“Je préférais participer au CCI 5*-L de Burghley qu’en individuel aux championnats d’Europe”, Gaspard Maksud
Dimanche 21 septembre, alors que l’équipe de France de concours complet défendait, à Blenheim, sa médaille de bronze collective décrochée deux ans auparavant au Pin-au-Haras, l’un des équipiers présents dans l’Orne en 2023 remportait son tout premier Grand Prix en CSI 3*: Gaspard Maksud. Revenant sur cette victoire obtenue aux rênes de Ballypatrick Tiberius, très démonstratif du haut de ses neuf ans, le cavalier expatrié en Angleterre se confie sur ses objectifs avec ce bai. Il s’exprime aussi quant à sa volonté de continuer à combiner saut d’obstacles et concours complet, sa saison avec Zaragoza dans cette seconde discipline et ses relations avec l’équipe d’encadrement des Bleus.
Dimanche, vous avez remporté votre premier Grand Prix 3* à 1,55m lors du concours d’Opglabbeek, en Belgique, avec Ballypatrick Tiberius. Vous attendiez-vous à cette victoire?
Mon cheval s’était déjà classé deuxième d’une épreuve similaire lors d’un CSI 3* à Chard, en Angleterre, mi-juillet, donc je savais qu’il était capable d’une belle performance. Pour autant, à ce niveau, la victoire tient toujours à très peu de choses. J’ai eu la chance de bénéficier d’un bon tirage au sort, qui m’a permis de m’élancer en dernier au barrage. Comme mes concurrents étaient allés vite, je savais qu’il ne servait à rien de réaliser un sans-faute dans le calme, donc j’ai essayé d’être le plus compétitif possible. Bien sûr, lorsque l’on pratique le concours complet, on a l’habitude de galoper vers les obstacles dans un bon rythme en essayant de conserver les chevaux en équilibre ainsi que de continuer à avancer même lorsque les distances ne sont pas idéales. Cela aide un peu dans les contextes de barrage, mais les deux disciplines restent très différentes.
Quel a été le parcours de ce hongre de neuf ans jusqu’ici?
Nous l’avons acheté quand il avait cinq ans pour faire du concours complet. D’ailleurs, nous en avons disputé deux, mais il n’était vraiment pas fait pour le dressage, donc nous avons décidé de l’orienter vers le saut d’obstacles. Au fur et à mesure de sa progression, il s’est mis à sauter de mieux en mieux, jusqu’à prendre part à des Grands Prix à 1,55m.
Nourrissez-vous des objectifs particuliers avec lui?
Nous voulons avant tout nous faire plaisir. Si j’en ai la chance, j’aimerais beaucoup prendre part à des Coupes des nations pour la France, donc nous travaillons en ce sens. Au regard de la manière dont il saute les parcours à 1,55m, je pense que Tiberius a le potentiel pour affronter des épreuves à 1,60m. Après tout, les barres n’y sont que cinq centimètres plus haut. Pour autant, il est compliqué d’atteindre le plus haut niveau du jumping en disposant d’un seul cheval capable de s’y produire. Nous ne nous prenons pas trop la tête. En fin d’année, nous allons essayer de l’emmener sauter en Espagne, et nous verrons où cela nous mène, d’autant que lorsque les chevaux se comportent aussi bien, ils suscitent des offres d’achat importantes. Étant moi-même en partie propriétaire de Tiberius, il me serait compliqué de résister à partir d’un certain montant.
“Le futur du complet reste assez flou”

Gaspard Maksud et Ballypatrick Tiberius lors de leur victoire à Opglabbeek
© Pegasus Photo Creations
Comment votre piquet s’articule-t-il désormais entre chevaux de concours complet et de saut d’obstacles?
C’est assez variable, mais j’aime avoir des montures pour évoluer dans les deux disciplines. Je trouve assez aisé de jongler entre les deux, d’autant que la saison du complet est beaucoup plus bornée, s’étendant presque uniquement de mars à septembre. J’ai réduit la taille de mon piquet et n’ai plus que douze chevaux, ce qui est plus confortable pour mon équipe, notamment lorsqu’il faut s’en occuper en mon absence. Étant donné mon activité commerciale, le ratio entre mes chevaux de jumping et de complet fluctue. Par exemple, en fin de saison, je n’avais plus que trois chevaux de complet, alors que j’avais entamé l’année avec six ou sept montures. Je trouve que c’est une bonne chose de pratiquer le saut d’obstacles, parce que même si j’adore le complet et son ambiance, le futur de la discipline reste assez flou.
