“Même si le nombre d’offres d’emploi repart globalement à la hausse, des inquiétudes demeurent”, analyse Équi-ressources
Équi-ressources et l’Institut français du cheval et de l’équitation (IFCE) ont présenté ce lundi le rapport du marché du travail dans la filière équine en France pour l’année 2020.
Le rapport d’Équi-ressources et de l'Institut français du cheval et de l’équitation (IFCE), présenté ce lundi, caractérise le marché du travail de l’emploi salarié de la filière équine en France. En s’appuyant sur l'analyse des données disponibles sur sa plateforme et sur l’observatoire des métiers de l’emploi et des formations de la filière équine (l’Omeffe), ce rapport met en avant les métiers avec une forte demande et les difficultés de recrutement.
“Le rapport 2020 présente son analyse en s’appuyant sur les offres d’emploi en France et déposées entre le 1er janvier et le 31 décembre 2019. Il se décline par métier selon quatre familles : les métiers liés à l’élevage et la valorisation du cheval (assistant d’élevage, cavalier de débourrage/pré-entraînement, etc.) ; les métiers liés à l’utilisation du cheval (enseignant d’équitation, cavalier d'entraînement, lad driver/jockey, etc.) ; les métiers transverses (palefrenier/garçon de cour, agent d’entretien, etc.) et les métiers connexes (marketing, vente, administratif, communication, etc.)”.
Le rapport 2020 en chiffres
Trois mille cinquante-cinq offres d’emploi ont étés confiées à Équi-ressources en 2019. 45% de ces offres sont accessibles avec moins de quatre ans d’expérience. Ce sont les métiers liés à l’utilisation du cheval qui offrent le plus d’opportunités d’emploi, avec une offre sur deux. Le rapport indique que mille cinq-cents soixante-seize offres touchant à ces professions ont étés confiées à Équi-Ressources dont 70% d’entres elles venaient du secteur sport et loisir en 2019.
Le rapport met en lumière deux grandes tendances dans les profils des candidats : ce sont surtout des jeunes (40% ont moins de vingt-cinq ans pour les métiers terrain) et sept candidats sur dix sont des femmes. Cette prédominance féminine est valable aussi bien pour les postulants que les recrutés. En revanche, de plus en plus de femmes, exerçant à l’entraînement, semble se reconvertir dans l’élevage. Le rapport explique que “les conditions physiques sont moins exigeantes” et pousse donc à une reconversion majoritairement féminine.
De toutes les professions liées à la filière équine celle de palefrenier soigneur est la plus recherchée. Le poste cumule 25% des offres sur Équi-ressources. “On le retrouve autant dans le secteur courses sous l’appellation de garçon de cour que dans l’élevage ou encore le secteur sport/loisir. Les conditions de travail (rythme, horaire, pénibilité...) ne facilitent pas le recrutement. Les employeurs privilégient la motivation et l’envie de travailler”, précisent les conseillers de la plateforme. Aujourd’hui, de nombreux ouvriers agricoles provenant d’autres secteurs agricoles (élevage bovin par exemple) sont recrutés à des postes de palefreniers : “Ces derniers ont les gestes et le sens de l’observation attendus par les employeurs”.
Une offre sur deux donne accès à un contrat à durée indéterminée (CDI) et les métiers connexes (métiers en lien indirect avec le cheval) offrent plus de CDI que les métiers dits de terrain. “Cette différence s’explique en partie par la forte saisonnalité des missions liées à l’élevage, ou encore liées au tourisme équestre. Le niveau de formation n’est pas privilégié pour les métiers « terrain », exceptés pour les enseignants d’équitation qui nécessitent un diplôme spécialisé (BPJEPS, DEJEPS...)”.
Les éleveurs attendent des candidats plutôt expérimentés, notamment aux postes de responsable d’élevage : six offres sur dix sont accessibles avec plus de quatre ans d’expérience. Les formations en élevage sont pour la plupart transversales et l’élevage équin est une spécialité. “Les recruteurs attendent davantage d’enseignement technique et de savoir-faire notamment en préparation des chevaux aux ventes”, soulignent les conseillers d’Équi-ressources. Par exemple, la maîtrise de l’anglais est désormais quasiment obligatoire pour le poste d’assistant d’élevage en galop, les haras fonctionnant avec une large clientèle étrangère. Les besoins dans les métiers d’élevage dépendent de certaines périodes. Les offres d’assistants d’élevage, inséminateurs, veilleurs de nuit sont plus élevées de février à juillet tandis que celles pour des cavaliers de débourrage le sont plutôt en automne-hiver. Les offres de postes en tant qu’assistant d’élevage sont les plus précaires : seulement trois offres sur dix proposent un CDI en 2019.
Un niveau de formation est plus souvent précisé pour les offres liées aux métiers connexes : six offres sur dix relatives au marketing, à la vente, à l’administratif, à la communication.
Une reprise teintée d’inquiétudes
Globalement, le rapport d’Équi-ressources met en avant la tension persistante sur certains métiers et le déficit d’attractivité de ces offres. Ces tensions de la filière équine s’expliquent en partie par une pénurie de candidats ainsi que par le décalage entre leurs profils et les besoins des postes. Les métiers “terrain” sont les plus impactés par ces difficultés comme les professions d’enseignant d’équitation, assistant d’élevage, responsable d’élevage, ou encore palefrenier. D’autres métiers liés au monde des courses sont eux aussi en tensions tels que les lad/jockeys, cavaliers d’entraînement...
Pour les enseignants d’équitation, un phénomène peut expliquer une partie de ces tensions : l’explosion du nombre d’enseignants indépendants. “Cette situation pose la question de l’attractivité des structures équestres et la nécessité de s’adapter aux mutations du monde du travail, aux nouvelles relations de subordination à développer pour attirer et fidéliser la nouvelle génération”.
Selon le rapport, les évolutions d’un mois sur l’autre du nombre d’offres d’emploi sont parfois difficiles à interpréter. Généralement, les données sont analysées annuellement. Cependant, les données mensuelles permettent, dans ce contexte inédit, de fournir les premières tendances sur l’impact de la crise en cours depuis mi-mars 2020. Ainsi, le rapport met en lumière une diminution de 17% des offres d’emploi diffusées depuis le début de l’année 2020 par rapport à l’année précédente.
“Les perspectives des entreprises restent marquées par une forte incertitude et une grande hétérogénéité entre secteurs d’activité. Même si le nombre d’offres d’emploi repart globalement à la hausse, des inquiétudes demeurent”.