Equador van’t Roosakker, un nouvel espoir pour Kevin Staut en vue des JEM?
Début mai, Equador van’t Roosakker a rejoint les écuries du numéro un français Kevin Staut. Disposant de vraies qualités et d’une solide expérience du haut niveau, ce hongre de quatorze ans qui faisait jusqu’alors les belles heures de Frédéric David arrive à point nommé pour le Normand, qui traverse une période moins faste qu’à l’accoutumée en termes de résultats. Quels sont les objectifs de ce nouveau couple, qui dispute demain après-midi la Coupe des nations du CSIO 5* de Rome ? GRANDPRIX retrace la trajectoire du fis de Nabab de Rêve.
Né en 2004 chez Marc Kluskens à Saint-Gilles-Waes, tout près d’Anvers en Belgique, Equador van’t Roosakker était pour le moins prédestiné à réussir une belle carrière en saut d’obstacles. Pour preuve, il est issu du croisement entre Nabab de Rêve (BWP, Quidam de Revel x Artichaut), l’un des plus grands reproducteurs européens, et Usha van’t Roosakker, valorisée jusqu’à 1,50m par le marchand belge Gilbert de Roock et le Brésilien Marlon Módolo Zanotelli. Usha est également la mère de l’étalon Emporio van’t Roosakker, ayant évolué jusqu’en CSIO 5*, et de Babbe van’t Roosakker, ancienne jument de Grands Prix de Michel Hécart et elle-même mère de l’étalon Erco van’t Roosakker et de Geena, Giorgio van’t Hagenhof et Duhlan de la Roque. Et Usha est surtout la mère de la géniale Cella, qui a brillé jusqu’en 2015 sous la selle du Britannique Ben Maher, décrochant notamment l’or par équipes et l’argent en individuel aux championnats d’Europe de Herning en 2013. Equador présente donc un superbe pedigree franco-belge, puisque son père est un BWP aux origines 100% SF et sa mère, une fille de Chin Chin et d’une mère par Major de la Cour.
Equador aurait difficilement pu débuter sa carrière dans de meilleures conditions, puisqu’il fait ses gammes dès cinq ans avec Kurt de Clerq, un cavalier belge hautement reconnu pour ses qualités de formateur. Ainsi, il a également initié au sport les incontournables Flora de Mariposa, championne olympiques et vice-championne du monde par équipes avec Pénélope Leprevost, Vagabond de la Pomme, deuxième de la finale de la Coupe du monde également avec Pénélope Leprevost, Gazelle (Ter Elzen), l’exceptionnelle jument de Grands Prix de l’Américain Kent Farrington, le tout bon étalon Querlybet Hero, valorisé par Philippe Le Jeune, Sapphire (ex-Safari van’t Merelsnest), l’inoubliable crack de l’Américain McLain Ward, Glock’s London (ex-Carembar de Muze), multi médaillé avec le Néerlandais Gerco Schröder, Vigo d’Arsouilles, sacré champion du monde avec le même Philippe Le Jeune en 2010 à Lexington, ou encore Walnut de Muze, la première grande jument du Néerlandais Harrie Smolders, actuel numéro un mondial! Troisième du championnat belge des cinq ans, Equador passe sous la selle de Filip Lacus, qui poursuit sa formation durant deux ans.
Après quelques parcours avec le Haïtien Farid Ladjouan, actuel collaborateur des écuries Stephex, l’alezan est acquis fin 2012 par la cheikha Alyazia bint Sultan Al-Nahyane. Il rejoint alors le piquet de Frédéric David, cavalier attitré de la princesse émiratie, membre de la famille régnante de l’émirat d’Abou Dabi. Vainqueur de la Coupe des nations du CSIO 3* d’Odense en 2013, du Grand Prix CSI 3* de Sharjah en 2013 ainsi que de la Coupe des nations du CSIO 5* d’Al-Aïn en 2016 et 2017, concours dont il a aussi terminé deux fois deuxième du Grand Prix, mais aussi classé dans une multitude d’épreuves majeures jusqu’à 1,60m, le couple s’est encore illustré cet hiver, obtenant trois bons classements sur quatre Grands Prix courus au Moyen-Orient.