Cette année, vous avez disputé les CCI 5*-L de Badminton et Burghley aux rênes de Zaragoza, avec une septième place à la clef lors du second, dont vous aviez déjà terminé sixièmes en 2024. Pourquoi avez-vous orienté votre jument vers ces deux concours plutôt que vers les championnats d’Europe, vous qui aviez été médaillé de bronze par équipes au Pin-au-Haras en 2023?
Tout d’abord, les propriétaires de Zaragoza étant anglais, la voir participer à ces CCI 5*-L là a toujours été un objectif pour eux. Cette saison, ma jument a peu concouru, et en tout cas moins que la plupart des chevaux de l’équipe de France. Elle peut se montrer assez stressée en compétition, mais nous la connaissons désormais très bien. C’est pourquoi après Badminton (événement organisé début mai, où le couple s’est classé vingt-cinquième après s’être préparé au CCI 4*-S de Burnham Market, ndlr), elle a simplement disputé un CCI 3*-S avant de s’élancer à Burghley. Selon moi, elle n’a pas besoin d’en faire plus. Elle faisait toujours partie des chevaux sélectionnables pour les championnats d’Europe après la phase de récupération qui a suivi sa participation au CCI 5*-L de Badminton, mais l’encadrement français avait une ou deux interrogations quant à son physique, et ne voulait vraiment prendre aucun risque avec les chevaux intégrés à l’équipe, ce que je comprends. De mon côté, j’ai indiqué que je voulais bien participer aux Européens au sein de l’équipe, car ce sera toujours notre priorité, mais que je préférais participer au CCI 5*-L de Burghley plutôt qu’en individuel aux championnats d’Europe. Zaragoza a très bien récupéré après ce CCI 5*-L et devrait être prête à en disputer un nouveau en début de saison prochaine. Ensuite, si l’encadrement souhaite que nous participions aux Mondiaux d’Aix-la-Chapelle, nous le ferons. Autrement, nous nous rendrons à Burghley une troisième fois!
“Les membres de l’équipe d’encadrement fédéral sont très à l’écoute de la manière dont nous gérons nos chevaux”
Quelle relation entretenez-vous avec le nouvel encadrement fédéral tricolore depuis l’Angleterre où vous êtes installé?
Tout d’abord, si Jean-Luc (Force, le sélectionneur national, ndlr) n’occupait pas cette fonction auparavant, il était déjà présent au sein de l’équipe d’encadrement, donc je le connais bien. Quant à Cédric (Lyard, intervenant fédéral pour le cross, ndlr), j’ai travaillé pour lui avant mon départ en Angleterre. Ils sont venus tous les deux à Badminton, et Cédric était également présent à Burghley. De mon côté, je me suis rendu à un rassemblement fédéral à Lamotte-Beuvron durant l’hiver, mais à pied. Je trouve que l’ambiance est plutôt bonne. Parfois, ils se demandent un peu pourquoi j’opère tel ou tel choix, mais ils sont très à l’écoute de la manière dont nous gérons nos chevaux, car ils savent bien que nous sommes ceux qui les connaissons le mieux.
Qu’avez-vous pensé des championnats d’Europe de Blenheim? Le cross, dont on savait à l’avance qu’il serait exigeant, était-il conforme à vos attentes?
Oui, plutôt. Mark Philipps construit toujours des parcours très intéressants, et je crois qu’il a fait du bon travail pour ces championnats d’Europe. Il y avait des combinaisons difficiles, mais elles comportaient toutes une option longue et plus simple à aborder pour les couples moins expérimentés. Évidemment, pour être compétitif, il fallait prendre la voie directe partout, et les cavaliers se retrouvaient alors confrontés à des difficultés comparables à celles des CCI 5*-L, à l’instar de la combinaison composée d’un oxer et d’une pointe placés au sommet de deux dômes. Il fallait vraiment l’attaquer pour la franchir sans problème. Nous n’avons pas vu de mauvaise chute, ni de mauvaise image de cheval fatigué. Aucun couple ne s’est vraiment rapproché du “maxi”, mais il est toujours très difficile à réaliser à Blenheim, notamment parce qu’il y a deux longs passages dans l’eau qui nous freinent beaucoup. Et puis, les chevaux les plus rapides n’étaient pas là. Si Lordships Graffalo et Colorado Blue (vainqueur et deuxième du CCI 5*-L de Burghley avec la Britannique Ros Canter et l’Irlandais Austin O’Connor, ndlr) avaient été présents, je pense qu’ils auraient pu rentrer à l’heure.