Laura Collett brise son plafond de verre, l’Allemagne impériale et la France en bronze à Blenheim

Les Bleus ont fini par obtenir la médaille qu’ils avaient tant espérée aux championnats d’Europe de concours complet, cet après-midi à Blenheim, en Grande-Bretagne. Si l’Allemagne, l’Irlande, ainsi que la France, dont les cavaliers n’ont pas commis la moindre faute aux obstacles, ont tenu le choc à l’hippique, la Suisse a craqué, offrant le bronze au collectif de Jean-Luc Force. À domicile, Laura Collett, en selle sur London 52, a remporté le tout premier titre individuel de sa carrière, succédant à sa compatriote Rosalind Canter. L’empereur Michael Jung a dû se contenter de l’argent avec Chipmunk*Fischer, tandis que le Britannique Tom McEwen s’est paré du bronze avec JL Dublin. Les Français Alexis Goury et Benjamin Massié se sont classés six et neuvième avec Je’vall et Figaro Fonroy.



Disons-le quitte à paraître un rien chauvins: voir la France repartir sans médaille des championnats d’Europe de concours complet aurait été un crève-cœur teinté d’injustice. Après avoir produit des reprises de dressage plutôt satisfaisantes, notées correctement mais sans générosité, les six couples tricolores ont tenu le choc lors du cross, et notamment les quatre choisis par Jean-Luc Force pour composer l’équipe. Bien sûr, le début de ce test de fond s’est tendu en raison du refus évitable concédé par Luc Château et Cocorico de l’Ébat, si fiables habituellement, mais ses coéquipiers n’ont rien lâché, livrant de belles prestations stratégiquement bien menées. Alexis Goury a pris une option salvatrice au bon moment avec Je’vall, tandis que Sébastien Cavaillon et Astier Nicolas ont assuré l’essentiel sans prendre de risque avec Elipso de la Vigne et Alertamalib’Or. De fait, la France, aussi représentée en individuel par Benjamin Massié et Gireg Le Coz, associés à Figaro Fonroy et Caramel d’Orchis, a été la seule nation avec l’Allemagne à voir ses six couples rentrer à bon port.

Qu’a-t-on reproché au Coq hier? D’une part, un franchissement irrégulier de Sébastien Cavaillon bien difficile à juger – il faut donc respecter la décision du jury, même si elle a coûté 15 points au couple. D’autre part, la rupture d’un élément frangible survenue sur une barre inférieure d’un obstacle d’une forme s’apparentant à des barres de Spa ou à un faux oxer. Le droit a été appliqué à la lettre, mais aucun argument sécuritaire ne semble justifier l’installation – possiblement irrégulière, qui plus est – d’un tel dispositif sur une telle barre… Cette “faute” qui n’aurait jamais dû exister, a pénalisé Astier Nicolas et l’équipe de France de 11 points. Sans cela, elle aurait quitté Blenheim en argent.

Le bronze n’en a pas moins une belle saveur au terme de ces magnifiques championnats d’Europe, disputés dans un écrin indescriptible de beauté, même si la photo aurait été encore plus belle sans les bâches de chantier recouvrant en partie le sublime château des ducs de Marlborough. Il faudra revenir ici pour le voir, et l’on ne peut qu’encourager les parties prenantes du complet et la Fédération équestre internationale à attribuer plus souvent l’organisation des championnats d’Europe et du monde à la Grande-Bretagne. Nulle part ailleurs ce sport n’est mis en valeur avec tant de grâce, de passion et de moyens. Et nulle part ailleurs il est suivi par un tel public, sans lequel s’affadit tant le spectacle. Ce cru laissera à n’en point douter de grands souvenirs à tous ceux qui l’ont vécu ou suivi. Gageons que cela inspirera les candidats à l’accueil de l’édition 2027.

