Le surpuissant Good Luck n’apparaîtra plus en compétition
Dans son podcast diffusé le vendredi 19 juin, le cavalier Irlandais Cian O’Connor a officialisé le retrait définitif du sport de Good Luck, absent des compétitions depuis une blessure contractée après les Jeux équestres mondiaux de Tryon en 2018. Avec l’étalon, il a remporté deux médailles lors des Européens de Göteborg en 2017, dont l’or par équipes. Désormais âgé de quatorze ans, le bai se consacre à sa carrière de reproducteur.
Sans surprise, la dernière apparition de Good Luck sous la selle de Cian O’Connor remontant aux Jeux équestres mondiaux (JEM) de Tryon en 2018, le cavalier irlandais a confirmé que son fidèle Good Luck, n’apparaitrait plus en compétition. Avec le bai brun dont les bonds ont scotché les tribunes de presque chaque terrain de concours qu’il a foulé, Cian O’Connor a formé l’un des couples piliers des vestes vertes entre 2015 et 2018. “Chaque fois à la fin d’année, j’avais pour objectif de concourir au plus haut niveau la saison suivante avec Good Luck. Malheureusement, aux JEM de Tryon en 2018, il s’est blessé et cela aurait été risqué de continuer à le faire concourir, donc il profite maintenant de sa retraite. Il est chez l’un de mes propriétaires à Kilkenny, dans un élevage. Nous essayons de récolter de la semence, mais il n’est pas très fertile. Nous travaillons là-dessus et espérons qu’il soit disponible bientôt pour nos propres juments, ou certaines soigneusement sélectionnées.”
Good Luck (BWP, Canturo x Furioso II) a d’abord été débuté par le cavalier belge Fabrice Galdini. Ils ont évolué des épreuves Jeunes Chevaux aux Grand Prix à 1,45m, avec notamment un double sans-faute et une cinquième place lors du CSI 2* de Jardy en septembre 2014.
Comme Cian O’Connor le raconte dans son podcast, il a rencontré Good Luck par le biais du cavalier égyptien Abdel Saïd, qui a remarqué le bai et lui a envoyé une vidéo en concours. L’étalon n’était alors pas vraiment à vendre, mais l’Irlandais a pu aller l’essayer. “À l’époque je travaillais avec Nicole Walker et son grand-père. J’ai parlé avec monsieur Stronach du fait que j’étais intéressé par un cheval au potentiel olympique, et que nous pourrions l’acheter avec cet objectif-là. Il a décidé de me soutenir. Je suis donc allé essayer Good Luck pendant une journée. Immédiatement, j’ai senti que ce cheval avait une force extraordinaire. Tout le monde s’intéressait lui, quand on le voyait sauter c’était juste phénoménal. Nous nous sommes assis pour négocier avec son propriétaire, ce fut compliqué mais nous avons réussi et Good Luck est arrivé en novembre 2014. […] Au début quand je le montais il était un peu comme un lion, assez agressif, mais avec une qualité de saut incroyable. Il n’avait que huit ans donc nous avions encore beaucoup de travail pour l’amener au plus haut niveau. L’année suivante pourtant il a sauté les championnats d’Europe à seulement neuf ans. C’est un cheval très intelligent et combatif.”
À seulement neuf ans, Good Luck représente l’Irlande aux Européens d’Aix-la-Chapelle
Effectivement, dès leurs débuts en 2015, le couple formé par Good Luck et Cian O’Connor a été performant, concluant leur tournée hivernale aux États-Unis par une victoire dans le Grand Prix du CSI 2*-W d’Ocala, en Floride. Les résultats prometteurs s’enchaînent: troisième par équipes à La Baule, avec un sans-faute en seconde manche puis à Saint-Gall, avec deux parcours à quatre et cinq points, ils sont de l’équipe victorieuse sur leurs terres à Dublin, signant un sans-faute en première manche avant de faire tomber une barre lors de la seconde. Pour leur première saison, ils sont sélectionnés pour les championnats d’Europe d’Aix-la-Chapelle. Ils finissent septièmes par équipes, signant un premier sans-faute en première manche avant de laisser une barre à terre. Le duo conclut son premier grand championnat à la vingt-huitième place individuelle. Quelques semaines plus tard, ils seront les acteurs de la cinquième place de l’Irlande lors de la finale de la Coupe des nations à Barcelone, signant le seul sans-faute de l’équipe dans le deuxième acte, après un premier tour à quatre points.
La saison 2016 commence comme la précédente, avec de bons résultats outre-Atlantique, et les huitième et quatrième places lors de Grand Prix CSI 5* à Wellington, en février. Le duo représente ensuite l’Irlande avec succès en Coupes des nations, apportant sa pierre à l’édifice à la victoire par équipes au CSIO 5* de Saint-Gall, ainsi qu’à la deuxième de l’Irlande à Dublin avec un double zéro, avant de prendre la quatrième place du Grand Prix avec quatre points au barrage. Cette saison restera toutefois marquée par une déception, celle de ne pas être le couple représentant l’Irlande aux Jeux olympiques de Rio de Janeiro, le sélectionneur national préférant y envoyer Greg Broderick et MHS Going Global. Malgré une élimination lors du Grand Prix de Calgary en septembre, le couple se ressaisit et effectue une saison indoor impressionnante: cinquième à lors des Masters de Los Angeles, dixième lors de l’étape de la Coupe du monde d’Oslo, troisième de celle de Stuttgart, tous deux quittent la piste de Palexpo avec une barre dans leur premier Grand Prix du CHI de Genève.
Une dernière apparition en compétition à Tryon
En 2017, les double sans-faute s’enchaînent: quatrième à Wellington lors de la traditionnelle tournée hivernale, quatrième également à Wiesbaden dans le Grand Prix CSI 4* en juin, vainqueur du Grand Prix CSIO 5* de Sopot et deuxième à Rotterdam. Ils sont également sixièmes lors de la coupe des nations de Dublin, avec un seul point de temps dépassé en seconde manche. 2017 s’avère être l’année de la consécration avec deux médailles glanées aux championnats d’Europe organisés à Göteborg, en Suède. Ils se parent d’or par équipes grâce à un double sans-faute, avant d’accrocher le bronze en individuel, avec un malheureux quatre points lors de la seconde manche de la finale. Initialement sélectionnés pour représenter leur pays à Barcelone lors de la finale de la Coupe des nations, le couple déclare forfait à la suite de la warm-up, l’étalon souffrant d’une blessure à l’épaule.
Le duo est de retour en juin 2018 à l’occasion du CSI 5* de Treffen. Après avoir repris ses marques, Good Luck retrouve le grand sport au CHIO d’Aix-la-Chapelle en juillet, où il est deuxième de la Coupe des nations. En vue des Jeux équestres mondiaux de Tryon, le couple convainc Rodrigo Pessoa, alors sélectionneur de l’équipe irlandaise de saut d’obstacles. En Caroline du Nord, les vestes vertes terminent septièmes par équipes, Cian O’Connor et Good Luck sortant de piste avec un sans-faute en première manche et quatre points dans la seconde. Un peu moins en verve lors de la finale individuelle, ils concèdent huit points et achèvent ce grand championnat par une treizième place individuelle, pour ce qui s’avèrera finalement être leur dernière apparition en compétition.
Malgré cette retraite anticipée, Cian O’Connor et Good Luck auront formé l’un des couples leaders de l’équipe irlandaise pendant trois saisons. L’Irlandais le qualifie même de “meilleur cheval qu’il ait eu durant (sa) carrière jusqu’ici”.