Face à l’épidémie de rhino, le Salon du cheval de Paris a fait de son mieux pour garantir la sécurité des équidés

Organisé les 6, 7 et 8 décembre, le Salon du cheval de Paris a fait son grand retour Porte de Versailles après plus de cinq ans d’absence. Placé initialement sous le signe du sport et de l’animation, cet événement, véritable référence en Île-de-France avant sa disparition, a été perturbé par l’épidémie de rhinopneumonie qui circule chez les chevaux, particulièrement dans la région, depuis trois semaines déjà. Alors que de nombreuses compétitions sont annulées, les organisateurs ont décidé de maintenir leur événement, au prix de mesures drastiques afin d’éviter toute propagation. Entre l’annulation des compétitions sportives, le remaniement des spectacles et la mise en place d’un protocole sanitaire stricte pour garantir la sécurité des équidés, le salon a connu un retour inattendu. 



“Pour des raisons de santé et de bien-être, nous avons pris la décision d’annuler le concours et une partie des animations. D’autant plus, que nous ne voulions pas propager le virus et diffuser un tel risque,” a affirmé Charlotte Bouilloux-Lafont, directrice générale du Salon du cheval de Paris. Alors que les experts du Réseau d’épidémiosurveillance des pathologies équines (RESPE) invitaient la communauté équestre à éviter les rassemblements de chevaux au moins jusqu’au 15 décembre, et que certaines compétitions ont été annulées, les organisateurs du Salon du cheval de Paris, qui a fait son grand retour après cinq ans d’absence, ont décidé de maintenir leur événement, mais sous certaines conditions. Trois semaines déjà après le début de l’épidémie de rhinopneumonie qui a déjà causé la mort de dix équidés, il n’était pas envisageable pour la direction de conserver son programme initial. Ainsi, le nombre de chevaux a été divisé par dix, les animations ajustées et réduites de moitié, et les flux de visiteurs reconfigurés. “Nous avons tout de suite pris le problème à bras le corps, car nous devions réunir pas moins de cent cinquante chevaux sur site, qui en plus de cela n’étaient pas nécessairement vaccinés, car ce ne sont pas des chevaux de CSI”, a expliqué la directrice. “Ni la FFE, ni le RESPE nous ont envoyé de directives particulières. Très rapidement, nous avons fait un point avec les vétérinaires qui nous accompagnent sur le salon, de manière à mettre en place un protocole sanitaire très stricte. Outre cela, nous nous sommes également réservé le droit de supprimer la compétition et certaines animations. Entre temps, les annonces n’étaient malheureusement pas positives et la situation n’allait pas en s’arrangeant, donc c’est ce que nous avons fait. Cela nous demande une énorme organisation logistique ainsi que des moyens humains conséquents, mais c’est pour le mieux ! Le plus frustrant a été de mettre à plat le travail fourni durant un an. Nous aurions clairement pu l’organiser autrement, car personne ne nous imposait quoi que ce soit, mais pour des questions de santé, nous avons pris nos responsabilités de manière à ne prendre aucun risque.” 

Charlotte Bouilloux-Lafont, directrice du Salon du Cheval de Paris, a répondu à nos questions lors de notre visite dimanche.

Charlotte Bouilloux-Lafont, directrice du Salon du Cheval de Paris, a répondu à nos questions lors de notre visite dimanche.

© Mélinda Jorge



Un protocole sanitaire stricte

Malgré les contraintes sanitaires, plusieurs intervenants ont pu animer l’événement avec succès.

Malgré les contraintes sanitaires, plusieurs intervenants ont pu animer l’événement avec succès.

© Mélinda Jorge

Un protocole jugé “draconien” par la Direction départementale de la protection des populations (DDPP) et validé par le RESPE a été mis en place. Chaque équidé a dû être soumis à un test PCR moins de soixante-douze heures avant l’événement, mais également à des prises de température trois jours avant, une chaque matin et chaque soir sur place, puis une autre trois jours après, dans l’optique d’avoir un suivi constant. À l’image de ce qui avait été annoncé par les organisateurs il y a deux semaines, évoquant “aucun mélange” et “un protocole très strict pour que les chevaux ne se croisent pas”, les équidés ont été installés dans l’un des quatre pôles, selon leurs lieux de provenance, permettant d’exclure tout contact entre eux et surtout avec le public. Les traditionnels baptêmes à poneys et les caresses ont donc laissé place à des barrières et à quelques pancartes de prévention sur l’épidémie de rhinopneumonie, au niveau des boxes proches de la carrière de détente ainsi que du poney-club éphémère. 

