Le Grand Parquet de Fontainebleau entame sa nouvelle mue

Accueillant des événements équestres depuis plus d’un siècle, le Grand Parquet de Fontainebleau, site de compétition mythique, s’est toujours adapté afin de répondre aux enjeux des époques qu’il a traversées. Cet hiver a donné le coup d’envoi d’un ambitieux plan triennal de rénovation. Premier bénéfice pour les nombreux utilisateurs du site, le passage du Petit Parquet de l’herbe au sable permettra désormais de mieux garantir le bien-être des chevaux et la tenue d’épreuves de haut niveau.



Le Grand Parquet de Fontainebleau, ce sont six carrières, un Spring Garden de près de 4 000 m2, environ 250 boxes en dur, plus de 2 000 places assises en tribunes, un espace de 10 000 m2 dédié aux villages événementiels, un restaurant et de nombreuses zones de stationnement, le tout sur un espace unique d’une trentaine d’hectares. Aujourd’hui, le nouveau cahier des charges de la Fédération française d’équitation (FFE) et les normes olympiques requièrent un certain nombre de rénovations. Au-delà, ce mythique stade équestre, théâtre de compétitions internationales et d’événements prestigieux depuis un siècle, doit incarner une exigence de sécurité et de confort pour relever les défis qui s’annoncent, à l’image de l’obtention par la communauté d’agglomération du pays de Fontainebleau du label Terre de Jeux et de l’ambition du site de devenir un centre de préparation aux Jeux (CJP) de Paris 2024 pour les délégations françaises et étrangères.
Un plan triennal de travaux de modernisation et de mise aux normes a débuté dès cet hiver. Afin de ne pas perturber la tenue des nombreux événements traditionnellement programmés au Grand Parquet, du Bonneau International Poney à la Grande Semaine de l’élevage en passant par GRANDPRIX Classic Spring Break et Summer Tour, les championnats d’Europe Vétérans de saut d’obstacles et les concours internationaux d’endurance, tous les travaux seront accomplis durant les périodes hivernales. Ce plan est le fruit de la volonté et des efforts déployés par un groupe de travail initié par la région Île-de-France, accompagnée du département de Seine-et-Marne, du pays de Fontainebleau, de la FFE et du comité régional d’équitation d’Île-de-France, de la Société hippique française, de l’Office national des forêts et de champions olympiques.
 


Une modernisation en trois temps

© AMC Bonneau

La première phase de travaux, qui s’achèvera fin mars, assurera le passage de l’herbe au sable du Petit Parquet. Rénovés par Equiplus, expert en ingénierie équestre, les 8 000 m2 de surface sportive bénéficieront d’un arrosage par capillarité promettant une qualité de sol unique. Cette refonte du sol sera accompagnée plus globalement d’une mise aux normes olympiques et d’une sécurité renforcée. Le passage en sable permettra aux organisateurs de programmer trois cents passages de chevaux par jour au lieu de cent quatre-vingts aujourd’hui et surtout de garantir le bien-être des chevaux quel que soient les aléas climatiques. “Je suis le chantier attentivement depuis le début. Je n’ai aucune inquiétude sur la livraison de la piste pour notre Bonneau International Poney, qui débute le 16 avril, et je suis sûr que ce sera très chouette”, explique André Bonneau, organisateur de cet Officiel de France Poney. “On pourra y faire passer davantage de chevaux et, dans un premier temps, ménager le Terrain d’Honneur.”
 
En outre, la fondation de deux nouvelles dalles permet dès à présent l’accueil d’un plus grand nombre de boxes démontables. Parallèlement, le Spring Garden verra son sol renouvelé avec un sable fibré garantissant des performances optimales par tous les temps. Cette première phase emporte également l’adhésion du sélectionneur national adjoint des équipes de France Seniors, Édouard Coupérie, établi de longue date à Barbizon, tout près de Fontainebleau. “Ces travaux attendus de longue date avancent bien et le résultat sera magnifique au niveau du Petit Parquet. Quelques arbres ont été coupés mais on en a conservé un très beau. Il faudra désormais habiller cette grande piste, qui deviendra un atout considérable pour tous les organisateurs. Le sable assure le bien-être du cheval ainsi que l’équité entre les concurrents. En outre, tout cela permettra d’organiser plus d’événements, ce qui est indispensable à l’équilibre économique de cette structure.”
 
L’an prochain, la seconde phase concernera l’agrandissement et le re-design de la Carrière des Princes. “La volonté initiale d’optimiser la qualité des sols du site a mené à une réflexion en profondeur sur un réaménagement plus global”, explique Claude Penloup, architecte référencé depuis plus de trente ans dans la construction, la réhabilitation et la rénovation de structures équestres, et retenu l’été dernier à l’issue d’un appel d’offres. “En effet, lors des grands événements, c’est au cœur du site que les choses se passent réellement et que la foule se réunit, et non au niveau des tribunes pourtant superbes qui ont été bâties voici une dizaine d’années le long du Terrain d’Honneur. Nous avons donc proposé des solutions destinées à revaloriser le centre du site. Le projet final consiste à réunir les carrières des Princes et de Diane, ne formant plus qu’une seule grande carrière entourée de tribunes démontables, et à agrémenter le Terrain d’Honneur, dont la taille serait par ailleurs réduite, d’une grande terrasse surplombante. ”
 


Quid du Terrain d’Honneur?

 
Il restera à trancher l’épineuse question de la surface de travail de ce mythique Terrain d’Honneur. “Elle se pose encore, avec une préférence pour le sable en ce qui nous concerne”, développe Claude Penloup. “L’environnement vert constituant l’un des points forts du Grand Parquet, on conserverait alors la partie dénivelée végétalisée, qui permettrait de disputer des Derbies, un peu comme à La Baule ou Dinard”, si ce n’est que ces deux sites ont choisi de conserver leur piste en herbe… “Il y aurait alors trois carrières majeures (Grand Parquet, Petit Parquet et carrière centrale, ndlr) de taille similaire et de format olympique, ce qui donnerait une impulsion internationale unique au site, à l’instar de structures de grande envergure telles que le Palm Beach International Equestrian Center de Wellington, en Floride”, conclut l’architecte.
 
Le passage en sable de toute ou partie de la surface, qui nécessiterait un énorme chantier de nivelage, a également les faveurs d’André Bonneau et Édouard Coupérie, jugeant que Fontainebleau y conserverait tout son charme et accroîtrait même son attractivité. En revanche, cette perspective est très loin de faire l’unanimité des cavaliers, éleveurs et organisateurs, estimant que la déclivité du Terrain d’Honneur contribue depuis toujours à la formation des chevaux et des jeunes cavaliers et que le site doit absolument conserver cette exception. Les élus et parties prenantes de la filière équestre ont encore deux ans pour peser le pour et le contre de chaque solution.