“Philippe Guerdat donne beaucoup leur chance aux jeunes”, Margaux Rocuet
Depuis ses deux médailles d’or obtenues aux championnats d’Europe Children d’Istanbul en 2006 aux rênes d’Hilarion d’Aguzon, Margaux Rocuet a fait un sacré chemin ! Sur une très belle dynamique en 2017, la Bretonne de vingt-quatre ans compte bien poursuivre sa progression et sera dès demain aux Pays-Bas pour prendre part au prestigieux CSI 5* de Bois-le-Duc. En pleine préparation de l’échéance, la jeune cavalière a accepté de répondre à nos questions, avec le naturel et la bonne humeur qui la caractérisent. Entretien.
Margaux Rocuet : À la base, je devais participer au Grand Indoor de Saint-Lô qui tombait bien dans mon programme mais qui a malheureusement été annulé. Ça a un peu chamboulé mes plans, j’ai dû emmener Trafalgar Kervec et Qualifying de Hus à Royan, en extérieur. C’était un petit peu dommage, car concourir à Saint-Lô aurait pu me permettre de rester dans la continuité des indoors. Mais les deux chevaux se sont assez bien comportés à Royan, ils n’ont pas sauté la deuxième semaine car j’ai préféré les travailler plus tranquillement, nous avons notamment fait une petite ligne de gymnastique avant de partir pour Bois-le-Duc.
GPR. : Comment abordez-vous une telle échéance ?
M.R. : C’est un peu inattendu, en début de saison je ne m’attendais pas à cela ! J’y vais avec beaucoup de lucidité, on fera ce qu’on peut et je n’ai aucune prétention. Je vais essayer de faire de mon mieux, et j’espère que si tout se passe bien, ça m’ouvrira les portes d’autres concours de ce calibre. Si je me qualifie, je pourrais courir le Grand Prix mais je pense qu’il y a de grandes chances que je ne le fasse pas. Si par miracle je suis sans faute dans une épreuve qualificative, j’aviserai, mais pour le moment ce n’est pas prévu (rires). Trafalgar et Qualifying feront l’épreuve à 1,45m du premier jour. En fonction de son état de forme, j’engagerai peut-être le premier dans la 1,55m du samedi, et le programme pour Qualifying dépendra de celui de Trafalgar.
GPR. : Après une saison réussie l’an passé, quels seront vos objectifs en 2018 ?
M.R. : J’aimerais poursuivre sur la même lancée qu’en 2017, qui a été une très bonne saison, ponctuée par de très belles performances. J’espère que Vahine de Bieville et Victoria Barcelona, qui ont pris neuf ans cette année, pourront épauler les plus vieux chevaux sur les concours de haut niveau. Je fonde beaucoup d’espoirs en Vahine qui devrait encore s’aguerrir. Le début de saison est toujours un peu compliqué pour elle, il lui arrive d’avoir du mal à rentrer dans le vif du sujet, mais je ne me fais pas de soucis, elle a montré de belles choses l’an passé au fil de la saison.
GPR. : Vous semblez apprécier particulièrement Trafalgar Kervec, pourquoi est-il si cher à vos yeux ?
M.R. : Trafalgar est arrivé aux écuries avec un statut de “chouchou”, il venait des écuries de Patrice (Delaveau, ndlr), et ça me faisait un bon cheval pour faire de belles épreuves. Tout de suite, la complicité s’est formée ! C’est un cheval extrêmement sensible, toujours à fleur de peau et très angoissé. Il voit des fantômes un peu partout (rires) ! J’ai rapidement essayé de passer du temps avec lui, car je me suis bien rendue compte qu’il n’y avait aucune autre manière pour que notre couple fonctionne. Au vu de sa fin de saison, je crois que je ne me suis pas trop trompée. Je commence à vraiment bien le connaître, et je crois que sa nature sensible fait sa qualité. Puis, il faut dire qu’il est très beau, et son œil bleu n’enlève rien à son charme !
“Edward Levy est un bel exemple”
GPR. Vous êtes passée par les écuries de Ludger Beerbaum, Luciana Diniz et Jos Lansink. Qu’avez-vous retenu de ces différentes expériences ?M.R. : En arrivant chez Ludger, je n’avais pas trop de notions concernant le travail sur le plat. Je dois dire que cette expérience m’a beaucoup appris à ce niveau-là. Chez Luciana, j’ai encore un peu plus découvert la relation qui lie les chevaux et les cavaliers, à laquelle elle apporte énormément d’importance. Enfin chez Jos Lansink, ça a été un mélange de ce que j’avais appris précédemment, avec notamment beaucoup de rigueur dans le travail sur le plat. Je trouve que sa manière de faire se rapproche beaucoup de l’équitation française. J’y ai aussi beaucoup fait évoluer Vahine, qui m’a accompagnée. C’est en étant au contact des champions que l’on apprend, et si c’était à refaire je signerais tout de suite !
GPR. : À ce jour, qui vous épaule au quotidien ?
M.R. : Pour l’heure, il n’y a que mon papa (Bruno Rocuet, ndlr) qui me fait travailler. Mais cet hiver, je me suis rendue compte que je devrais travailler avec d’autres cavaliers, et que le dressage était primordial au quotidien. Je pense axer davantage mon travail là-dessus, et pourquoi pas me faire aider par un dresseur de façon régulière. Le sport est si exigeant aujourd’hui, qu’on ne peut pas se satisfaire d’à peu près. Mes chevaux sont dressés bien sûr, mais parfois en parcours, je ne fais pas tout ce que je veux et je sens que ça me manque encore un peu.
GPR. : À Bois-le-Duc, vous serez la plus jeune représentante tricolore au milieu de cinq habitués que seront Kevin Staut, Roger-Yves Bost, Julien Epaillard, Simon Delestre et Patrice Delaveau. Que pensez-vous de la place des jeunes pousses tricolores au sein du haut niveau ?
M.R. : Je trouve que Philippe Guerdat donne beaucoup leur chance aux jeunes, on a pu le voir avec Edward Levy qui est un bel exemple. D’autres un peu moins jeunes ont également pu accéder au plus haut niveau, à l’image de Mathieu Billot qui a quand même été sélectionné pour les championnats d’Europe. Philippe essaye de faire la place aux cavaliers qui ne sont pas dans l’équipe première, et je trouve ça important. Tant que nous ne sommes pas confrontés au haut niveau, on ne peut pas savoir si nous sommes capables d’y participer. Je crois que nous sommes encore un peu en retard par rapport à certaines autres nations, mais ça évolue dans le bon sens.