Violences sexuelles : le coup de gueule de la députée rapporteure de la commission d’enquête
Avant-hier, Sabrina Sebaihi, députée de la quatrième circonscription des Hauts-de-Seine, a poussé un coup de gueule dans un communiqué, reprochant le manque de volonté politique du Gouvernement quant aux suites de la commission d’enquête parlementaire consacrée aux défaillances de gouvernance et aux violences dans le sport, qui s’était tenue entre fin 2023 et début 2024 (dont GRANDPRIX avait rendu compte ici, ici et ici). “Il y a un an, je présentais le rapport de la commission d’enquête sur les défaillances au sein des fédérations sportives”, écrit la députée écologiste, qui avait été nommée rapporteure. “Ce rapport était le résultat de six mois de travail parlementaire, six mois durant lesquels nous avons auditionné – avec ma collègue présidente de la commission Béatrice Bellamy et les députés membres de la commission – 193 personnes, pendant cent trente heures d’audition. Victimes de violences, présidents de fédérations, journalistes, entraîneurs, ministres. Aucun parlementaire impliqué dans cette commission d’enquête n’en est ressorti indemne. Partout, les travaux de la commission ont levé un espoir pour celles et ceux qui ne veulent plus de ce système archaïque.”
“Force est de constater qu’un an plus tard, peu de choses ont bougé. La loi du 8 mars 2024 visant à renforcer la protection des mineurs dans le sport, portée par ma collègue Claudia Rouaux, est sûrement la seule avancée majeure dans ce domaine. Du côté de l’exécutif, les maigres efforts pour doter davantage la cellule Signal-Sports du ministère des Sports ne disent en rien des dossiers qui continuent à s’accumuler (d’autant que selon le projet de Loi de finances du Gouvernement de François Bayrou, le budget du ministère des Sports subirait une baisse drastique de 30% de ses crédits, ce qu’ont notamment dénoncé un grand nombre d’athlètes, dont Karim Laghouag et Olivier Perreau, ndlr). Plus de 1.500 signalements ont été déposés en 2024 (plus 30% en un an). Que deviennent-ils? Comment les victimes sont-elles accompagnées? Quelles exigences nouvelles à l’égard des fédérations, et de l’État lui-même, employeur des cadres techniques placés auprès des pratiquants? Où sont les réformes structurelles que nous demandions dans notre rapport pour protéger les pratiquants, soutenir les bénévoles, démocratiser les fédérations?”
“Peu de choses ont bougé et, pourtant, le sport français a besoin d’un bouleversement culturel, d’un choc démocratique. On nous a servi de grands discours, sans mesures, sans moyens. Tel est le sort réservé dans notre pays à la protection de l’enfance, à la lutte contre les violences sexistes et sexuelles, à la lutte contre l’homophobie et les discriminations. Un an est passé. La nouvelle ministre des Sports (Marie Barsacq, ndlr) aura-t-elle la volonté politique de mettre en œuvre les soixante recommandations du rapport de la commission d’enquête?”
Précisons toutefois qu’une proposition de loi rendant imprescriptibles les violences sexuelles commises sur des mineurs – mesure qui figurait dans le rapport de cette commission d’enquête – fait l’objet de débats cette semaine à l’Assemblée nationale. Porté par la députée Maud Brégeon, membre du groupe Ensemble pour la République, le texte ne fait toutefois pas l’unanimité, les moyens mis en œuvre pour la prévention, les services sociaux, scolaires et judiciaires étant jugés trop faibles.