LA FEI BOTTE EN TOUCHE DANS L?AFFAIRE DES CHAMPIONNATS DU MONDE D'ENDURANCE 2012...



En 2012, le cheikh Hamdane ben Mohammed al-Maktoum, sacré champion du monde cet été à Caen, avait été soupçonné de monter deux chevaux portant le même nom, Marmoog, dans deux courses différentes afin de faciliter sa qualification sur 160 km. On attendait donc les conclusions du tribunal de la FEI… qui refuse de statuer, estimant avoir été saisi trop tard.

 

L’affaire prête à sourire même si elle demeure grave sur le fond. Le cheikh Hamdane ben Mohammed al-Maktoum, cavalier d’endurance émirati issue de la grande famille de l’émir du Dubaï, aurait monté deux chevaux différents mais portant le même nom dans deux courses différentes dont celle des championnats du monde d’Euston Park (Grande-Bretagne), en 2012. Le lièvre avait été levé sur le terrain auprès des juges de la FEI, mais aucun élément suffisant n’avait permis de poursuivre le cavalier. Un an et demi plus tard, la journaliste Pippa Cuckson avait dévoilé en illustration de son article publié dans le “Daily Telegraph” deux photos représentant le prince sur deux chevaux visiblement différents et qui auraient été prises sur les deux épreuves concernées. La FEI avait alors été saisie et une enquête avait été diligentée. Elle vient de rendre publique ses conclusions dans un communiqué daté du 2 décembre 2014. L’institution dit avoir été saisie trop tard pour pouvoir établir les faits, mais annonce des nouvelles règles pour vérifier l’identification des chevaux en 2015, son enquête ayant révélé des lacunes dans ce domaine.

Il semblerait que le prince héritier de Dubaï ait donc bien couru avec un autre cheval que celui qu’il avait qualifié pour ce faire sur la CEI 3* 160 km de Numana (Italie), en juin 2012. Ce dernier, Prince de La Sablière, acheté en France par les écuries Nad al-Sheba de la famille al-Maktoum, avait été rebaptisé Marmoog le 7 août 2012, trois semaines avant les championnats du monde. Cependant, il était apparu à certains observateurs que le Marmoog qui avait couru n’avait pas les mêmes marques blanches et listes que Prince de La Sablière, et qu’il avait une balzane blanche, et Prince non… Sur le terrain, les officiels ont affirmé que les papiers étaient en règle de même que la puce électronique, ce qui fait qu’aucune suite n’avait été donnée. D’ailleurs, le cheval avait été éliminé à la troisième boucle de l’épreuve qui avait remportée par le père du prince, le cheikh Mohammed lui-même sur Madji du Pont.

Et si l’on en finissait avec les changements de noms?

En mars 2014, quelques jours après la publication de l’enquête de Pippa Cuckson, il est apparu que Marmoog avait changé de nom pour s’appeler désormais Jsas. Le 17 mars, selon l’enquête de la journaliste, déjà réputée pour ses dénonciations des dérives de l’endurance, il a couru la President Cup avec une nouvelle puce électronique.

La FEI, dans son communiqué, indique notamment que les changements de noms de chevaux est régi par les fédérations nationales. Elle précise aussi par la voix de son secrétaire général – et accessoirement candidat favori à la présidence… – Ingmar de Vos que la publication des conclusions de l’enquête a pris du temps car les investigations ont été 'minutieuses et approfondies'. Mais la FEI ne peut entreprendre d’action légale, car les délais sont clairement dépassés au regard des règles en cours en 2012. À l’avenir, les procédures d’identification vont être revues. Des propositions vont être soumises au bureau de la FEI pour être votées en assemblée générale en 2015.

Si tout cela n’a pas été diligenté aussi vite que la marée montante dans la baie du Mont Saint-Michel ou que le galop de Yamamah alias Kurrujong Concorde, sacré champion du monde sous la selle du même Hamdane ben Mohammed al-Maktoum aux Jeux équestre mondiaux en août dernier, gageons que l’on sorte de ces sables mouvants… La FEI aurait, à bien des égards, tout intérêt à interdire définitivement les changements de noms de chevaux, exception faite des affixes commerciaux.

Pierre Jambou