“Le Jumping de La Baule n’est pas un entre-soi, mais un entre-tous”, Pierre de Brissac

Fin avril, à l’issue de la conférence de presse présentant la prochaine édition du Jumping international de La Baule, Officiel de France sans discontinuer depuis 1993, Pierre de Brissac s’est prêté aux jeux des questions-réponses. Malgré une année compliquée par les coupes budgétaires réclamées par l’État aux collectivités locales, lesquelles ont des conséquences directes sur le budget de l’événement, le président de la Société des concours hippiques de La Baule semble toujours aussi passionné et affirme prendre de “plus en plus de plaisir d’année en année”.



La soixante-quatrième édition du Jumping international de La Baule, Officiel de France, débute dans un mois. Comment s’annonce ce cru 2025?

Il s’annonce bien, parce que ce magnifique événement peut compter sur une merveilleuse équipe de permanents que sont Fleur Leroyer (directrice des opérations, ndlr), Célia Langlais (chargée de mission, ndlr) et Quentin Dabir (chargé de mission logistique et sport, ndlr). J’ai pas mal bougé cette année, me rendant notamment à Wellington, en Floride, sorte de cathédrale du cheval, pour la première étape de la Rolex Series, dont nous sommes fiers de faire partie. J’ai pu observer que l’aura de La Baule y est grandissante. Pour moi comme notre équipe organisatrice et tous les gens qui travaillent avec nous, c’est vraiment une source de satisfaction. D’année en année, notre Jumping international de La Baule prend de l’ampleur et les gens semblent heureux de parler du concours et d’y venir. Comme le disait Sophie Dubourg (directrice technique nationale de la Fédération française d’équitation, ndlr) pendant la conférence de presse: “Je ne connais pas un cavalier qui ne souhaite pas venir à La Baule.” Tant mieux pour nous, et pourvu que ça dure! Pour autant, il faut sans cesse chercher à se réinventer et faire émerger de nouvelles idées.

Comme tous les événements sportifs et culturels des Pays-de-la-Loire, vous avez dû composer avec la suppression brutale de la subvention du conseil régional, qui avait associé son image à celle du Derby. À quel point est-ce une mauvaise nouvelle pour vous?

Ce fut effectivement un peu compliqué, même si cette décision est sans doute fondée sur de bonnes raisons. Je la respecte, même si je trouve cela dommage, parce que la région et notre sport sont intimement liés. Heureusement, nous avons pu rebondir et colmater cette “brèche” grâce à nos fidèles partenaires privés, et notamment Grape Hospitality, qui a souhaité augmenter sa participation et sa visibilité à travers sa marque Demeures de campagne. Frédéric Josenhans, PDG de Grape Hospitality, et nous partageons des valeurs communes et nous sommes heureux qu’il ait souhaité s’associer au Derby, qui devient ainsi le Derby de La Baule - Demeures de campagne. J’en vois une preuve que nous entretenons des relations solides avec nos partenaires: lorsque nous avons besoin d’un petit coup de pouce, nous pouvons compter sur eux.

Dans le contexte des économies budgétaires réclamées par l’État aux collectivités territoriales, quid de l’aide de la ville et de celle du département de Loire-Atlantique?

La ville est un partenaire indissociable et très fidèle du Jumping à travers son maire, Franck Louvrier, et ses adjoints. La ville est toujours présente et nous aide, tant sur l’aspect financier que sur le plan structurel. Il faut rappeler que le stade François-André lui appartient. À ce titre, l’entretien de notre terrain en herbe est assuré tout au long de l’année par des agents municipaux, sous la supervision de Green Consult, spécialiste des terrains équestres en herbe. La ville a ainsi deux casquettes et reste un partenaire indissociable de notre événement. Quant au département, nous avions déjà subi des coupes budgétaires l’an dernier et nous nous attendions à l’arrêt de cette aide, qui est bien effective en 2025.



