“Sentimentalement, cela a été difficile”, Pénélope Leprevost
En ce début d’année, Pénélope Leprevost a amorcé un virage décisif dans sa carrière sportive. Le 9 février dernier, après sept années riches en succès et notamment marquées par une médaille d’or par équipes aux Jeux olympiques de Rio de Janeiro, le haras de Clarbec a annoncé la fin de sa collaboration avec la Normande. Sans ses meilleurs chevaux, l’amazone installée à Lécaude, dans le Calvados, a aussitôt pris la route de Vejer de la Frontera, en Espagne, où elle a monté de nombreuses nouvelles montures pendant trois semaines. Pour GRANDPRIX-Replay.com, Pénélope Leprevost a accepté, par écrit, de présenter ses nouveaux complices, mais aussi d’évoquer la fin du chapitre Clarbec.
Pénélope Leprevost : Vraiment très bien, c’est toujours un moment que j’adore. Je vais chaque année au Sunshine Tour, à Vejer de la Frontera. C’est un endroit magnifique, le concours est très bien organisé, les pistes sont excellentes. C’est vraiment pour moi le point de départ de la saison extérieure chaque année, toutes les conditions y sont réunies pour bien entrainer les chevaux et les remettre en route.
GPR. : Vous avez présenté Vancouver de Lanlore dans le Grand Prix CSI 4* dimanche. Quelles sont vos sensations sur ce fils de Toulon né chez Anne Dafflon dans les Hautes-Pyrénées, et aujourd’hui âgé de neuf ans ?
P.L. : Vancouver de Lanlore est arrivé dans mes écuries il y a peu de temps et je suis vraiment enchantée de ce qu’il me montre à chaque parcours. Il a terminé le concours sur une bonne note en se classant dans le Grand Prix du CSI 4* (l’amazone et le bai brun ont pris la onzième place de l’épreuve après une faute en première manche, ndlr). C’est un étalon né en France et qui avait fait sensation à l’époque aux ventes Nash à St Lô, avant de partir à l’étranger (il a été monté par le Suisse Romain Duguet entre 2015 et 2017, ndlr). Il a beaucoup de qualités et un super mental, c’est une belle surprise qu’il soit de retour en Normandie et je fonde beaucoup d’espoir en lui (retrouvez une vidéo du couple en fin d'article, ndlr).
GPR. : Vous étiez au Sunshine Tour avec de nombreux nouveaux chevaux sous votre selle. Pouvez-vous établir un premier bilan des évolutions et évoquer vos objectifs avec chacun d’eux ?
P.L. : J’y ai monté Big Star des Forêts, avec qui j’effectuais mon premier concours. Big Star a beaucoup de potentiel, mais il est vrai qu’elle est un peu délicate. Les sensations sont très bonnes, et le premier objectif est de réussir à former un couple avec elle.
Broadway de Mormoulin est un étalon par Kannan, qui est dans mes écuries depuis l’âge de cinq ans. Nous avions déjà réalisé de bons parcours en fin de saison dernière, et notre couple continue de se construire doucement. Lui aussi étalon, Banzai Semilly s’est joint à nous à la dernière minute, et je n’avais jamais sauté avec lui avant nos parcours en Espagne ! Il n’avait même pas encore de passeport donc il n’a pas pu sauter la première semaine.
J’y ai également monté mes deux blondes de huit ans ; Etoile vd Wijnhoeve et Airelle Flamingo, avec qui j’ai fait connaissance doucement (retrouvez un parcours de la Normande et d'Airelle Flamingo en bas d'article, ndlr).
Excalibur de la Tour Vidal*GFE est resté aux écuries, tout comme Alkoumi de Solma, une jument de huit ans en laquelle je crois beaucoup, et d’autres jeunes chevaux de moins de sept ans. On attend prochainement l’arrivée d’un petit nouveau, très talentueux… Mais je garde la surprise pour le moment !
“Ma priorité reste le sport de haut niveau”
GPR. : Parmi vos chevaux, Excalibur de la Tour Vidal*GFE fait sensation à chacune de ses sorties. Pouvez-vous nous parler de ce cheval ?P.L. : Excalibur est un étalon hors du commun, avec beaucoup de potentiel pour l’avenir sans aucun doute. Il a sauté de très belle manière à Bordeaux, et nous a montré qu’il était au point pour débuter la saison. Comme nous ne sommes pas pressés, nous avons fait le choix de le laisser à la maison, et nous allons prendre le temps de continuer à le former doucement lors de son année de huit ans.
GPR. : Avec ce renouveau dans vos écuries, comment comptez-vous organiser votre saison extérieure 2018 ? Quels seront vos objectifs ?
P.L. : Depuis toujours, ce sont les chevaux qui ont créé mon programme et mes objectifs à venir, et ça ne changera pas cette année !
GPR. : Dans quelle mesure l’issue de votre collaboration avec le haras de Clarbec, annoncée début février, modifie le fonctionnement de votre écurie ? Le commerce va-t-il prendre une part plus grande dans vos activités ?
P.L. : Il n’y a aucun doute, ma priorité reste le sport de haut niveau, et c’est clairement une évidence. Mon activité commerciale découle naturellement de la formation de chevaux dans l’objectif du haut niveau. Ce qui me plait, c’est de passer du temps sur le plat, de choisir des épreuves adaptées, et de faire progresser les chevaux en douceur. La valorisation est une part de mon métier que j’adore depuis toujours ! C’est ce que j’ai fait notamment avec Sire de la Tour Vidal (Gaudi), Azur Garden’s Horses (HH Azur), Quelmec du Gery, Hija Van de Strokapelleken, et Jivaro van’t Hoogeinde, qui ont poursuivi leurs carrières après leur commercialisation.
“Il faut savoir serrer les dents et continuer à avancer”
GPR. : Sur les réseaux sociaux, vous avez publié un message émouvant après le départ des chevaux du haras de Clarbec de vos écuries. Comment vivez-vous cette page qui se tourne ?P.L. : Quand on vit avec des chevaux, on s’y attache, ils font partie de notre quotidien et c’est vrai que sentimentalement, cela a été difficile. Mais dans notre métier, sans doute comme dans la vie en général, il faut parfois savoir serrer les dents et continuer à avancer.
GPR. : Vagabond de la Pomme, Urano de Cartigny et Corrado du Moulin ont pris la direction des écuries de Nicolas Delmotte. Quel a été votre sentiment à la suite de cette annonce ?
P.L. : Je suis ravie que les chevaux aillent chez Nicolas Delmotte, et je trouve que c’est une excellente idée. J’espère très sincèrement que tout va se passer au mieux.
GPR. : Outre le sport de haut niveau, vous officiez également comme entraineur depuis quelques années. Comment se structure cette activité ?
P.L. : À dire vrai au départ, je n’ai pas vraiment cherché à développer une “partie coaching”. J’ai rencontré la famille Giraud grâce à l’ancienne jument de Flore, avec laquelle Eden a débuté à cheval, et nous nous sommes vite rapprochés. Flore a ses chevaux à Lécaude depuis plusieurs années maintenant, et c’est avant tout par une histoire d’amitié que ce coaching a débuté.