“Pour Tryon, mon premier choix est All In”, Peder Fredricson

Depuis deux ans, rien ne résiste à Peder Fredricson. Médaillé de bronze aux Jeux olympiques de Rio de Janeiro en 2016 et d’or aux Européens de Göteborg l’an passé, deux breloques décrochées grâce au fabuleux H&M All In, le Suédois est ce mois-ci deuxième du classement mondial. Une première pour lui, qui vient couronner plusieurs mois de rayonnement international. Casquette vissée sur la tête, sous le soleil plombant du Longines Paris Eiffel Jumping, Peder Fredricson a répondu à nos questions. Son classement mondial, ses chevaux, la Global Champions League, son image en Suède, le pilote s’est confié à GRANDPRIX-Replay.com. 



À Paris, Peder Fredricson a pris part à une étape de la Global Champions League pour la première fois, avec Hansson WL.

À Paris, Peder Fredricson a pris part à une étape de la Global Champions League pour la première fois, avec Hansson WL.

© Sportfot

GRANDPRIX-Replay.com : Vous êtes désormais numéro deux mondial, félicitations ! Qu’avez-vous ressenti à l’annonce de cette nouvelle ? La place de numéro un est-elle un objectif pour vous désormais ?  
Peder Fredricson : Merci ! C’est la première fois de ma carrière que je suis si bien classé, je n’ai encore jamais été numéro un mondial. Et il y a encore une sacrée marche à franchir pour y parvenir (Harrie Smolders devance le Suédois de 562 points, ndlr). Pour être honnête, je ne cours pas vraiment après les points du classement mondial. Évidemment, tout le monde rêve d’être numéro un, mais il faut néanmoins avoir un bon programme pour les chevaux, ce qui est encore plus important que le classement. Si on veut qu’ils puissent s’épanouir, être en forme et durer dans le temps, nous devons les gérer correctement. Et je crois qu’au final, cette gestion aide à grimper dans la hiérarchie mondiale. À mon avis, le plus important est de trouver un juste équilibre. 
 
GPR. : Vous avez récemment rejoint la Global Champions League (GCL) au sein de l’équipe des Prague Lions. Comment abordez-vous cette nouvelle expérience ? 
P.F. : Pour l’heure, je n’ai fait qu’une épreuvede la GCL (interview réalisée samedi après-midi, ndlr). C’est une nouvelle expérience pour moi, et c’est un peu pour cela que j’ai accepté de rejoindre le circuit. On m’avait déjà proposé d’y participer en début d’année, mais je n’avais pas suffisamment de chevaux pour y prendre part, donc j’avais décliné. Maintenant que j’ai quatre chevaux capables de courir des Grands Prix, je me sens à même d’apporter mon soutien à une équipe. Je fais cela dans l’optique de découvrir et d’essayer de nouvelles choses. On verra ce que cela donne ! 
 
GPR. : Les controverses que ce circuit a soulevé, avec notamment le système d’invitations favorable aux plus fortunés, ne vous ont-elles pas freiné ? 
P.F. : Bien entendu, j’y ai beaucoup réfléchi et j’en ai également discuté avec plusieurs personnes. Mais je souhaitais intégrer la Global Champions League, car je trouve toujours dangereux de se faire une opinion sur quelque chose sans l’avoir expérimenté. Je pense qu’il faut pouvoir observer les tenants et les aboutissants dans chacune des positions avant d’avoir un avis. 


“Je ne m’attendais pas à ce que Hansson évolue si rapidement !”

Après une convalescence de plusieurs mois, H&M All In, ici en photo à Knokke, a fait son retour à la compétition récemment.

Après une convalescence de plusieurs mois, H&M All In, ici en photo à Knokke, a fait son retour à la compétition récemment.

© Scoopdyga

GPR. : Hansson WL, un cheval que vous ne montez que depuis janvier, a une trajectoire assez fulgurante, et s’est notamment imposé dans le Grand Prix du Longines Global Champions Tour de Cannes en juin. Comment jugez-vous la progression de ce bai de dix ans (tout juste sécurisé pour le cavalier)
P.F. : C’est un cheval suédois que je voyais évoluer depuis plusieurs années avec un cavalier suédois. Il a toujours semblé très respectueux, mais quand il était plus jeune, il était difficile de dire s’il avait beaucoup de moyens. Je crois d’ailleurs que plus on a de l’expérience dans ce sport, plus on apprécie les chevaux aussi respectueux. J’ai eu l’opportunité de le monter, et honnêtement je ne m’attendais pas à ce que son évolution soit si rapide ! 
 
GPR. : Pensez-vous qu’il pourra devenir un cheval de championnat ? 
P.F. : C’est difficile à dire… Jusqu’ici, il a répondu présent à chaque fois. Mais je ne lui ai pas encore fait sauter les plus gros parcours, ou bien même une rivière. Il faudra donc encore un peu de temps avant de pouvoir être certain qu’il a l’étoffe d’un cheval de championnat. 
 
