Des réformes à venir pour les officiels et le jugement en dressage

Comme prévu, le consensus a de nouveau primé lors de la seconde journée du septième Forum des sports de la Fédération équestre internationale, aujourd’hui à Lausanne. Le programme comportait diverses sessions de sensibilisation mais aussi deux mises à jour concernant les réflexions sur le statut des officiels et le jugement des épreuves de dressage, qui devraient aboutir à de prochaines réformes.



Le septième Forum des sports de la Fédération équestre internationale n’a pas connu le moindre heurt hier et aujourd’hui à Lausanne. C’était plutôt prévisible compte tenu des thèmes de réflexion abordés par les responsables de la FEI et délégués des fédérations nationales et autres parties prenantes du monde équestre. Si la première journée, presque intégralement dédiée à la jeunesse, s’est avérée la plus passionnante, la seconde n’en a pas été moins riche en informations et mises à jour tout à fait utiles à la communauté sportive.
 
Ainsi, on retiendra des exposés très poussés et instructifs sur les commotions cérébrales, conséquences malheureuses des toujours trop nombreux accidents enregistrés dans toutes les disciplines, ainsi que sur la gestion des athlètes humains et équins dans des conditions climatiques éprouvantes (chaleur et/ou humidité), telles que celles prévisibles lors des Jeux olympiques de Tokyo, en 2020. “C’est d’ailleurs pour cette raison, et donc pour le bien-être des chevaux et des cavaliers, meneurs et voltigeurs, que nous avons repoussé à septembre la tenue des Jeux équestres mondiaux (JEM) de Tryon, qui devaient initialement se disputer en août (et à Bromont, au Canada, ndlr), a rappelé Sabrina Ibañez, secrétaire générale de la FEI.
 


Plus de contrôles antidopage humain en 2018 ?

 
On retiendra aussi le solide exposé statistique et les quelques pistes de réflexion lancées par le groupe de travail dédié à la gestion des risques d’accidents en concours complet. Même si les décès et sévères blessures continuent à survenir lors des cross, les statistiques confirment bel et bien des progrès en la matière, aussi bien à l’échelle internationale que dans les compétitions nationales.
 
Il a également été question de dopage humain (gestion des traitements médicaux et usage des drogues récréatives), problématique a priori moins sensible en équitation que le dopage équin. Et pourtant, quelques contrôles positifs sont recensés chaque année. À ce titre, le ferme rappel à l’ordre effectué conjointement par le Dr Peter Whitehead, président du comité médical de la FEI, Mikael Rentsch, directeur des affaires légales, et Catherine Bollon, conseillère antidopage au sein de l’instance, a eu le mérite d’être clair. Hélas, il semblerait que les contrôles soient encore trop rares en dehors des grands événements (JO, JEM, Jeux et championnats continentaux, voire CSIO, CICO et CDIO), d’où certaines négligences, voire un sentiment d’impunité. Pourtant, “chacun doit savoir qu’il peut être contrôlé à tout moment, en compétition mais aussi en dehors. Il est vrai que la FEI diligente moins de contrôles sur les humains que sur les chevaux, mais encore faut-il rappeler que la politique de lutte contre le dopage humain, contrairement à l’équin, n’est pas de sa seule responsabilité. Elle est du ressort de l’Agence mondiale antidopage et des États hôtes des compétitions. Pour autant, nous prévoyons d’augmenter le nombre de contrôles menés cette année”, ont assuré de concert Sabrina Ibañez et Ingmar de Vos, président de la FEI, lors de la conférence de presse finale de ce Forum.
 


La FEI reprend un peu de contrôle sur les officiels


Outre ces thématiques, deux sujets conduiront à de prochaines réformes règlementaires, qui devraient être présentées au vote de l’assemblée générale de la FEI, soit cette année, soit en 2019. Il en va ainsi, d’abord, des 8 000 officiels de compétition : vétérinaires, chefs de piste et surtout délégués techniques, juges et commissaires au paddock. Ce sujet majeur de l’édition 2016 du Forum a déjà fait l’objet d’un long travail de réflexion et de nombreux échanges entre le groupe de travail dédiée et l’ensemble des parties prenantes des sports équestres. Lors de cette session, se sont succédé au pupitre le Canadien Mark Samuel, deuxième vice-président de la FEI et président dudit groupe de travail, Sönke Lauterbach, secrétaire général de la Fédération allemande, le Belge Peter Bollen, président de l’Association des organisateurs de jumpings, l’Italienne Frances Hesketh-Jones, directrice de la formation pour le saut d’obstacles, ainsi que la Namibienne Brigitte Mathias, secrétaire générale de la Fédération namibienne. Après l’entrée en vigueur d’un Code de conduite commun aux officiels de toutes les disciplines, le groupe s’attèle actuellement à rédiger les fiches de mission des quelque cent dix catégories d’officiels recensées! Ce travail pharaonique devrait précéder la mise en place d’un processus d’évaluation régulier des compétences et capacités de chacun, lequel se substituerait alors aux actuelles limites d’âge. De gros efforts sont et continueront à être accomplis en matière de formation: gestion des calendriers, amélioration des supports, formation des maîtres et mise en service progressive de la plateforme en ligne FEI Campus, qui regroupera toutes les connaissances nécessaires aux officiels, mais aussi aux compétiteurs et même à tous les adeptes d’équitation.
 