“Favoriser le sport et garantir le libre choix sportif des sélectionneurs est le principal atout des CSIO”

L’an dernier, à quelques semaines des Jeux olympiques et paralympiques (JOP) de Paris, toutes les étoiles s’étaient alignées, faisant de l’édition 2024 un cru d’exception. Les JOP sont passés, avec le succès que l’on sait. Dans quelle mesure espérez-vous capitaliser sur ce succès?

Je crois que la capitalisation va se matérialiser grâce et à travers les médias, dans la manière dont vous, journalistes, allez parler de nous. Nous allons également capitaliser sur ce succès français avec la qualité des cavaliers qui reviennent cette année. C’est la preuve ultime du bienfondé de ce concours à très haut niveau. Enfin, je suis sûr que cela va encore renforcer notre image auprès de notre extraordinaire public, très fair-play et qui encourage toutes les nations. Nous ne serions rien sans lui. C’est la raison pour laquelle nous tenons vraiment à maintenir la gratuité de l’accès au concours.

Dix équipes seront au rendez-vous de la célèbre et très attendue Coupe des nations Barrière: l’Allemagne, la Belgique, le Brésil, les États-Unis, la Grande-Bretagne, la France, l’Irlande, l’Italie, la Suède et la Suisse. Comment travaillez-vous avec les fédérations et chefs d’équipe pour vous assurer de la présence des meilleurs cavaliers et chevaux?

Beaucoup de fédérations nous demandent à être invitées, et nous en invitons de notre fait en collaboration avec la Fédération française d’équitation. Le choix n’est jamais simple et nous faisons forcément des déçus, mais nous nous efforçons d’être aussi juste que possible en sélectionnant des nations méritantes, tout en laissant toujours la chance à des équipes qui, par exemple, ne peuvent pas participer à la nouvelle série créée par la Fédération équestre internationale (ouverte à dix nations seulement selon le classement mondial de leurs cavaliers, ndlr). Pour le reste, nous n’intervenons pas dans le choix des cavaliers, parce que ce n’est pas le rôle d’un organisateur de CSIO. Favoriser le sport et garantir le libre choix sportif des sélectionneurs est même le principal atout des CSIO. Nous respectons leurs compétences et savons qu’ils sélectionneront toujours des cavaliers capables de réussir de belles performances dans un concours tel que le nôtre.

Le prochain rendez-vous intercontinental n’aura lieu qu’en 2026 à Aix-la-Chapelle pour les championnats du monde. Cette année, l’Officiel de France sera donc l’un des seuls rendez-vous où se rencontreront des équipes d’Europe et d’ailleurs... L’an dernier, les États-Unis avaient dominé le Grand Prix. Qu’attendez-vous cette année?

Comme je suis un rien chauvin – qu’on ne m’en veuille pas –, j’aimerais vraiment que la France renoue avec la victoire dans la Coupe des nations Barrière (la dernière victoire des Vestes bleues remonte déjà à 2017, ndlr). Notre équipe ayant terminé deuxième l’an dernier, et par rapport à ce qu’elle a montré aux JO, je la verrais bien gagner cette année. Quant au Rolex Grand Prix de la ville de La Baule, il y a toujours tant de couples d’exception qu’il me semble bien plus compliqué de m’aventurer au moindre pronostic.

Le bien-être animal semble au cœur de vos préoccupations. Quelles améliorations comptez-vous encore apporter cette année?

Notre terrain en herbe fait toujours l’objet d’un énorme travail. C’est le socle de notre engagement en faveur du bien-être des chevaux. Au-delà de cette base, nous avons acheté et fait poser des dalles en caoutchouc dans les écuries Jappeloup du CSIO 5*. Cela améliorera le confort des chevaux quand ils sortent des boxes, vont à la douche, etc. Je pense que les grooms en seront particulièrement heureux. C’est une dépense que nous avons maintenue, malgré la suppression de la subvention régionale.



“L’arrivée de Thierry Touzaint participe à la pérennisation du complet au programme du concours”

Le Jumping de La Baule a intégré la Rolex Series l’an dernier. Après une année, quel bilan en tirez-vous?

