Il n’existe plus de chevaux sauvages sur Terre

Une étude scientifique parue hier a démontré qu’il n’existait plus de chevaux sauvages sur terre, considérant que le cheval de Przewalski avait finalement été domestiqué. GRANDPRIX-Replay.com vous propose de revenir sur ces études avec quelques éléments d'explication.



Une remise en question globale

Lorsque l’on pense avoir tout découvert de l’Histoire, parfois, une simple étude scientifique peut nous ramener à la réalité et nous montrer qu’il restera toujours des parts de mystère. C’est le cas de l’étude publiée dans la revue Science le 22 février par les auteurs d’une analyse ADN (Acide DésoxyriboNucléique). Menée sur les molécules de chevaux sauvages très anciens, elle réfute la théorie qui soutenait que les chevaux modernes sont apparus il y a plus de 5000 ans au Kazakhstan. La recherche montre que les seuls chevaux encore existants que l'on considérait comme sauvages, appelés les chevaux de Przewalski, ne le sont pas vraiment.
 
"Cet article change radicalement notre façon de penser à propos de l'origine des chevaux modernes", a expliqué Molly McCue, vétérinaire et généticienne équine au College of Veterinary Medicine à l'Université du Minnesota.


Ce que l'on imaginait

Ce séquençage de l'ADN du cheval sur ce site historique au Kazakhstan suggère que ce n'est pas là que les chevaux domestiques d'aujourd'hui sont nés.

Ce séquençage de l'ADN du cheval sur ce site historique au Kazakhstan suggère que ce n'est pas là que les chevaux domestiques d'aujourd'hui sont nés.

© Alan Outram

Jusqu'à présent, de nombreux chercheurs pensaient que la culture Botaï, un ancien groupe de chasseurs et d'éleveurs qui dépendaient des chevaux pour se nourrir et éventuellement pour les transporter dans le nord du Kazakhstan, a finalement attelé les chevaux pour la première fois il y a 5500 ans.


Les chercheurs ont en effet découvert de la viande de cheval ainsi que de la graisse de lait dans la poterie de Botaï. Une découverte qui suggère alors que ces personnes mangeaient les chevaux et gardaient des juments en captivité pour la traite. Des marques retrouvées sur les dents des chevaux indiquent que les Botaï les attachaient avec des cordes et les chevauchaient ou les gardaient en troupeau. Ainsi, cela appelle forcément à un certain degré de domestication.


Ce qui a été démontré

Mais l’histoire ne s’arrête pas là et elle revient même vers un chercheur français ! Le paléogénéticien Ludovic Orlando du CNRS de Toulouse, également associé à l'Université de Copenhague a décidé d'analyser l'ADN ancien de ces chevaux. L’homme fait équipe avec le zooarchéologue spécialiste de la culture Botaï, Alan Outram de l'Université d'Exeter au Royaume-Uni. Ensemble, ils ont recueilli et séquencé l'ADN de vingt chevaux Botaï ; ils ont fait la même chose pour un nombre similaire de chevaux vivant dans diverses régions au cours des 5000 dernières années. Ils ont ensuite comparé ces séquences à des dizaines de séquences déjà existantes, y compris les chevaux de Przewalski, et construit un arbre généalogique montrant quelles races étaient les plus proches. L'arbre généalogique nous "a fait un choc", a assuré Ludovic Orlando. En effet, les chercheurs ont tout de suite compris que le cheval de Przewalski était finalement un cheval domestiqué et non sauvage comme nous l'avions imaginé depuis tant d'année. Celui qui était donc connu comme "le dernier cheval sauvage" est finalement l'ancêtre de nos chevaux domestiques.
 
 
Pour Beth Shapiro, professeure d'écologie et de biologie évolutive à l'université de Californie de Santa Cruz, cette découverte ne doit pas changer le statut de ces chevaux. "Nous devrions continuer à protéger les chevaux de Przewalski comme une population de chevaux sauvages", estime cette chercheuse qui n'a pas participé à l'étude. L'équidé de Przewalski est une espèce menacée selon l'Union internationale pour la conservation de la nature.