''For Joy est un cheval que je pourrais emmener à Tryon'', Kevin Staut

Initialement engagé au CSI 5* de Windsor, en Grande-Bretagne, Kevin Staut a finalement participé à GRANDPRIX Classic Spring Break, l’événement printanier organisé par les équipes de GRANDPRIX, qui s’est achevé hier au stade équestre du Grand Parquet de Fontainebleau. Engagé avec sept montures dans les CSI 2* Cheval Liberté, 1* et Jeunes Chevaux, le Normand n’a pas eu à regretter son choix, qui lui a notamment permis de faire plus ample connaissance avec Equador van’t Roosakker, son nouveau cheval de Grands Prix, de donner de l’expérience à la jeune Fleurbelle N et de remettre dans le bain un certain For Joy van’t Zorgvliet*HDC, sur lequel il compte en vue des Jeux équestres mondiaux de Tryon. Avant de rentrer à Deauville, le numéro un français a livré ses impressions à GRANDPRIX.



Même si leur parcours a été sanctionné de quatre points, Kevin Staut est satisfait de la performance de Fleurbelle N dans le Grand Prix à 1,45m du CSI 2* Cavalassur.

Même si leur parcours a été sanctionné de quatre points, Kevin Staut est satisfait de la performance de Fleurbelle N dans le Grand Prix à 1,45m du CSI 2* Cavalassur.

© PSV Morel

GRANDPRIX-Replay.com : Pourquoi êtes-vous venu à GRANDPRIX Classic Spring Break cette année ?
Kevin Staut : Je devais initialement concourir à Windsor, mais j’ai pris la décision de venir à Fontainebleau après une discussion avec Philippe Guerdat (sélectionneur de l’équipe de France, ndlr). J’ai amené sept chevaux, dont deux de sept ans, Bahia de Mars (Kannan x Dollar dela Pierre) et Touchant van T & L (Z, Toulon x Nabab de Rêve), afin de leur donner un peu d’expérience. Cédric Longis (chef de piste de ce second week-end, ndlr) a vraiment construit de très bons parcours, je n’ai pas été déçu une seule fois. Il crée des enchaînements techniques très formateurs pour les chevaux, qui ne se retrouvent pas là juste pour sauter de gros obstacles. C’est vraiment ce que je désirais. J’ai donc «sacrifié» le résultat sportif pur pour me concentrer sur l’aspect technique, sans demander de trop gros efforts à mes chevaux.
 
GPR. : Quels étaient vos objectifs avec vos différents chevaux ? Les avez-vous atteints ?
K.S. : Je devais d’abord essayer les deux nouveaux chevaux qui m’ont été confiés : Lorenzo (Holst, Landos x Limbus), dix ans, et Equador van’t Roosakker (BWP, Nabab de Rêve x Chin Chin), quatorze ans, qui a beaucoup d’expérience, y compris en CSI 5*. Jusqu’alors, Equador n’avait quasiment connu qu’un seule cavalier, Frédéric David. Comme il a très bien répondu à ce que j’attendais de lui ici, je pense que je pourrai rapidement l’engager au plus haut niveau. Donc je suis ravi! Effectuer des parcours de travail avec mes plus jeunes chevaux figurait aussi parmi mes objectifs, et j’ai pu le réaliser, donc je suis satisfait.
 
GPR. : Vous venez de concéder quatre points dans le Grand Prix à 1,45 m du CSI 2* Cheval Liberté avec Fleurbelle N (KWPN, Heartbreaker x Cavalier). Quelles ont été vos impressions en piste ?
K.S. : Fleurbelle n’a que huit ans, et elle a un coup de saut remarquable. Je l’ai amenée ici pour lui donner de l’expérience. Notre faute sur le vertical numéro dix est vraiment une erreur de jeunesse. Le parcours a été très bien conçu, Cédric a très bien utilisé la déclivité de la piste pour que chaque obstacle requiert un saut technique. Il fallait être attentif à chaque instant, mais je suis très content de la performance de Fleurbelle.


“Avec Equador, les choses peuvent aller très vite”

Les premiers parcours de Kevin avec Equador van’t Roosakker se sont avérés très positifs ce week-end dans le CSI 2* Cavalassur.

