La redynamisation du concours complet, en termes de pratique et de compétition, compte parmi les priorités affichées par Frédéric Bouix, élu président de la Fédération française d’équitation (FFE) en décembre dernier. Il souhaite insuffler “un état d’esprit général pour ces premiers échanges avec prise de hauteur et vision globale de la discipline et de ce vers quoi on veut la faire évoluer à moyen et long termes”, comme il l’a déclaré le 17 avril à Lamotte-Beuvron lors de la réunion de la commission fédérale de concours complet. Il encourage toutes les personnes qui le souhaitent à “s’impliquer dans ces discussions, à proposer, innover, ne rien s’interdire, quitte à revenir en arrière sur certains points si cela ne fonctionne pas comme attendu”.

Les commissions fédérales sont indissociables des actions menées par la FFE. En pratique, le comité fédéral a nommé les présidents des commissions, choisis en dehors des membres du Comité fédéral, sur proposition du président de la FFE et après avis du bureau fédéral. Les commissions sont nommées pour une période d’un an, renouvelable par tacite reconduction pour la durée du mandat du comité fédéral. Les commissions ont un rôle consultatif. Elles travaillent à des propositions concrètes répondant à la ligne générale de la politique fédérale et aux enjeux définis par le comité fédéral, qui les étudie en lien avec la direction technique nationale, avant de les mettre en œuvre. Chaque commission est composée de trois membres permanents: le président de la commission, Matthieu Grasset, l’élu référent du Comité fédéral, Laurent Boyer, et le cadre technique en charge de la discipline, Martin Denisot.

Chaque réunion de commission fait l’objet d’un ordre du jour. En fonction des questions abordées et des sujets traités, la FFE invite les personnes, dont les profils sont représentatifs et pertinents pour aborder les sujets attendus. Pour cette première réunion de la commission, vingt-cinq invités se sont joints aux membres permanents: Pierre Barki, David Barraud, Laurent Bousquet, Nicolas Burtin, Félix Duterte, Sylvie Fortenbach Bibard, Gwendolen Fer, Jean-Luc Force, Lionel Gonzalez, Jean-Guy Issaly, Karim Laghouag, Cécile Lathelize, François Lemière, Cédric Lyard, Nicolas Mabire, Rafaël Mazoyer, Djeylan Mardell, Pascaline Pertusa, Tom Potié, Philippe Racape, Romain Richomme, Brigitte Rinaldi, Fabien Rivera, Marie-Gaëlle Saintemarie et Gilles Viricel. “Ce panel représentatif des acteurs de la discipline regroupe dirigeants de clubs, cavaliers, organisateurs, entraîneurs, formateurs, officiels de compétition, chefs de piste et représentants d’associations, originaires de toute la France”, résume la FFE dans son communiqué.

Sept thématiques de travail

Au cours de cette première réunion, sept grands thèmes ont émergé et feront l’objet d’échanges en groupes de travail afin de proposer des mesures concrètes:

- Formation des enseignants, formation professionnelle et Galops. Le projet vise à renforcer la place de la discipline dans la formation des cavaliers et coaches. Un plan d’actions à destination des centres de formation, mettant à disposition des experts de la discipline est envisagé. Le recensement d’un réseau de terrains de cross pour la certification des Galops 4 et 7 est également à l’étude, ainsi qu’une revalorisation de l’équitation d’extérieur dans le diplôme rénové du BP JEPS. “Sur ces sujets, il s’agit avant tout d’être force de proposition et d’apporter des solutions : logistiques, organisationnelles, financières. Le plan coach 2032, qui concerne l’ensemble des disciplines de la FFE, sera également au cœur des réflexions pour continuer à former les entraîneurs de demain”, explique la FFE.

- Organisateurs de compétitions, terrains de concours et construction d’obstacles (lire ici notre article dédié à cette problématique). Un recensement des terrains de compétition va être lancé dans les départements et régions avec une identification précise des profils et de l’utilisation possible de chaque site. “La base déjà réalisée par France Complet sera valorisée. Des visites techniques seront proposées visant à accompagner l’amélioration des pistes sur le long terme. L’achat d’obstacles, qui est également une problématique identifiée, pourrait être accompagné avec recherche de financements et mobilisation de moyens fédéraux. Enfin, un guide des bonnes pratiques dédié aux organisateurs de compétitions sera conçu pour aider et encourager les organisateurs.”