“Avec Equador, les choses peuvent aller très vite”, Kevin Staut
Éloigné des terrains de concours depuis février, Equador van’t Roosakker réapparaît en compétition début mai, non pas sous la selle de Frédéric David, mais sous celle de Kevin Staut. Le couple s’est formé par l’intermédiaire du Suisse Grégoire Oberson, agent commercial pour la cheikha. “La propriétaire ne conserve que des étalons et des juments, donc elle voulait initialement céder le cheval. Mais comme il a déjà quatorze ans, un âge où il est difficile de bien vendre les chevaux, sa valeur commerciale n’était pas suffisamment intéressante. Sa propriétaire l’aime beaucoup, et nous avons convenu qu’il serait bien qu’Equador puisse terminer sa carrière dans de belles épreuves, et pourquoi pas qu’il participe à un grand championnat”, explique Grégoire Oberson. La décision d’associer le puissant et régulier hongre à Kevin Staut fait alors rapidement son chemin. “J’ai suggéré que le cheval soit confié à Kevin, un cavalier que je connais bien, et qui, grâce à son classement mondial, a accès à toutes les plus belles compétitions”, explique-t-il. “Frédéric David disputait déjà de belles compétitions au Moyen-Orient avec lui, mais il n’a pas accès à autant de beaux concours en Europe, même s’il a monté quelques belles Coupes des nations et Grands Prix. Être chez Kevin lui permettra de conclure sa carrière à un niveau encore supérieur”.Sans vouloir tirer de plans sur la comète, Grégoire Oberson évoque l’éventualité que l’alezan et le Normand poursuivent leur route jusqu’aux Jeux équestres mondiaux de Tryon, aux États-Unis, en cas de belles démonstrations d’ici là. Dans le cas contraire, l’objectif pour le cheval serait d’“effectuer de belles performances”. Après avoir bouclé deux bons tours de travail avec Equador lors du CSI 2* de GRANDPRIX CLASSIC Spring Break, les 11 et 12 mai à Fontainebleau, Kevin Staut avait répondu aux questions de GRANDPRIX-replay.com. Au sujet de son plan de bataille pour les JEM, le Normand avait confié qu’“avec Equador, les choses peuvent aller très vite”.
En pleine “période de transition”, le champion olympique et vice-champion du monde par équipes en titre compte évidemment préparer For Joy van’t Zorgvliet*HDC pour la Caroline du Nord. D’ailleurs, le fils de For Pleasure revient tout juste à haut niveau. Après de bons parcours de travail en CSI 1* à Fontainebleau, le crack d’Armand et Emmanuèle Perron-Pette a montré une belle fraîcheur ce matin à Rome dans une épreuve à 1,45m. De son côté, Silver Deux de Virton*HDC n’est quant à lui “pas encore assez régulier” pour prétendre à une telle sélection, selon les propos de son cavalier. Les JEM étant programmés en septembre, Kevin et Philippe Guerdat, le sélectionneur de l’équipe de France, ont donc encore du temps devant eux pour choisir le meilleur cheval, si tant est que le numéro un français soit finalement bien du voyage.
À noter que c’est également par le biais de Grégoire Oberson que Kevin Staut a intégré à son piquet de chevaux Lorenzo, un fils de Landos âgé de dix ans. Avec la Finlandaise Anna-Julia Kontio, le bai avait déjà passé le cap des Grands Prix CSI 5* l’hiver dernier. Il devrait suivre Kevin Staut début juin dans le Sud de la France, à l’occasion des étapes du Longines Global Champions Tour de Saint-Tropez et Cannes.
L'interview de Kevin Staut en intégralité ici