“La surveillance sanitaire doit s’accompagner de mesures préventives”, rappelle le RESPE, qui reste en alerte concernant la rhinopneumonie

Hier après-midi, le Réseau d’épidémiosurveillance des pathologies équines (RESPE) a publié un communiqué consécutif à la réunion de sa cellule de crise concernant le foyer d’herpèsvirose de type 1, virus également connu sous le nom de rhinopneumonie. Le RESPE sur l’importance d’appliquer des mesures de biosécurité, et rappellent que la surveillance sanitaire doit s’accompagner de mesures préventives visant à réduire les risques de diffusion et de transmission de maladies. Voici ce communiqué en intégralité.



À la suite de l’appel à la vigilance renforcée lancé dès samedi, faisant état de deux cas confirmés d’herpèsvirose de type 1, virus également connu sous le nom de rhinopneumonie, dans l’Eure-et-Loir et l’Essonne, et du signalement de nombreux équidés suspectés d’être porteurs de rhinopneumonies à formes nerveuses et respiratoires, les membres de la cellule de crise du le Réseau  d’épidémiosurveillance des pathologies équines (RESPE) se sont réunis ce 18 novembre. Cette réunion a permis de centraliser un certain nombre d’informations et de faire le bilan de la situation épidémiologique réelle sur le terrain, ainsi que d’acter des mesures à prendre pour limiter la propagation du virus.

À ce jour, seuls ces deux cas ont pu être confirmés par des analyses de laboratoire. Cependant, de nombreux poneys se sont révélés positifs par des tests rapides et des prélèvements sont en cours de confirmation. Ces poneys sont stationnés dans ces deux mêmes départements, ainsi que dans les Hauts-de-Seine et les Yvelines. Les symptômes observés sont respiratoires (hyperthermie, toux, jetage) et/ou neurologiques (ataxie, impossibilité à se relever, décubitus). Deux équidés sont morts la semaine dernière dans les Hauts-de-Seine. Certains animaux présentent uniquement de l’hyperthermie, sans autre symptôme, et n’ont pu être détectés que grâce au suivi de température mis à place dans leurs structures. Seule une partie des poneys recensés étaient vaccinés. Dans la plupart des cas, cette vaccination a été réalisée selon un protocole de rappel annuel, et non tous les six mois comme recommandé par le RESPE.

L’enquête a permis d’identifier un lien épidémiologique entre plusieurs des foyers: la participation d’un ou plusieurs équidés porteurs à une compétition début novembre dans la Sarthe. Plusieurs centaines de poneys et chevaux venant de toute la France participaient à ce rassemblement et sont donc susceptibles de s’y être contaminés. Un rassemblement en Île-de France, qui pourrait être un second point commun entre plusieurs équidés positifs, est en cours d’investigation. Selon les premiers éléments, l’origine de ce foyer pourrait être des poneys ayant participé au concours de la Sarthe et engagés en Île-de-France alors qu’ils étaient en phase d’incubation, sans symptôme. Ces liens épidémiologiques ne sont que des éléments de l’enquête pour essayer de retracer la provenance du cheval porteur initial, qui reste toujours difficile, voire impossible, à identifier. Aucun cas n’est rapporté pour le moment du côtés des filières courses (trot et galop) et élevage.



Les rassemblements équestres sous surveillance

Tous les propriétaires et détenteurs d’équidés ayant participé au rassemblement de la Sarthe ou à des concours de niveau équivalent depuis début novembre sont appelés à la plus grande vigilance. Ils sont fortement incités à mettre en place un suivi de température pour détecter au plus tôt les équidés malades et limiter la circulation du virus. Afin de limiter l’extension du nombre de foyers, chaque détenteur dans un foyer avéré est appelé à ne pas déplacer son cheval et à ne surtout pas participer à une manifestation. La période actuelle est encore riche en concours et en événements équestres. Les organisateurs, propriétaires et détenteurs sont donc invités à appliquer rigoureusement les règlements en vigueur ou, en cas d’absence, à appliquer un protocole sanitaire, avec a minima un suivi de température (avant, pendant et après la manifestation), et l’isolement immédiat en cas d’hyperthermie.

