La Société hippique d'Hennebont disparaît du paysage équestre
L’annonce a fait l’effet d’une bombe dans la communauté des sports équestres bretons, un an jour pour jour après l’annonce de la non-reconduction du Celtik Jump, la Société Hippique Nationale d’Hennebont annonce sa disparition du paysage équestre. Entre indignation et contestation, les messages de souvenirs et de soutien se multiplient sur les réseaux. La fin d’un cycle pour certains, le pouvoir de l’argent pour d’autres. Et si ce n’était en réalité que le début d’une nouvelle histoire ?
En 2001, la Société Hippique d’Hennebont signe avec les Haras nationaux une convention d’occupation précaire. Le club, né en 1964, a vu plus de quatre générations de cavaliers monter à cheval, une longévité que chacun reconnaît comme porteur belles histoires et de bons souvenirs. “On est tous passé à la SHN un jour ou l’autre, pour un concours, ou pour monter”, souligne un internaute sur la toile. Jean-Pierre Manceron, Olivier Lemoine, Guy de Fombelle, Catherine Clivio font partie des figures de ces dernières belles années au cœur du Haras d’Hennebont, mais le rachat par les collectivités, il y a moins de deux ans, à l’heure où le Haras manquait de fermer ses portes a changé la donne.
“Entrer dans une nouvelle ère”
“La SHN entre dans une nouvelle ère, car le lien avec la convention d’usage signée en 2001 pour dix-huit ans arrive à son terme. Fin 2019, l’association va devoir se repositionner sur l’ensemble de ses activités en répondant à l’appel d’offres. L’avenir des salariés, des chevaux, des cavaliers et des propriétaires est donc en question”, soulignait Émilie Sévère, la présidente, en février 2018 dans les colonnes du Télégramme. Une vision en début d’année, qui cette fin de semaine a pris une autre tournure, après la signification par André Hartereau de la fin de la possibilité de l’appel d’offre. “J’ai envoyé un courrier vendredi à la SHN pour leur proposer deux rencontres d’ici à la fin de l’année pour expliquer nos arguments et stopper l’activité”, a indiqué le président du Syndicat Mixte du Haras d’Hennebont à nos confrères de Ouest-France. Mais alors que s’est-il passé entre temps ? Nul ne le sait vraiment, et le couperet est sans appel. Pour comprendre sans doute faut-il revenir en arrière.“Entre 2007 et 2013, le Syndicat Mixte s’est substitué au Haras Nationaux pour assurer l’entretien du site et construire son avenir. Cette passation de gestion s’accompagne inévitablement d’une remise en question de l’organisation actuelle, la recherche de nouveaux équilibres et l’optimisation des recettes de fonctionnement. Depuis plusieurs années maintenant nous avons alerté la SHN sur le besoin d’une vision de site à dix ou quinze ans”, a expliqué Jean-Marc Beaumier, directeur du Syndicat Mixte. “Jadis l’apport des Haras était très important et n’oublions pas qu’il y a trois ans ce site était en vente et que toutes les activités étaient amenées à disparaitre. Aujourd’hui, nous lui construisons un nouvel avenir, certes, sur un schéma nouveau mais qui restera uniquement équestre. Le Haras d’Hennebont fait partie des cinq sites majeurs identifiés par du plan cheval en Bretagne, un projet ambitieux. Je comprends parfaitement l’émotion suscitée par cette annonce mais cette réorganisation est nécessaire car le projet n’est plus uniquement local, il devenu régional au vu des investissements des collectivités”.
“L’avenir est à cheval !”
Alors, pourquoi mettre fin à la convention ? “Depuis plusieurs années, la SHN connaît cette échéance. Le projet qui doit être mis en place sur le site demande encore aujourd’hui des investissements et nécessite une maitrise de l’ensemble des espaces afin d’intégrer de nouveaux acteurs multidisciplinaires, développer la formation et le service aux cavaliers de tous niveaux et toutes disciplines. Mais ce n’est pas tout, il nous faut apporter une qualité, mais aussi un service autour des chevaux”, a complété Jean-Marc Beaumier. Sur Tébéo, Emilie Sévère relève : “on avait l’espoir de continuer en répondant à l’appel d’offres, ce qui n’est plus le cas aujourd’hui. Nous n’avons plus la possibilité de continuer l’activité. On ne peut envisager une ville d’Hennebont sans chevaux”. Pour André Hartereau, les choses sont aujourd’hui claires. “Le maintien du cheval dans le Haras est un des aspects du projet à long terme, il n’est pas question que cela soit remis en cause. Il y aura un développement de l’instruction, sous quel type, nous ne le savons pas encore, des compétitions dans toutes les disciplines olympiques, avec le retour du complet au haras, mais aussi de l’attelage et d’autres discipline équestres. En ce qui concerne les chevaux de propriétaires, nous devons apporter des services aux équitants”.Le projet est donc ambitieux, la couverture de la cour du puit renfonçant la position culturelle et la vocation grand public.“Nous devons définitivement sortir des projets personnels et/ou uni structurels, l’avenir se doit multidisciplinaire et multi activités. Il faut reconnaitre le travail et l’engagement des bénévoles et des salariés de la SHN, mais il faut aussi envisager l’avenir. La nouvelle phase d’étude doit redéfinir l’infrastructure, sans doute après 2020 avec la construction d’un nouveau manège, du nouveau parcours de visite, de nouvelles aires équestres, mais aussi de nouveaux parkings d’accueil… Dans ces conditions, impossible de maintenir le fonctionnement actuel sans impacter le fonctionnement d’un prestataire. Aujourd’hui, le haras voit entre 60 et 70 000 visiteurs, dont 40 000 sur la seule action culturelle. Le projet est de poursuivre le développement équestre et devenir un pôle équestre d’envergure au service des cavaliers”,conclut le directeur du Syndicat.