Jean-François Pignon va retrouver la scène bordelaise
Le Jumping International de Bordeaux fera son grand retour du 2 au 5 février 2023 et fêtera cinquante ans de passion et d’émotions. Pour l’occasion de ce jubilée d’or, le célèbre dresseur Jean-François Pignon reviendra en Nouvelle Aquitaine pour présenter son nouveau spectacle. Jean-François Pignon et ses quatorze chevaux constitueront la première partie d’une soirée-spectacle. De retour de Patagonie, où il a encore approfondi son approche du cheval qu’il démontrera au début de sa prestation, l’artiste parlera de sa foi, de son amour envers les chevaux, de la sensibilité dont il use pour les convaincre et non les contraindre.
Vous avez agrandi votre troupe de spectacle à quatorze chevaux, comment faites-vous pour maitriser un tel groupe ?
Avec ce troupeau, j’essaye de communiquer avec leurs propres codes afin de me faire facilement comprendre et obtenir une bonne relation. Depuis longtemps, mais surtout depuis mon aventure en Patagonie, j’ai remarqué combien la relation était la base, elle me permet d’avoir la concentration des chevaux sans pour autant les conditionner par le dressage. Pour moi, avec les chevaux, il existe deux chemins possibles. Le premier est l’attitude naturelle de tout être humain : celle de vouloir contrôler, donc dresser les chevaux pour obtenir leur obéissance. Le second, l’idéal, est que le cheval donne avec envie et soit avec nous par plaisir, donc construire une complicité basée sur le relationnel.
Comment choisissez-vous vos chevaux et sur quels critères ?
Étonnamment, aujourd’hui, je ne choisis plus mes chevaux. Lors des premières années de ma carrière, je cherchais le coup de foudre avant d’acheter un cheval. Maintenant, me remettant à ma croyance en Dieu, c’est avec totale confiance que j’ai pris les chevaux qui se présentaient sur ma route ! Le dernier exemple, ce sont mes six pouliches noires qui m’ont été données par mon vétérinaire car j’avais sauvé leur père hyper-sensible qui avait une peur folle vis à vis de l’homme.
Comment faites-vous pour instaurer une telle confiance, une telle complicité entre eux et vous ?
Comme je le disais auparavant, la confiance s’obtient par le relationnel. En Patagonie j’ai reçu ce message à l’esprit : la prière demande, l’esprit guide, et l’amour construit. Quand je me repose sur ces trois choses, que ce soit avec les chevaux ou dans la vie, un bien-être s’installe.
Y-a-t-il un cheval qui a réussi à remplacer Gazelle, la jument de vos débuts, dans votre cœur ?
Pas vraiment ! Mais chaque cheval ne pèse pas moins lourd dans la balance. Je regarde mes chevaux avec un même amour et je m’applique à trouver en eux les plus belles qualités qui soient. Ceci pour en revenir à la réponse précédente : seul l’amour construit. Comme il est important que j’aime chacun de mes enfants du même amour, il en va de même avec chaque cheval.
Vous reviendrez à Bordeaux pour la troisième fois après 1997 et 2005, qu’est-ce que cet évènement a de particulier pour vous ?
Le Jumping de Bordeaux est pour moi un grand souvenir car je sens à chaque fois que l’organisation me fait confiance sur le programme que je propose. Cette année je vais animer la soirée en deux parties. La première partie sera l’explication de tout ce que j’ai découvert sur les chevaux. Pour cela, je ferai connaissance d’un cheval avec lequel j’essaierai en quarante-cinq minutes de l’attirer en suscitant son intérêt et son envie et non pas en jouant sur la dualité confort-inconfort. C’est un nouveau concept que j’ai développé lors de mon aventure patagonienne. La deuxième partie sera mon nouveau show, Black and White, avec et mes quatorze chevaux, qui dure environ quarante-cinq minutes également… À la fin du spectacle, nous réservons une surprise au public…
Vous vous produisez souvent dans des événements sportifs comme le Jumping International de Bordeaux : avez-vous des échanges avec les cavaliers de concours ? Viennent-ils vers vous pour vous demander des conseils sur la relation avec les chevaux ?
Je suis admiratif des cavaliers de compétition. C’est un métier fragile autant sur le plan sportif que financier. J’ai toujours pu avoir facilement de bons rapports avec ces cavaliers car je pense aussi que ce qui nous aide, c’est que nous sommes en aucun cas rivaux. Cela fait tellement de temps qu’on se côtoie qu’il y a évidemment des affinités qui se sont construites. Étant assez mauvais en anglais, il est évident que je me sens plus proche des Français. Nous avons forcément des points communs puisque nous sommes au contact du même animal. Mais il est vrai aussi que nos approches puissent diverger car nous n’avons pas les mêmes objectifs... Quand ces cavaliers me demandent des conseils, je suis toujours assez gêné car quand je vois leur parcours j’ai vraiment l’impression que je n’ai pas grand-chose à leur apprendre. Il est évident que quand tout marche bien, il n’y a pas trop de raisons de se poser des questions. Peut-être aurais-je pu aider ses cavaliers dans des cas difficiles, mais cela ne s’est jamais vraiment présenté. Il faut dire qu’ils arrivent dans des jumpings internationaux bien préparés avec des chevaux très disponibles. Je n’ai pas la prétention de pouvoir régler tous les problèmes, mais ce que je sais, c’est que j’essaye toujours de me mettre à la place des chevaux.