Les membres de la cellule de crise insistent également sur l’importance de l’application des mesures de biosécurité, et rappellent que la surveillance sanitaire doit s’accompagner de mesures préventives visant à réduire les risques de diffusion et transmission de maladies infectieuses, notamment le nettoyage et la désinfection des boxes après chaque départ et entre deux rassemblements, même espacés dans le temps. Les membres de la cellule de crise remercient les organisateurs qui ont pris la décision, parfois économiquement impactante, d’annuler leurs manifestions, ainsi que ceux qui ont fortement renforcé leurs mesures de biosécurité.

La rhinopneumonie peut aussi entraîner des avortements. Or, la filière sport comprend de nombreuses structures à activité mixte (compétition et élevage). Si, pour le moment, aucun cas n’a été signalé ou confirmé au sein de la filière élevage, les mouvements constituent un risque majeur (rassemblement, brassage de populations différentes, stress, etc.). Des mesures de précaution sont de fait vivement recommandées et doivent être appliquées, et notamment la vérification stricte du statut vaccinal des chevaux entrants et la mise en œuvre, autant que possible, de la quarantaine à l’introduction.



Déclarer, c’est protéger

La réserve des professionnels et vétérinaires vis-à-vis de la déclaration de leurs chevaux malades semble toujours de mise, avec une diminution du nombre de déclarations au RESPE ou du nombre d’analyses de confirmation adressées aux laboratoires d’analyses, en particulier ceux reconnus par le réseau. Cette situation entrave la bonne gestion d’une maladie contagieuse et l’intérêt collectif. Cette sous-déclaration a entraîné un décalage important entre la situation réelle sur le terrain et les indicateurs sanitaires suivis de près par les gestionnaires de la filière. Ce retard de réactivité pourrait s’avérer préjudiciable tant sur le plan sanitaire qu’économique: diminution du nombre de partants, contraintes renforcées, annulation de manifestations, etc.

Dans le contexte et dans l’intérêt général de la filière, il est primordial de remonter au RESPE toute suspicion et/ou cas avéré, et ce quelle que soit la méthode diagnostique utilisée; une prise en charge pourra être envisagée pour confirmer les résultats issus de tests rapides. Pour les suspicions, les propriétaires et détenteurs d’un équidé suspect peuvent utiliser l’application anonyme VigiRESPE et demander à leur vétérinaire de déclarer au RESPE. Les vétérinaires sentinelles peuvent déclarer leurs cas suspects sur leur espace personnel et les accompagner de prélèvements pour confirmer la situation. Dans cet espace, ils peuvent aussi déclarer a posteriori leurs cas confirmés par un test rapide ou par un laboratoire non reconnu par le RESPE.

Les alertes du RESPE garantissent l’anonymat des propriétaires et détenteurs d’équidés, les seules informations diffusées sont celles relatives à l’animal malade et à son département de détention. Seule la mobilisation et la responsabilisation des différents acteurs de la filière permettront de limiter la diffusion du virus. Les mesures sanitaires de prévention présentées en annexe ont pour objectif de limiter la propagation de la maladie, dans les différentes composantes de la population équine. En cas de non-respect de ces mesures, notamment l’interdiction de mouvements au sein des effectifs déjà touchés, le virus pourrait se disséminer à une proportion plus large de la filière et occasionner une paralysie des activités équestres. Dans l’état actuel de la situation, la cellule de crise appelle donc à la plus grande vigilance les organisateurs de rassemblements, propriétaires, détenteurs, transporteurs et autres. Elle met toutes ses ressources à la disposition de la filière équine pour relayer les informations. Les membres de la cellule insistent aussi unanimement sur l’importance de déclarer toutes les suspicions. Il en va de l’intérêt de tous, pour limiter les conséquences pour la filière.





LA CELLULE DE CRISE DU RESPE

La cellule de crise du RESPE a regroupé des représentants de l’Association vétérinaire équine française, de la Fédération française d’équitation, de la Fédération nationale du cheval, de France Galop, l’Institut français du cheval et de l’équitation, de LABEO Frank Duncombe, de la Société française des équidés de Travail, de la Société hippique française, du Trot, de la direction générale de l’Alimentation et du RESPE.