L’élevage hispano-émirien SW triomphe au Mondial des chevaux de huit ans à Arborea

L’affixe SW, labellisant les chevaux nés en Catalogne pour le compte de l’Espagnol Jaume Puntí Dachs et du cheik émirien Mohamed al-Maktoum, a largement dominé le championnat du monde d’endurance des chevaux de huit ans, dimanche à Arborea, en Sardaigne. Ainsi, l’Anglo-Arabe SW Jhimerifa a été sacrée sous la selle de l’Émirien Rachid Saïd Hamad al-Ketbi, et l’étalon CDE SW Joystick s’est classé troisième avec la Française Kenza Bettenfeld. Deuxième avec le Bahreïnien Mayouf Abdoulaziz al-Romaihi, Guerwan du Barthas a assuré la présence de l’élevage français sur le podium de cette épreuve de 120km.



Les Émirats arabes unis (ÉAU) demeurent et entendent visiblement rester une grande puissance sur l’échiquier mondial de l’endurance équestre. Guère en verve aux Mondiaux Seniors de Monpazier le mois dernier, où la France et Bahreïn avaient raflé les deux médailles d’or en jeu et où les Émiriens avaient dû se contenter de l’argent individuel de Saïd Ahmad Jaber Abdoullah al-Harbi avec l’extraterrestre Castlebar Cadabra, ils se sont rattrapés dimanche à Arborea, en Sardaigne, à l’occasion du championnat du monde des chevaux de huit ans. Depuis 2021, cette compétition a succédé à l’ancien Mondial des sept ans, qui constituait le sommet international des éleveurs de chevaux d’endurance et que Compiègne avait accueilli sans discontinuer de 2006 à 2011. De 2009 à 2012, des championnats de deux classes d’âge se déroulaient conjointement, sur 120km pour les candidats de sept ans et sur 160km pour leurs aînés. Désormais, afin de ne plus trop mettre à l’épreuve des chevaux jeunes et parfois encore inexpérimentés, la Fédération équestre internationale invite donc les femelles, hongres et mâles de huit ans à se jauger sur une épreuve de 120km... dont la vitesse moyenne a toutefois tendance à augmenter d’année en année.

À cet âge, la gestion et l’entraînement des équidés influent sûrement bien davantage sur les résultats d’une compétition que sur celle d’une finale nationale des six ans, telle que celle qu’organise la Société hippique française dans quelques jours à Lignières, dans le Cher. Dans quelle mesure les performances accomplies à Arborea ont-elles valeur de référence pour les éleveurs, notamment les Français, qui dominent cette filière, relativement modeste en nombre de naissances, mais de plus en plus professionnalisée? La question mériterait d’être débattue, mais s’agissant de l’édition 2024 de ce rendez-vous planétaire, c’est bien l’élevage SW, espagnol d’un point de vue géographique et émirien en termes financiers, qui s’est taillé la part du lion. Jugez plutôt: huit des soixante-dix-huit partants portaient cet affixe associé au Catalan Jaume Puntí Dachs, totem de l’endurance espagnole et partenaire d’affaires du cheik Mohamed ben Rachid al-Maktoum, émir du Dubaï, vice-président et Premier ministre des ÉAU, et grand argentier attitré de la discipline, dont il fut couronné champion du monde Seniors en 2012 à Euston Park.

Mieux encore, dix-neuf équidés au départ de ces Mondiaux, disputés deux jours après les Européens Juniors et Jeunes Cavaliers, appartiennent à “Cheik Mo”, dont quatre à l’écurie MRM et quinze à l’écurie M7, qui s’est choisie pour camp de base le Mas de Belle, ancienne propriété du champion français Philippe Tomas, sise à Lisle-sur-Tarn, dans le Tarn. Sans oublier les trois courant pour le compte de l’écurie F3 du cheik Hamdane al-Maktoum, digne héritier du patriarche et lui-même sacré champion du monde en 2014 à Sartilly, dans le cadre des Jeux équestres mondiaux de Normandie. Ces vingt-deux chevaux ont concouru, comme souvent en endurance, pour de nombreux drapeaux différents, dont la France, nation la plus riche au monde en excellents cavaliers et femmes et hommes de l’art.

SW Jhimerifa, sacrée sous la selle de l’Émirien Rachid Saïd Hamad al-Ketbi, et SW Joystick, troisième avec la Française Kenza Bettenfeld.

SW Jhimerifa, sacrée sous la selle de l’Émirien Rachid Saïd Hamad al-Ketbi, et SW Joystick, troisième avec la Française Kenza Bettenfeld.

