Benjamin Aillaud : “Du vrai sport, qui a préservé les chevaux”

Voici la réaction de Benjamin Aillaud, douzième du CAIO 4* de Saumur dans la catégorie reine des attelages à quatre chevaux: “Après le concours de Kronenberg (du 13 au 16 avril, ndlr), Saumur entame un cycle de concours à ce niveau pour mon attelage constitué de chevaux de spectacle, travaillant en liberté. C’est une aventure un peu particulière! Ils sont différents des chevaux habituels du circuit et on commence à tout mettre en place, puisqu’ils sont très jeunes dans ce domaine. Ici, j’ai cherché à déterminer où sont les améliorations possibles, et je n’ai pas demandé à mes Lusitaniens d’aller chercher des points, car ils peuvent progresser dans tous les tests… à condition que je prenne mon temps! Nous avons donc couru pour prendre des repères, car ils ont tout un univers devant eux. Mon challenge personnel est de les amener aussi haut que possible. Les quatre sont très agréables à mener, et ils témoignent d’une grande générosité. À moi de les gérer pour constituer vraiment le ‘Team’. Je veille à ne pas les user, à ne pas leur faire mal: j’attends qu’ils se donnent! Lors du marathon, par exemple, je ne les ai pas sollicités outre-mesure. Ils vont être très surprenants, après encore une bonne année de travail. Je programme de les construire mois par mois, avec Aix-la-Chapelle, Beekbergen (du 27 au 30 juillet, ndlr) et Exloo comme étapes principales.

Le concours de Saumur a toujours été une référence importante pour moi, depuis vingt ans! Il a d’ailleurs souvent été comparé à celui d’Aix-La-Chapelle! C’est un ensemble, permis par des organisateurs qui ont veillé cette année à créer les conditions permettant d’attirer les meilleurs meneurs du monde: de très bonnes pistes pour les trois tests, un parcours de marathon remarquablement dessiné, un cadre exceptionnel, un bon parking, etc. Il s’agissait d’être sélectif et pas cassant, comme l’a montré la possibilité accordée de bénéficier de deux minutes supplémentaires lors du marathon pour ceux le désiraient à cause des conditions météorologiques. C’était très judicieux. Il y a eu du vrai sport, avec une grande exigence technique, mais qui a préservé les chevaux.

Cette saison, je cherche à être rentable pour l’équipe de France aux championnats d’Europe, car je peux rapporter des points, mais je n’ai pas de prétentions individuelles. Pour 2024, j’ambitionne de poursuivre le développement mental et physique de mes Lusitaniens, ce qui leur permettra de devenir meilleurs. C’est ma philosophie! 

L’évolution de ma discipline me tient à cœur et m’a incitée à rejoindre le comité technique d’attelage de la FEI pour y réfléchir. Idéalement, l’attelage doit se développer en mettant le cheval au centre de toutes les préoccupations. Il importe de s’interroger sur l’aspect raisonnable de chaque demande. L’adaptabilité se met en place, mais c’est un paramètre complexe, car elle touche tous les acteurs, comme les juges et leur façon de noter qui doit mettre avant tout en valeur le relâchement du cheval, le chef de piste du marathon, l’équipe vétérinaire qui doit valider ou non la participation des chevaux, tout en donnant une culture commune à tous. Si le cheval est vraiment placé au cœur du projet, notre sport pourra encore se développer. J’ajoute qu’il convient aussi de veiller à la notion d’équité sportive, en veillant par exemple à ce que les trois tests gardent la même importance. Il ne faut pas s’orienter vers une discipline à deux tests! Doucement, on évolue vers plus de finesse et de justesse.”