Rodrigo Pessoa : “Pedro Veniss est allé en prison alors qu’il aurait dû avoir une contravention”

Rodrigo Pessoa, représentant des athlètes au sein de la Fédération équestre internationale (FEI), a exprimé son questionnement quant aux règlements actuellement applicables en saut d'obstacles dans un entretien accordé à nos consœurs de World of Showjumping.

Le champion olympique de 2004 a, notamment, remis en cause l’élimination de Pedro Veniss aux Jeux olympiques de Paris. Après un sans-faute dans la qualificative par équipes, le Brésilien avait en effet été éliminé à sa sortie de piste en vertu de l'article 241.3.30 du règlement des compétitions internationales de saut d’obstacles, qui impose l'élimination d’un cavalier du dès lors que la moindre goutte de sang est retrouvée sur les flancs de son cheval. Rodrigo Pessoa a vivement critiqué le fait que “le principe de proportionnalité [soit] totalement absent de cette règle”. “Dans le cas particulier de Pedro Veniss, la sanction - l'élimination - n'était pas du tout proportionnelle à la violation de la règle constatée par le jury”, considère l’ancien partenaire de Baloubet du Rouet. “Il ne s'agissait même pas d'une petite gouttelette de sang transférée sur le gant en latex du commissaire en chef (celui-ci vérifie toujours l’absence de sang dans la région des éperons en passant un gant blanc sur le corps du cheval, ndlr), mais d'une éraflure presque invisible sur le bord de la sangle, là où un cavalier ne touche même pas son cheval avec l'éperon.  Néanmoins, cette éraflure a été jugée et sanctionnée de la même manière qu'un abus ou un usage excessif de l'éperon. Or, il s'agit de violations très différentes, qui requièrent des sanctions différentes. [...] Dépasser la limitation de vitesse de 200 kilomètres par heure ou de vingt n’a pas la même incidence. La première infraction mène en prison, la seconde vaut une contravention. Dans le cas de Pedro, il est allé en prison alors qu'il aurait dû recevoir une contravention.

“À mon avis, un avertissement ou un carton jaune serait plus approprié et proportionnel qu'une élimination dans un cas comme celui-ci, où l'infraction est à la fois accessoire et mineure”, poursuit Rodrigo Pessoa. “En outre, cela m'amène à me demander si les membres désignés du jury de terrain, qui prennent ces décisions, sont qualifiés pour le faire. [...] L'ensemble du processus, de l'examen des chevaux à l'élimination, ne devrait pas être uniquement entre les mains des commissaires, du chef des commissaires ou du jury de terrain. Ce sont des professionnels qualifiés qui devraient prendre la décision, et le contexte doit être pris en compte. S'agit-il d'un usage excessif des éperons, ou d'un usage accidentel, ou même d'un cheval qui saute à droite ou à gauche de l’obstacle et heurte le chandelier ou le fanion, provoquant une coupure mineure qui entraîne également l'élimination? À notre époque, nous sommes en mesure de revenir en arrière, de regarder un parcours en vidéo et de voir s'il y a eu un usage excessif de l'éperon ou non, et de décider ensuite de la sanction appropriée.”  

Par ailleurs, à Paris, le Brésil était sorti de la course à une qualification pour la finale par équipes avant même le passage de son dernier cavalier – Rodrigo Pessoa en l’occurrence - à cause de l’élimination de Pedro Veniss. L’ancien cavalier de Baloubet du Rouet s’appuie donc sur ce fait afin de militer, une fois de plus, pour le retour d’un drop score ou score biffé dans les épreuves olympiques collectives. “Une fois de plus, l'élimination de Pedro illustre la raison pour laquelle nous avons besoin du drop-score comme filet de sécurité”, développe Rodrigo Pessoa. “Il doit être présent, car qu'a fait le jury? Ce n'est pas seulement un couple qui est éliminé, c'est tout un pays et toute une équipe qui subissent les conséquences de cette décision. La décision d'une seule personne a des répercussions sur l'industrie équestre de tout le pays qui est éliminé ; il faut penser aux investissements qui ont été faits avant ces Jeux olympiques pour que ces équipes puissent s'y rendre.”




Retrouvez RODRIGO PESSOA en vidéos sur