GPR. : De son côté, H&M Christian K a réalisé un superbe week-end à Rotterdam avec une deuxième place dans le Grand Prix et un double zéro dans la Coupe des nations Longines. Pensez-vous à lui pour les Jeux équestres mondiaux de Tryon, en septembre ? 
P.F. : Christian K un cheval extrêmement courageux, avec davantage d’expérience qu’Hannson. Il est en revanche un peu plus difficile à monter car il a énormément de force, donc je pense que pour lui la Chasse le premier jour pourrait être un peu difficile, car je n’ai pas complètement le contrôle. Du reste, il est tout de même vraiment puissant, respectueux et a un excellent mental. Pour Tryon, j’essaie de préparer All In, Christian K et Hansson, j’espère donc qu’au moins des trois sera prêt en septembre (rires) ! Avec les chevaux, on ne peut jamais rien prévoir, mais mon choix numéro un serait bien entendu All In. 


“Maintenant, si All In fait une faute, la télévision suédoise s’inquiète et m’appelle”

Catch Me Not S a rejoint les écuries du Suédois récemment, et l'entente est déjà parfaite avec deux victoires sur deux Grands Prix courus.

Catch Me Not S a rejoint les écuries du Suédois récemment, et l'entente est déjà parfaite avec deux victoires sur deux Grands Prix courus.

© Scoopdyga

GPR. : En parlant d’H&M All In, comment va-t-il depuis son retour à la compétition, qui a entériné quelques mois d’arrêt pour blessure ?  
P.F. : Il va bien ! Il a fait deux concours, un au Danemark sur des barres à 1,20m-1,30m, puis au CSI 3* de Knokke, sur 1,40m. Il ira à Falsterbo ce week-end, puis devrait concourir une semaine sur deux afin d’avoir une bonne condition. Si tout va bien, il pourrait être en bonne forme pour les Jeux équestres Mondiaux. Cette année nous avons de la chance, le championnat est en septembre, ce qui est relativement tard par rapport aux autres années. Cela nous donne un mois supplémentaire pour nous préparer, et All In est actuellement en très bonne forme. Il a seulement besoin de quelques concours pour se remettre dans le coup. Si je n’ai pas de contretemps, il devrait être prêt ! 
 
GPR. : Fin juin au CSI 3* de Knokke, vous vous êtes imposé dans le Grand Prix avec Catch Me Not S, un hongre de douze ans que vous présentiez pour la première fois en compétition internationale. Pouvez-vous nous en dire plus sur cette nouvelle recrue ? 
P.F. : C’est une histoire amusante ! C’est un cheval qui concourait avec une de mes voisines, Ebba Berglöf, sur des épreuves jusqu’à 1,50m. Elle l’a formé depuis le début avec beaucoup de patience. Nous avons parlé du cheval, puis je l’ai essayé. Il a une technique un peu particulière, et n’a pas l’air très bon au premier abord. Il saute très haut, et plie assez peu ses membres. Avec le temps, il s’améliore et arrive à mieux utiliser son corps. Malgré cela, il a tout de même de bons résultats, j’ai fait deux Grands Prix avec lui et il a remporté les deux ! 
 
GPR. : Que pensez-vous de l’arrivée de nouveaux cavaliers suédois sur la scène internationale à l’instar d’Irma Karlsson, Stephanie Holmén, ou encore Evelina Tovek ? 
P.F. : Nous avons de jeunes cavaliers très talentueux, particulièrement des filles d’ailleurs. Je trouve qu’ils sont très travailleurs, il ne leur reste donc plus qu’à avoir suffisamment de chance pour rencontrer les bonnes personnes au bon moment. Ils doivent maintenant développer la meilleure des stratégies pour pouvoir bénéficier du soutien de propriétaires.
 
GPR. : En début d’année, vous avez été récompensé par le Jerringpriset, un prix qui récompense le meilleur sportif suédois de l’année. Avez-vous le sentiment que votre image a changé ces deux dernières années dans votre pays ? 
P.F. : Oui absolument, mais je n’ai rien changé personnellement. En revanche, on me reconnait dans la rue, je donne beaucoup plus d’interviews qu’avant, les gens suivent avec attention les résultats d’All In… S’il lui arrive de faire une faute, la télévision suédoise m’appelle pour savoir ce qu’il s’est passé. Il y a trois ans, personne ne m’appelait (rires) ! Ce qui a également changé sur le plan international, c’est évidemment mon classement mondial qui me permet d’avoir accès à tous les meilleurs concours. Ce n’était pas le cas avant, je ne savais jamais à l’avance où je pourrais aller et j’étais régulièrement sur les listes d’attente. Maintenant, je peux faire des programmes en amont.