© Oreste Testa/Sportendurance/FEI



Neuf des dix premiers ont des ascendants français

Guerwan du Barthas, Pur-sang Arabe né en France, a été médaillé d'argent avec le Bahreïnien Mayouf Abdoulaziz al-Romaihi.

Guerwan du Barthas, Pur-sang Arabe né en France, a été médaillé d'argent avec le Bahreïnien Mayouf Abdoulaziz al-Romaihi.

© Oreste Testa/Sportendurance/FEI

Dimanche à 7h, soixante-dix-huit couples ont pris le départ de l’épreuve depuis un très beau complexe hôtelier pour 120km de raid à travers les marais, les dunes et les plages. Dès la première boucle, Rachid Saïd Hamad al-Ketbi a dévoilé ses intentions de victoire avec SW Jhimerifa, une jument Anglo-Arabe par Calif El Masan (PsA) et l’AQPS Lady Chimera. Quatrième à l’issue de la deuxième étape, l’Émirien a vite repris la tête pour la conserver jusqu’à la ligne d’arrivée finale. Outre une vitesse moyenne de 24,56 km/h, Jhimerifa, qui disputait sa troisième CEI 2* de l’année, a surtout bouclé la dernière étape à l’allure stratosphérique de 29,07 km/h! Autre chiffre impressionnant pour ce couple, le temps de passage au premier contrôle vétérinaire: 59’’, soit juste le temps de desseller la championne! Cette dernière a également remporté le prix de la meilleure condition. Le succès des SW ne s’arrête pas lui, puisque SW Joystick (CDE, Ulm de Domenjoi, PsA), SW Jippyzac (CDE, Zippy Al Maury, PsA x Aziz El Maklouf, PsA) et SW Jiska (Ulm de Domenjoi) se sont classés trois, cinq et septième avec la Française Kenza Bettenfeld et les Émiriens Salem Hamad Saïd Malhouf al-Kitbi et Saïf Juma Mohamed Khamis Beljafla. L’élevage espagnol peut aussi s’enorgueillir de la sixième place de Puliol dels Aiguamolls, un hongre né en Catalogne et monté par l’Uruguayen Kristofer Borges.

Battue, la France demeure néanmoins très présente avec elle aussi cinq représentants dans le top dix: Guerwan du Barthas (PsA, Simba du Barthas x Tango d’Ayres), médaillé d’argent avec le Bahreïnien Mayouf Abdoulaziz al-Romaihi, mais aussi Gethro du Vallois (AA, Nabath, PsA x Aziz El Maklouf), quatrième avec Manon Capitaine, ainsi que Sallaz Golly Gosh (PsA, Born Free of Sallaz x Djamel), née dans l’Orne, au beau milieu des haras des Trotteurs et de Pur-sang, Gaz J’m de Jalima (PsA, Djevar des Graves x Ismaël d’Aubanel) et Malala Font Noire (PsA, Lakshmi Font Noire x Soliman Cabirat), huit, neuf et dixième avec Mélody Théolissat, le Britannique Imran Iqbal et la jeune Française Svéa Coulon. Par ailleurs, on notera que le père de Jhimerifa, Calif El Masan, est né en France et qu’au moins neuf des dix premiers ont des ascendants hexagonaux dans leur pedigree. L’honneur est sauf!

En termes de cavaliers, le triomphe émirien aurait pu être total sans les éliminations finales de Rachid Mohamed Atiq Khamis al-Mehaïri et Abdoullah Ghanim Mohammad al-Marri avec Goran au Xois (AA, Fakir de Domenjoi, PsA x Saint des Saints, Ps) et Gentleman du Mas (PsA, Ada’am Al Shaqab x Shamilah Vassili). Enfin, pour la première fois, la FEI a institué un classement par équipes, plutôt baroque s’agissant d’un championnat de jeunes chevaux. Sans surprise, les Émirats arabes unis ont gagné l’or. Un temps deuxième, l’Arabie saoudite a cédé. Mélody Théolissat, Svéa Coulon et Julia Montagne, quinzième avec Alba de Fignols (PsA, Alltair de Fignols x Djelfor) ont obtenu l’argent, devant l’Italie, en bronze. Les trois Tricolores ont intelligemment géré leur vitesse, l’établissant autour de 20km/h. L’an prochain, ces Mondiaux se dérouleront… en France, à Jullianges, en Haute-Loire plus précisément, le 2 août. L’occasion d’une “revanche” pour les éleveurs tricolores?

Le classement individuel
Le classement par équipes