En avril, l’impact économique du Covid-19 sur la filière équine a été énorme…
Fermeture des établissements publics, interdiction des rassemblements, confinement de la population… Les mesures d’endiguement de l’épidémie de Covid-19 impactent directement les entreprises équines. Quelles seront les conséquences économiques sur ces acteurs et quel sera l’impact sur l’ensemble de la filière équine? Pour répondre à ces questions, le ministère de l’Agriculture a commandité une étude mensuelle à mener par l’IFCE, en appui aux acteurs de la gouvernance de la filière du cheval, pour évaluer les impacts économiques à la fois immédiats mais aussi à plus long terme. En voici les résultats pour le mois d’avril 2020.
Jusqu’à 80% de chiffre d’affaires en moins pour les structures équestres
En avril 2020, l’Institut français du cheval et de l’équitation (IFCE), les sociétés-mères et la Fédération française d’équitation (FFE), au sein de la gouvernance de la filière du cheval, ont réalisé une enquête pour évaluer les pertes économiques immédiates liées à l’arrêt des activités telles que les courses, les compétitions équestres, l’enseignement de l’équitation, l’utilisation d’équidés pour le travail. Cette synthèse en présente les premiers résultats. L’impact économique de l’arrêt des activités en mars, et surtout en avril 2020, est considérable pour les entreprises.
Sur les 2733 réponses obtenues, dont certaines partielles, 1238 répondants ont été répartis en quatre sous-groupes de même effectif en fonction de leur dimension économique, selon leur chiffre d’affaires 2019: groupe 1, CA < Q1 (n=310); groupe 2, Q1 < CA < médiane (n=309); groupe 3, médiane < CA < Q3 (n=309); groupe 4, CA > Q3 (n=310). Q1: 58 284 euros; médiane: 112 646 euros; Q3: 209 908 euros. Selon leur dimension économique, les établissements enquêtés ont dégagé en moyenne en 2019 entre 36.000 euros et 434.000 euros de chiffre d’affaires. L’enseignement représente 50 à 55% du chiffre d’affaires, contre 20 à 25% pour la prise en pension. La valeur ajoutée* varie en moyenne entre 9.000 euros et 215.000 euros. L’activité a pu être maintenue durant les quinze premiers jours de mars avant la mise en place des mesures de confinement, ce qui a limité les pertes de chiffre d‘affaires en mars. En avril, le recul de chiffre d’affaires s’est nettement accru, les plus grosses structures étant particulièrement impactées. Les activités ne sont pas strictement similaires d’une semaine sur l’autre donc les pertes ne sont pas proportionnelles au nombre de jours sans activité.
Moins 70% pour les cavaliers et marchands de chevaux
En filière Sport, 473 réponses (éleveurs, cavaliers, marchands, propriétaires) ont été obtenues. Cinquante et une réponses de cavaliers et de marchands de chevaux sont valorisées ici. Les résultats économiques sur l’année 2019 des cavaliers et des marchands sont très dispersés: un quart a dégagé un chiffre d’affaires (CA) inférieur à 44.300 euros contre un quart ayant un CA supérieur à 210.000 euros. La pension-travail des chevaux représentent environ 45% du CA, les ventes de chevaux 35% contre moins de 5% pour les gains en concours. Parmi les quarante-deux répondants ayant fourni des données sur leurs charges en 2019, 20% ont une valeur ajoutée négative en 2019 : leurs activités n’ont donc créé aucune richesse.
En mars, la saison de compétition démarre: l’activité de valorisation des chevaux en compétition, support à la commercialisation, avait ainsi à peine débuté au moment de la mise en place des mesures d’endiguement de l’épidémie. L’arrêt des compétitions mais aussi le confinement de potentiels acheteurs affectent alors l’activité économique du secteur.
Méthode et collecte des données
Une enquête déclarative a été réalisée par Internet du 3 avril au 2 mai. Elle a été diffusée par courriel par les organismes. Près de 3.900 entreprises y ont répondu en tout ou partie. Le questionnaire visait à collecter des données chiffrées afin de connaître leur situation économique avant la crise et estimer leurs pertes en mars-avril 2020. Indicateurs demandés: chiffres d’affaires, charges liées aux équidés, charges fixes, charges de personnel. Périodes de référence: montants annuels en 2018 et 2019 et montants mensuels en mars et avril 2019 et 2020.
Après extraction des réponses et élimination des doublons, un nettoyage a été opéré : analyse des non-réponses partielles et des valeurs atypiques, contrôles de cohérence, puis correction ou suppression si nécessaire. Un fichier épuré de 2.430 réponses avec données chiffrées a ainsi été constitué. Les réponses ne sont pas toutes complètes mais les analyses en tiennent compte et les indicateurs comparés sont produits sur échantillon constant. Une analyse de la représentativité des échantillons répondants est en cours, en s’appuyant sur un appariement ou des comparaisons avec des fichiers sources de la filière. Un redressement des résultats de l’enquête sera ensuite opéré si besoin, pour permettre une extrapolation statistiquement fiable à partir des indicateurs moyens collectés.
L’analyse de la représentativité des répondants puis le redressement des résultats de l’enquête permettront d’extrapoler à partir des indicateurs moyens collectés en mars-avril. Ces indicateurs seront complétés pour le mois de mai pour estimer l’impact total immédiat de l’arrêt des activités sur l’ensemble de la période de confinement. Les autres activités de la filière équine impactées sur l’ensemble de l’année seront également considérées dans la suite de l’étude.
À l’issue de la sortie de crise, la résilience de la filière équine sera étudiée au regard des politiques publiques et institutionnelles mises en place, qui pourraient atténuer l’impact sur les activités équines et sur l’emploi. L’arrêt ou le report de nombreuses activités au cours de la crise sanitaire 2020 engendre une situation de recul de l’offre. Il pourrait s’ensuivre un deuxième effet négatif de baisse de la demande, indépendamment d’un maintien ou non des revenus. De nombreuses données seront à suivre en 2020 et 2021. Il en sera ainsi des marchés: offre moindre sur le marché du cheval, en lien avec un recul des juments mises à la saillie en 2020? Recul de l’offre de prestations, en lien avec les possibles défaillances d’entreprises? Hausse des achats de fourrages, en raison de la mise à l’herbe accrue de chevaux en 2020? etc. Cela concernera aussi l’emploi: recul de l’emploi saisonnier et/ou évolution des conditions d’emploi permanent? Hausse de défaillances d’entreprises? Et enfin la demande: des changements de comportements et modes de consommation, en France comme à l’étranger, vont-ils impacter les ventes de produits équins (paris sur les courses hippiques, équitation, achats de chevaux, etc.)?