A priori, la progression des juges et stewards dans leur hiérarchie respective ne sera plus soumise aux souhaits des fédérations nationales, mais de la FEI elle-même, sauf pour l’accession au premier niveau international (1*). Un fond a également été mis en place afin de permettre aux officiels issus de nations émergentes de venir exercer leurs compétences dans les zones plus riches en événements, sans ruiner les organisateurs, qui conserveront la charge de leur rétribution et de leurs frais. Un pool de développement sera aussi créé à cet effet. Enfin et surtout, la FEI entend reprendre un peu de contrôle sur le choix des personnes officiant dans tel ou tel concours. Dans le cadre d’un nouveau système de rotation, un juge ou commissaire ne pourrait plus officier plus de cinq années de suite dans un même événement et devrait observer une pause de deux ans avant de revenir. “Un œil neuf ne peut que contribuer à améliorer la qualité des concours”, a très justement argué Sönke Lauterbach. Pour l’heure, les CSI et CDI 5* n’y seraient pas soumis, dans l’attente de la possible création d’un nouveau statut de “super officiels” professionnels formés, recrutés et rémunérés par la FEI. En outre, tous les organisateurs devaient être invités à intégrer un nouveau juge et un nouveau steward chaque année, ce qui se fait déjà en complet et en attelage. Afin de contrôler la mise en application progressive de toutes ces mesures et processus, un poste de responsable des officiels sera prochainement ouvert au siège de la FEI à Lausanne.

Améliorer le jugement humain en dressage
 
En ce qui concerne le jugement des épreuves de dressage, dernier sujet au programme de cette seconde journée, les présentations se sont parfois avérées ardues, surtout celle du cavalier olympique britannique Richard Davison, qui a mené une étude en partenariat avec l’Université de Nottingham au sujet de la régularité du jugement humain en termes cognitifs. Il est clair que demander à un même groupe de personnes de noter trente-cinq mouvements en sept minutes, et ce quarante fois en une journée, même avec des pauses, relève de la gageure. “Les preuves de variabilité de la cohérence humaine sont incontestables. Du reste, beaucoup d’autres sports se sont posés ou se posent actuellement les mêmes questions que nous. Ne serait-il pas temps d’évaluer les demandes cognitives auxquelles nos juges sont soumis ”, lance Richard Davison, qui s’est également penché sur l’influence des conditions de travail (nourriture, hydratation, état de santé, traitements médicaux, décalage horaire, etc.).
 
Faudrait-il assister l’humain de la machine, les nouvelles technologies proposant des solutions de plus en plus convaincantes? On n’en est visiblement pas encore là. Quoi qu’il en soit, un groupe de travail dédié finalise actuellement la rédaction d’un code des points destiner à affiner le jugement d’un certain nombre de mouvements caractéristiques du Grand Prix. En accord avec le plus ancien manuel de jugement, celui-ci devrait prochainement s’accompagner d’une base de données de vidéos illustrant et analysant les mouvements parfaits. De son côté, Frank Kemperman, président du comité de dressage, ne désespère pas de faire entendre raison aux puristes, allemands notamment, quant à la durée du Grand Prix, premier test au programme des grands concours et championnats, dont les textes comportent des mouvements répétés à deux ou trois reprises. L’idée sous-jacente serait alors de limiter la durée des épreuves pour favoriser un jugement plus fin et régulier. En tout cas, aucune réforme majeure, même votée cette année, n’entrerait en vigueur avant les JO de Tokyo.
 
À noter que l’ensemble des discussions, filmées et diffusées gratuitement en direct sur FEI TV, seront très prochainement disponibles en replay. De même, l’ensemble des supports de documentation ayant nourri les présentations et échanges seront mises gratuitement en ligne sur le site internet de la FEI.