“Nous proposons du matériel de type bacs à eau, brouettes, fourches, portions de foin, réservé à chaque groupe de chevaux, ainsi que des bidons de gel hydroalcoolique pour le personnel”, a déclaré le responsable du protocole sanitaire au niveau des carrières de détente et d’animation. “Nous veillons à ce que les entrées et sorties soient différentes et que chacun ait son créneau d’arrivée. Notre vigilance est constante. Pour ma part, au niveau des carrières, ma mission est qu’aucun cheval ne se croise et qu’aucun membre du public ne les touche”. Dans cette optique, une fenêtre de vingt-cinq minutes entre chaque représentation a été instaurée. Avec deux carrières à disposition, les chevaux ont tout de même performé au même endroit. 

Au-delà de ces changements de dernière minute et du programme réduit, de nombreux participants ont salué les mesures mises en place. C’est le cas de Chad Atwood, gérant du ranch des Grands soleils, situé à Pommeuse, en Seine-et-Marne, présent pour une démonstration d’équitation western. “Avant d’arriver au salon du cheval, nous avons dû prouver plusieurs jours à l’avance que le test PCR de notre cheval était négatif, ce qui est évidemment une bonne chose au vu de la situation! Pour les animations, nous devons attendre avant de rentrer sur la carrière de détente pour ne croiser aucun autre cheval et chacun est bien isolé dans des boxes individuels. Cette organisation est primordiale pour éviter tous les risques de contamination”, a-t-il indiqué. 

Pour certains visiteurs peu informés de la situation sanitaire, un peu d’incompréhension et de frustration ont été exprimées. Avisés de ces remarques, les organisateurs ont par ailleurs reconnu dans un message publié sur leurs réseaux sociaux que cette édition n’a pas répondu à toutes les attentes. 

La sécurité sanitaire a été assurée par des intervenants présents sur les différentes carrières.

La sécurité sanitaire a été assurée par des intervenants présents sur les différentes carrières.

© Mélinda Jorge



Redoubler d'efforts pour l’année prochaine

Un retour que les visiteurs ont immortalisé après cinq ans d’absence.

Un retour que les visiteurs ont immortalisé après cinq ans d’absence.

© Mélinda Jorge

Au-delà de l’organisation, les restrictions ont également eu un impact sur le flux des visiteurs. Initialement prévues dans deux halls, les animations ont été centralisées en intégralité en un même lieu, le deuxième étant consacré au championnat du monde du cheval arabe, ce qui a pu altérer la circulation dans les allées. “Honnêtement, nous avions pensé à beaucoup de choses, mais certainement pas la rhinopneumonie”, a admis Charlotte Bouilloux-Lafont. “Et même si nous avions évoqué cette éventualité, il aurait été pessimiste de préparer l’événement avec cette idée en tête. Je ne regrette en rien les décisions prises, mais ce qui est certain, c’est que nous en prendrons compte pour l’année prochaine. Nous n’avons pas encore évoqué le sujet, mais je pense que nous allons certainement veiller à ce que les poneys et chevaux présents au salon soient vaccinés.” Malgré ces nombreux désagréments, cet événement, qui avait tant manqué en Île-de-France, a attiré pas moins de 20,000 passionnés par jour et s’est révélé un succès pour les commerciaux selon les organisateurs. Ceux-ci peuvent de nouveau profiter de cette échéance stratégique à l’approche des fêtes. 

Les organisateurs espèrent revenir encore plus grands en 2025 avec une deuxième édition placée sous le signe du sport de haut niveau avec le retour d’un CSI 3*, qui devrait lui permettre d’attirer une nouvelle clientèle.

Dimanche, les allées du Salon du Cheval de Paris étaient bondées.

Dimanche, les allées du Salon du Cheval de Paris étaient bondées.

© Mélinda Jorge