Les premiers parcours de Kevin avec Equador van’t Roosakker se sont avérés très positifs ce week-end dans le CSI 2* Cavalassur.

© PSV Morel

GPR. : Ici, vous avez également remis en route votre crack For Joy van’t Zorgvliet*HDC (BWP, For Pleasure x Heartbreaker) dans des épreuves du CSI 1*. Quel bilan tirez-vous de ce week-end de reprise ? Espérez-vous pouvoir le relancer bientôt au plus haut niveau ?
K.S. : Je l’ai amené ici car c’est un cheval que nous avons du mal à faire sauter à la maison. For Joy est assez fragile car très fin et très dans le sang. Il est très énergique et s’emploie toujours intensément. Venir à Fontainebleau lui a permis d’entamer une reprise progressive. Je suis content de son week-end. S’il revient à son meilleur niveau, c’est évidemment un cheval que je pourrais emmener aux Jeux équestres mondiaux de Tryon pourvu que je sois sélectionné.
 
GPR. : Quel est votre plan de bataille pour cette grande échéance ?
K.S. : Les JEM sont à la fois très proches et très lointains. For Joy reprend tout juste la compétition, donc il faut voir. Silver Deux de Virton*HDC (Kashmir van’t Schuttershof x Heartbreaker) n’est pas encore assez régulier. Avec Equador, les choses peuvent aller très vite. Quant à Rêveur de Hurtebise*HDC (sBs, Kashmir van’t Schuttershof x Capricieux de Six Censes), il ne courra plus après d’aussi gros enjeux. À son sujet, il y a d’ailleurs eu une incompréhension consécutive au communiqué de presse paru après la Chasse de la finale de la Coupe du monde Longines de Paris. Il n’est pas encore à la retraite !
Dans une semaine, je participerai au CSIO 5* de La Baule avec Vendôme d’Anchat*HDC (Diamant de Semilly x Allegreto) et JK Click n’Chic (SWB, Click and Cash x Cagliostro), des chevaux qui n’entrent pas en ligne de compte pour Tryon, mais qui s’inscrivent plutôt dans mon activité de valorisation et de commercialisation.


“Je dois assez vite restructurer mon travail”

GPR. : Vous serez bien présent à la Baule, mais vous n’y disputerez pas la Coupe des nations, ce qui n’était plus arrivé depuis 2012. Comprenez-vous ce choix de Philippe Guerdat ?
K.S. : Ayant mal sauté la semaine passée au CSI 5* de Madrid avec Silver (le couple a écopé de seize puis vingt points dans deux épreuves majeures, ndlr), je comprends très bien cette décision. Je suis forcément déçu de ne pas monter cette Coupe, parce que je suis réellement passionné et que je me bats pour la France avec tout mon cœur. Cependant, on vit tous des cycles, c’est la loi du sport! Actuellement, je traverse une période de transition, je dois assez vite restructurer mon travail.
L’équitation est un sport qui évolue très vite. À ce titre, la France a besoin d’adapter son système, en s’inspirant peut-être de la Belgique, des Pays-Bas ou encore de l’Allemagne, et d’articuler toute la filière de manière harmonieuse pour rester compétitive.
En ce qui me concerne, je me concentre sur le sport et la valorisation des chevaux qui me sont confiés à cet effet. Pour l’avenir, je mise aussi sur l’élevage du haras des Coudrettes. Armand et Emmanuèle Perron-Pette font maintenant naître une dizaine de poulains par an, ce qui représente un beau réservoir de chevaux. Les emmener au plus haut niveau fait donc aussi partie de mes objectifs à plus long terme.
 
GPR. : Qu’avez-vous pensé de l’organisation de GRANDPRIX Classic ?
K.S. : Vraiment, c’est très bien. J’aime beaucoup Fontainebleau, les infrastructures sont top. Et je tiens à souligner encore une fois le travail du chef de piste, qui a créé de très beaux parcours. Il a si bien joué avec les couleurs, les surprises du terrain, ses dévers... Toutes les épreuves ont été intéressantes à monter, je suis très content d’être venu!