Aujourd’hui encore, le sport a tenu ses promesses. On a d’abord assisté à une seconde inspection vétérinaire sans histoire, où l’on a vu dès potron-minet la très grande majorité des quarante et un chevaux présentés trotter avec entrain et bien dans leurs sabots. Ensuite, le test de saut d’obstacles a été disputé en deux sessions. En fin de matinée, les vingt et un couples les moins bien classés ont affronté le parcours sérieux, technique et mesuré au plus court par le chef de piste britannique Paul Connor, ce qui a contribué à pimenter ce dimanche des plus frisquets. Gireg Le Coz a concédé quatre secondes de temps dépassé, soit 1,6 point, puis Luc Château, dont le score n’a pas compté dans le total final de l’équipe de France, n’a cédé que 2 points. Quant à Sébastien Cavaillon, il a produit le premier des huit sans-faute, un superbe sans-faute de surcroît. À mi-parcours, l’équipe tricolore restait toutefois quatrième, même si elle s’est un peu rapprochée de la Suisse, troisième, Robin Godel ayant cédé 1,2 point sur Global DHI. L’écart entre les deux nations s’établissait à 4,6 points, soit une faute aux obstacles et seulement deux secondes de temps dépassé.



Un magnifique podium individuel

Le duel s’est poursuivi en début d’après-midi. Côté français, Astier Nicolas et Alexis Goury ont signé des parcours très sûrs, récompensés d’une pénalité minime de 0,4 point et d’un sans-faute, terminant seizième et sixième en individuel. La Suisse a rapidement craqué, Nadja Minder concédant trois fautes sur le vétéran Toblerone, et Mélody Johner, 8,8 points sur Erin. Un bien dur dimanche pour ces cavalières, qui avaient tant brillé hier, et pour la Suisse, quatrième comme l’an passé aux Jeux olympiques de Paris… Quant à l’Irlande, dont le collectif ne comptait plus que trois couples, elle a tenu bon, grâce notamment au sans-faute de Padraig McCarthy et Pomp N Circumstance, douzièmes en individuel. L’équipe allemande, qui disposait d’un véritable boulevard après l’élimination ahurissante de sa rivale britannique dès le début du cross, a remporté son septième titre dans cette compétition même si trois de ses couples ont fauté cet après-midi.

Après les très belles performances de Benjamin Massié, neuvième après un tour pénalisé d’1,2 point, derrière la Belge Lara de Liedekerke-Meier et l’Allemand Jérôme Robiné, sept et huitième avec Hooney d’Arville et Black Ice, est venu le money-time pour la compétition individuelle. Les jeunes Lea Siegl, dont le père avait disputé les Européens ici même en 2005, et Calvin Böckmann ont offert à l’Autriche et l’Allemagne les places cinq et quatre sur Van Helsing P et The Phantom of the Opera. Comme eux, les trois cavaliers qui occupaient le podium provisoire hier, ont parfaitement maîtrisé leur exercice, bien que Laura Collett et London 52 aient un rien dépassé le temps imparti. Au terme de trois beaux parcours, Tom McEwen s’est paré du bronze sur JL Dublin, avec lequel il avait été éliminé au Pin il y a deux ans. C’est la première médaille individuelle de ce couple, quatrième l’an passé à Versailles, où la Grande-Bretagne avait gagné l’or. Lui aussi éliminé dans l’Orne en 2023, Michael Jung a encore allongé son palmarès, glanant ici l’argent avec Chipmunk*Fischer, partenaire de son troisième titre olympique en 2024.

Quant à Laura Collett et London 52, victorieux des CCI 5*-L de Badminton, Luhmühlen et Pau, ils ont enfin gagné le titre individuel après lequel ils couraient depuis 2019, ayant disputé tous les championnats depuis lors. Certes, la reprise de dressage de la Britannique fut légèrement moins aboutie que celle de Michael Jung. Certes, son cross fut moins fluide que celui du Kaiser allemand, mais elle n’en mérite pas moins sa médaille d’or. Installée à une heure à l’ouest de Blenheim, non loin de Gloucester et de Badminton, l’Anglaise, qui vient de fêter ses trente-six ans, a succédé à l’incroyable Rosalind Canter, qui a préféré défendre son titre à Burghley plutôt que son doublé continental en or avec l’insubmersible Lordships Graffalo. Elle a aussi succédé à une autre compatriote, Zara Tindall, nièce du roi Charles III, couronnée ici même il y a vingt ans.

Le classement individuel
Le classement par équipes

Les championnats d’Europe de Blenheim sont à revoir sur ClipMyHorse.tv avec les commentaires de Kamel Boudra et Arnaud Boiteau



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