- Sécurité, assistance médicale et secours. “Un des enjeux actuels est de trouver un médecin pour son concours. Manque de disponibilité, assurances non adaptées à la pratique en dehors du cabinet, etc. sont autant de freins à l’organisation.” Une proposition est l’étude, par le groupe de travail, des obligations réglementaires afin de les rendre plus flexibles et en cohérence, notamment avec chaque site et configuration d’événement, dont la distance avec le premier centre hospitalier comptant un service d’urgences, le temps d’intervention des pompiers ou encore le nombre de partants dans les épreuves. “L’étude d’une souscription d’assurance à l’échelle régionale ou plus locale pour une liste de médecins intervenant dans le cadre d’événements sportifs est aussi une piste.” Les réflexions et actions globales sur la sécurité des participants, cavaliers et chevaux, continueront également et feront l’objet d’une communication actualisée.

- Haut niveau et circuits fédéraux. Sur le volet du sport de haut niveau, les travaux devraient porter sur l’évolution du circuit Grand National FFE/AC Print, avec un équilibrage entre les épreuves nationales et internationales, notamment concernant celles de niveau 4*. Le nombre d’épreuves proposées, leur dotation et leur répartition au cours de l’année notamment seront étudiés “pour coller au mieux aux besoins et attentes des cavaliers Pro et du staff fédéral en vue de performer au cours de la saison mais aussi de préparer les grandes échéances internationales (championnats d’Europe, du monde et Jeux olympiques)”, commente la FFE. “L’attention envers les partenaires des circuits sera également évaluée et ajustée pour mieux les accompagner et les mettre en valeur.” Un circuit d’élite pour les amateurs, parallèle au Grand National, réservé aux cavaliers les mieux classés, encourageant les couples à performer régulièrement au niveau régional pour y accéder, avec une priorité à l’engagement ou un tarif harmonisé est aussi envisagé pour cette cible. L’accompagnement des sportifs de haut niveau (SHN) de moins de vingt-six ans pour optimiser leur fonctionnement et leurs performances sera proposé. Enfin, la reconnaissance et la valorisation des propriétaires de chevaux de haut niveau reste une priorité avec notamment de nouvelles actions du Club des propriétaires.

- Officiels de compétition. Les officiels de compétition jouent un rôle central dans le dynamisme de chaque discipline. Commissaires au paddock, juges, chefs de pistes, délégués techniques et autres sont autant d’acteurs centraux qui participent au bon déroulement des épreuves et plus largement à la réussite des événements. L’un des axes serait de mettre l’accent sur la formation des officiels, notamment pour le niveau national Élite, qui ouvre ensuite la porte aux compétitions internationales. Pour tous les niveaux, les contenus des formations seraient renforcés et agrémentés de cas pratiques.

- Calendrier et championnats. Chaque saison, l’attribution des compétitions est un challenge au niveau régional et national. “L’idée est ici de parvenir à une réflexion en amont de l’attribution en hiérarchisant les dépôts de dates par les organisateurs et en harmonisant les compétitions interrégionales aux niveaux Amateurs et Pro.” Les formats des championnats seront également étudiés avec plusieurs idées innovantes tel que deux tests de saut d’obstacles, des remises des prix intermédiaires après chaque test, une valorisation des champions régionaux, etc.

- Règlement des compétitions. Parmi les missions les plus connues de commissions, celle de la mise à jour des règlements de compétition reste évidemment de premier ordre. “Des propositions d’évolutions seront effectuées avec un objectif de simplification, de remodélisation des épreuves et normes techniques associées dans les catégories Club et Amateur, mais aussi l’évolution des reprises de dressage, par exemple.”

Un tour de France des régions en perspective

Pour alimenter et soutenir l’ensemble de ces réflexions, une tournée des régions sera prochainement organisée et menée par Matthieu Grasset, président de la commission, et Martin Denisot, conseiller technique national pour le concours complet. “Toutes les idées évoquées lors de cette première réunion sont des pistes de réflexion, qui seront débattues dans les différents groupes de travail pour aboutir à des propositions concrètes. Ces groupes de travail sont ouverts à tous ceux qui souhaitent s’investir dans ces réflexions et apporter des solutions pour la discipline, au-delà des membres de la commission”, précise Martin Denisot. “Nous sommes à l’écoute de tous ceux qui souhaitent partager leur expérience et proposer des pistes d’amélioration, tout comme Laurent Boyer, élu au comité fédéral référent pour la commission, et Mathieu Grasset, son président. Nous souhaitons une réelle ouverture et allons organiser des réunions des différents groupes de travail en visio pour simplifier les échanges et permettre à chacun de participer. Nous allons lancer les travaux dans les prochaines semaines. Nous visons un premier point d’étape au début de l’été et une seconde réunion en présentiel en décembre pour évaluer l’avancée des travaux.”

La commission de concours complet est la première à s’être réunie en ce début d’olympiade, ouvrant la voie à l’ensemble des autres disciplines qui en feront autant ces prochains jours.