Comment limiter les risques sans perdre l'âme du concours complet ?
Largement relayées par les grands médias, les impressionnantes chutes vécues par Andrew Nicholson et William Fox-Pitt, le 9 août à Gatcombe Park et le 17 octobre au Lion-d’angers, ont ému le monde équestre. Stars de la discipline, le Néo-Zélandais et plus encore le Britannique ont subi de graves traumatismes nécessitant une hospitalisation et une convalescence dont on ignore encore précisément le terme. Fort heureusement, les nouvelles provenant de leurs proches semblent rassurantes.
Ces deux accidents relancent nécessairement le vieux débat sur la dangerosité du complet. De fait, l’histoire de ce sport d’origine militaire est hélas marquée par des drames qui ont trop souvent coûté la vie à des cavaliers ou à leurs chevaux. Même si le programme de gestion des risques de la Fédération équestre internationale a permis de réduire la fréquence et la gravité des chutes, le cross-country reste une entreprise périlleuse pour ses adeptes.
Menacé depuis longtemps par le Comité international olympique en raison de son coût d’organisation, de son manque d’universalité, mais aussi de ses risques pour les compétiteurs, humains et animaux, le concours complet semble contraint à poursuivre sa mue sous peine de disparaitre des Jeux.
Grand Prix Magazine a tenté de mesurer l’ampleur de ce phénomène, d’éclairer les responsabilités juridiques des différents acteurs de la compétition, et d’ouvrir le débat sur l’efficacité des moyens parfois controversés mis en œuvre par la FEI pour limiter les risques. À ce titre, les réponses des deux grands chefs de piste français, Pierre Michelet et Pierre Le Goupil, ainsi que celle de Guiseppe della Chiesa, metteur en scène du CCI 4* de Badminton et président du comité de complet de la FEI, sont particulièrement intéressantes.
Depuis le début des années 2000, le concours complet est confronté à des enjeux majeurs. Son maintien au programme des Jeux olympiques dépend notamment de sa capacité à lutter contre les accidents graves, voire mortels, qui ternissent son image. À ce titre, même s’il reste la plus dangereuse des trois disciplines olympiques, il faut bien reconnaître que le complet est aussi celle qui a le plus évolué.
En 2002, le concours complet est dans le viseur du Comité international olympique (CIO). Jugé trop coûteux à organiser, trop peu médiatique, et surtout trop dangereux, il est menacé d’être exclu des Jeux. Ce n’est pas la première fois que le risque est avéré, mais cette fois, la Fédération équestre internationale prend la menace extrêmement au sérieux. La série noire de 1999 en Grande-Bretagne (lire page 78), où cinq cavaliers chevronnés ont trouvé la mort en autant de mois, est dans tous les esprits. La FEI adopte alors une série de mesures drastiques et un programme de management des risques dont dépend l’avenir du complet. Au fil des réflexions, tâtonnements et compromis, le sport connaît alors d’importantes évolutions.
La fin du steeple et des routiers
Aux JO d’Athènes, le concours complet change de visage. Si aucune modification majeure n’affecte le dressage et l’hippique, l’épreuve de fond est amputée de trois des quatre phases qui la composent : elle se limite désormais à un parcours de cross. La spécificité des CCI par rapport aux CIC disparaît et la performance exigée des athlètes est réduite. Jusqu’à 2004, la deuxième journée des plus grandes échéances internationales s’apparentait à un véritable marathon. Les compétiteurs affrontaient d’abord un routier de 6 km sans obstacles, à boucler au trot en vingt minutes. Ils enchaînaient avec un steeple de 3 km parsemé d’obstacles de volée, à réaliser au rythme très élevé de 690 m/min. S’ensuivait un second routier de quarante-cinq minutes. Enfin, après une courte récupération, venait le cross en lui-même. Sa distance dépassait largement les 6 000 m moyens actuels : 7 410 m à Los Angeles, 7 480 m à Séoul ou 7 450 m à Sydney, avec une quarantaine d’obstacles à franchir. Au total, les couples devaient donc couvrir quelque 25 km, un effort si intense qu’un cheval de haut niveau ne pouvait concourir que deux à trois fois par an.
La suite de ce dossier est à lire dans le numéro de décembre/janvier de Grand Prix Magazine.
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