Jean Morel : “Alexandre Ayache a subi une décision injuste”
Cet après-midi, alors qu’il était engagé au CDI-W de Madrid avec Jolene, Alexandre Ayache n’a pas pu prendre le départ du Grand Prix de l'événement. Un officiel FEI du concours espagnol aurait estimé avoir perçu de la bave rosée dans la bouche de la jument au cours de sa détente au paddock, ce qui a abouti à l’élimination du couple. Voici la réaction de Jean Morel, sélectionneur national de l’équipe de France, qui explique pourquoi l’encadrement de la Fédération française d’équitation a demandé au cavalier de porter réclamation, sans succès:
“L’officiel FEI du concours qui a vu de la bave rosée dans la bouche de Jolene a d’abord dit à Alexandre qu’il pourrait repartir, puis qu’il ne pourrait pas le faire. Comme personne n’a trouvé de sang, ce fut compliqué, et à la fin, dans le doute, les officiels ont décidé que la jument ne pouvait pas prendre le départ du Grand Prix. Hélas, il n’y avait pas de vétérinaire au paddock pour constater un éventuel problème. S’agissant d’une étape de la Coupe du monde, tout le programme est minuté, et l’heure de passage d’Alexandre est passée le temps que les officiels prennent leur décision…
Nous ne sommes pas d’accord avec le déroulement des choses: quand on dit qu’un cheval est blessé, il faut que ce soit constaté par un vétérinaire. Or, il n’y en avait pas, et personne n’a pu trouver de sang. Finalement, on nous a dit qu’en cas de suspicion de saignement, il est réglementaire d’empêcher le couple de prendre part à la compétition. Nous le comprenons, mais nous trouvons ce point de règlement trop dur. C’est pourquoi, avec le soutien de Sophie Dubourg (directrice technique nationale, ndlr), nous avons demandé à Alexandre de porter réclamation, ce qu’il ne voulait pas faire au départ, afin d’interpeler la FEI. Si l’on avait vraiment décelé du sang dans la bouche de Jolene, il aurait été tout à fait normal qu’elle ne puisse pas prendre le départ, mais ce n’est pas le cas. C’est injuste pour un cavalier qui a consenti un déplacement de mille trois cents kilomètres, d’autant que nous avions fait travailler sa jument la semaine passée à Nice et qu’elle était en grande forme. Nous aimerions que le règlement soit adapté de telle sorte qu’une décision arbitraire fondée sur une suspicion ne puisse pas empêcher un cavalier de participer à épreuve. Nous considérons qu’une telle suspicion doit être au moins étayée par un vétérinaire, un homme de l’art, avant d’aboutir à une élimination.
Cela dit, une telle situation n’est pas facile à gérer pour les officiels, sur lesquels pèse une vraie pression. Selon nous, cette situation démontre qu’il y a une lacune dans le règlement. Il faut trouver une solution pour que le bien-être animal soit absolument respecté, mais sans sanctionner un cavalier sur une simple suspicion. Sinon, il va falloir surveiller si les chevaux mangent du foin ou autre chose avant une épreuve, ce qui va devenir compliqué!”