L’équipe de France d’attelage se prépare à la reprise
Cantonnés comme tous les sportifs de haut niveau à attendre la reprise des compétitions internationales après une longue pause liée à la crise du Covid-19, les cavaliers de l’équipe de France d’attelage ont hâte de se retrouver pour pratiquer leur discipline. Présentant pour la majorité d'entre eux la particularité d'avoir une vie professionnelle parallèle, ce qui a constitué un avantage pendant cette période, quelques-uns des meneurs tricolores ont raconté leur nouveau quotidien.
Début mars, alors qu’ils amorçaient la reprise des compétitions après une habituelle pause hivernale, les membres de l’équipe de France d’attelage ont dû, comme tous les Français, se confiner et cesser une partie de leurs activités pendant la crise du Covid-19. Et si leur discipline n’était pas au programme des Jeux olympiques, les meneurs auraient tout de même dû disputer un certain nombre de beaux rendez-vous cette année, comme les CAIO 4* de Windsor, Valkenswaard, Saumur ou encore Aix-la-Chapelle, et surtout les championnats du monde à quatre chevaux, qui pourraient toutefois être maintenus, à Kronenberg, aux Pays-Bas. Confinés chez eux, les Tricolores en ont profité, comme beaucoup, pour effectuer du travail de fond avec leurs montures. “Nous avons répété nos gammes de gymnastique et entretenu la condition physique des chevaux sur le plat“, confirme Benjamin Aillaud, leader de l’équipe de France d’attelage. “Nous avons beaucoup travaillé en extérieur aussi. En fait, nous avons pu optimiser cette période car nous avions davantage de temps pour de l’entraînement au long cours et développer nos relations avec certains chevaux. À côté de ça, comme beaucoup, cela m’a permis de passer plus de temps en famille. D’habitude, nous enchaînons les concours, donc nous en avons profité.“
Aussi, qui dit travail au long cours dit également formation et apprentissage pour les plus jeunes recrues. Anthony Hordé, pour sa part, a même pu démarrer la formation d’un nouvel attelage. “Au début, comme tout le monde, j’ai continué de m’entraîner de la même manière car on avait tous l’espoir que la crise ne dure pas trop longtemps“, avoue-t-il. “Finalement, je suis rapidement passé à un travail d’entretien avec les chevaux de tête ou plus matures. Je me suis concentré sur les jeunes chevaux qui seront en compétition dans un ou deux, et j’ai même accueilli deux nouveaux jeunes chevaux.“
L’avantage de la double-casquette
La majorité des meneurs présentent la particularité d’être moins exclusifs dans leur activité et pratiquent parfois des professions en parallèle de leur discipline. Cela a été un avantage certain pour traverser la crise sanitaire et économique qui a commencé il y a près de trois mois, car ces sportifs ont pu conserver une grande part de leurs revenus. “Pour ma part, je suis agriculteur en Picardie, et mon épouse est médecin“, réagit Anthony Hordé. “L’arrêt des compétitions a forcément réduit mon activité équestre, mais je ne suis loin d’être le plus pénalisé. En vérité, le seul changement a été l’absence des concours et les moments partagés avec l’équipe, qui me manquent beaucoup d’ailleurs ! Ces dernières semaines, nous avons pas mal échangé avec Felix Marie-Brasseur (entraîneur national, ndlr) et Quentin Simonet (conseiller technique national, ndlr), qui nous réclamaient régulièrement des vidéos. J’ai hâte de pouvoir revoir cette joyeuse bande !“
Idem pour Thibault Coudry, qui travaille dans les transports en parallèle de son activité équestre. “Le confinement n’a quasiment rien changé pour nous non plus car je ne vis pas de l’attelage. Ma femme a poursuivi son activité avec les chevaux, et j’ai continué à travailler, même si le rythme était ralenti. En gros, je travaillais la semaine et je montais à cheval le week-end, comme d’habitude. Donc honnêtement, il y a plus malheureux que nous ! Dans la vie de tous les jours, le travail me permet de décrocher de l’attelage et inversement. Je suis toujours heureux d’aller en concours, mais aussi d’en rentrer. Ceux qui font ça tous les jours sont peut-être plus passionnés que moi, mais je sais que je ne pourrais pas passer toutes mes journées à cheval. J’ai besoin d’un équilibre.“ Pour Benjamin Aillaud, dont les activités professionnelles se concentrent dans le milieu équestre, avoir plusieurs casquettes est un véritable atout. “Dans des périodes telles que celle que nous venons de traverser, avoir plusieurs cordes à son arc est presque une nécessité. L’inverse peut être compliqué, et on peut risquer de se retrouver dans la panade.“
Un planning à remodeler
À la suite des annulations en cascade de tout un tas de concours, la feuille de route initiale pour l’année 2020 est donc à jeter. “Pour l’instant, nous n’avons pas trop de vision à long terme“, explique-t-il. “Les championnats du monde ont été annulés, puis maintenus, puis re-annulés, donc nous attendons davantage de précisions.“ Pour la totalité des meneurs français, la saison devrait se concentrer sur des concours nationaux. À ce stade, Thibault Coudry se questionne même sur l’utilité d’une reprise potentielle de la compétition entre la fin de l’été et le début de l’automne. “J’en viens même à me demander de quelle utilité aurait de repartir en concours fin septembre, de pousser les chevaux pour être performants assez vite, pour repartir dans six mois d’hiver à peine quelques semaines après. C’est le grand dilemme qui pourrait se poser si le calendrier ne se remplit pas rapidement…“