fautes en seconde manche, où il n’a concédé qu’un point de temps avec Quel Filou 13…
P.G. : Lui aussi s’est retrouvé trop beau à l’entrée du triple. Après, il ne faut pas oublier que Mathieu ne monte ce cheval que depuis deux mois. Du reste, nous n’avions pas forcément prévu de lancer ce couple aussi vite au plus haut niveau, mais comme le cheval montre beaucoup de qualités, nous avons décidé de le faire, et il a effectivement montré de bonnes choses ici. Je suis content de lui. D’une manière générale, Mathieu est un formidable cavalier d’équipe.
 


« Plus de questions en tête que de certitudes… »


GPR. : Kevin Staut aussi a effacé sa faute de la première manche pour offrir à votre équipe son seul sans-faute de l’épreuve avec Silver II de Virton*HDC…
P.G. : Kevin répond toujours présent quand l’équipe de France a besoin de lui, nous le savons bien. Il a peut-être été un peu chanceux en première manche, mais il a effectivement arraché un bon sans-faute en seconde manche, ce qui nous a bien relancés.
 
GPR. : Que vous inspire la victoire de l’Allemagne avec Marcus Ehning et trois cavaliers de moins de trente ans : Simone Blum, Laura Klaphake et Maurice Tebbel ?
P.G. : C’est une belle victoire, méritée pour cette équipe. Maurice est un crack cavalier, et Simone et Laura montent deux juments extraterrestres (DSP Alice et Catch Me If You Can, ndlr). Sans oublier que le fait d’évoluer à la maison avec ce public les aide beaucoup. Pour le reste, l’épreuve de ce soir ne ressemble pas vraiment à celles qui nous auront à affronter à Tryon. Et l’Allemagne vit une saison difficile en Division 1 Européenne (du circuit FEI Longines des Coupes des nations, ndlr). Elle terminera sûrement assez loin derrière nous (elle compte actuellement 32,5 points de plus que la France, mais en ayant disputé les cinq étapes où elle pouvait marquer des points, tandis qu’il en reste une aux Bleus, le 12 août à Dublin, ndlr). Quoi qu’il en soit, moi aussi je donne leur chance à de jeunes cavaliers ou couples. Et je le ferai encore à Dublin.
 
GPR. : C’est donc après cette dernière Coupe des nations que vous arrêterez votre sélection pour les Jeux équestres mondiaux de Tryon. Où en êtes-vous dans vos réflexions ?
P.G. : La route pour Tryon est encore longue et, à l’heure actuelle, j’ai toujours plus de questions en tête que de certitudes… Je n’avais évidemment pas prévu de perdre Patrice Delaveau et Aquila*HDC (qui s’est blessé fin juin au CSIO 5* de Rotterdam, ndlr)... mon meilleur couple.
Effectivement, je ferai mes derniers essais à Dublin. En principe, là-bas, l’équipe devrait se composer d’Alexandra Paillot (avec Tonio la Goutelle, en lequel Philippe Guerdat croit beaucoup, ndlr), Alexandra Francart (avec Volnay du Boisdeville), Alexis Deroubaix (avec Timon d’Aure), Kevin Staut (avec For Joy van’t Zorgvliet*HDC) et Roger-Yves Bost, à condition que Sangria du Coty retrouve son meilleur état de forme. Après cette Coupe, je vivrai un mauvais lundi et je me déciderai le mardi. Pour cela, je devrai amalgamer tout ce que j’ai vu, tout ce que je sais de chaque couple et du comportement de chaque cavalier dans le cadre de l’équipe de France. Tout cela a de l’importance dans les grands rendez-vous. Là, je suis encore dans une phase de recherche. En tout cas, c’est bien loin Rio…