La Rolex Series a été créée par Rolex pour rassembler des événements partageant les mêmes valeurs d’excellence et d’innovation dans les sports équestres. Intégrer cette série nous permet d’accroître notre visibilité, de communiquer sur nos événements tout au long de l’année et de faire progresser notre médiatisation. C’est non seulement valorisant pour le Jumping, mais aussi pour ses partenaires. À titre d’exemple, fin mars à Wellington, quelqu’un m’a dit: “Pierre, je ne me rendais pas compte de l’aura de La Baule outre-Atlantique.” Cela accroît notre popularité bien au-delà de nos frontières, tout au long de l’année, ce qui n’a pas de prix.

Quid de la création d’un potentiel chalenge ralliant ces sept étapes ?

Nous y réfléchissons. Pour le moment, nous avançons à notre rythme. Comme on dit, avant de savoir à courir, il faut apprendre à marcher. La Rolex Series est récente. Nous voulons d’abord travailler sur la communication en mettant en valeur les performances des chevaux, des cavaliers, des grooms, de l’ensemble des acteurs de notre sport.

De son côté, la Fédération équestre internationale (FEI) a décidé d’attribuer d’autorité un CSIO 5* étape de la Ligue des nations Longines à Gassin, en septembre. Cela ne contribue-t-il pas à brouiller les cartes vis-à-vis du grand public?

Je trouve très dommage qu’il y ait maintenant deux CSIO 5* en France. Nous sommes – je peux le dire sans rougir – le CSIO le plus ancien de France et celui de référence en termes de valeurs. Cette décision, qui émane de l’état-major de la FEI, je la regrette mais l’accepte bien volontiers. D’une certaine manière, nous restons droits dans nos bottes. Peu de gens croyaient en notre pari de quitter l’ancienne série Longines FEI des Coupes des nations, pour continuer avec Rolex. Force est de constater que l’histoire nous a donné raison. Nous recevons plus que jamais les meilleurs cavaliers et affichons une droiture très claire depuis quatre ans. Je souhaite néanmoins bonne chance à la Ligue des nations et aux organisateurs du CSIO 5* de Gassin.

Vos relations avec la Fédération française d’équitation (FFE) semblent elles aussi plus étroites que jamais…

J’avais naturellement travaillé avec Serge Lecomte et déjà étroitement avec Frédéric Bouix (nouveau président et ancien délégué général de la FFE, ndlr). J’ai accueilli son élection avec un grand soulagement, parce que c’est quelqu’un que je connais, qui est fidèle, qui véhicule de bonnes valeurs et qui nous a toujours soutenus, ce qui n’était pas évident. Je me réjouis de pouvoir compter sur la FFE de façon aussi durable et étroite.

Vous présidez la Société des concours hippiques de La Baule depuis maintenant cinq ans. Dans quel état d’esprit êtes-vous et quelle place occupe l’innovation dans votre démarche?

Je prends de plus en plus de plaisir d’année en année. Au début, je ressentais plus de stress que d’excitation. Maintenant, c’est à peu près égal, donc j’évolue dans le bon sens (rires). Quant à l’innovation, je citerais l’arrivée au sein du conseil d’administration de Thierry Touzaint (sélectionneur et entraîneur de l’équipe de France de concours complet pendant près de vingt-cinq ans, ndlr). Le Jumping de La Baule n’est pas un entre-soi, c’est un entre-tous. Depuis l’an dernier, nous avions à cœur de montrer un autre sport avec le concours complet. L’arrivée de Thierry y participe et pérennise cette discipline au programme du concours. Notre équipe a désormais cinq ans et il faut continuer d’apporter des idées fraîches et s’entourer de gens expérimentés qui peuvent y contribuer. Il faut savoir se renouveler, et Thierry est aussi là pour nous aider.

L’innovation, c’est recevoir aussi toujours mieux nos bénévoles, ou encore notre place dans la Rolex Series. Le fait d’être parti voir différents concours m’a donné des idées. Cela m’a pris du temps, mais c’était important. D’une certaine façon, les voyages forgent l’innovation.

Toutes les épreuves du Jumping de La Baule seront retransmises en direct sur GRANDPRIX.tv



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