Michel Robert, une légende plus vivante que jamais
Michel Robert n’a peut-être jamais été aussi occupé qu’aujourd’hui. Retiré du haut niveau depuis l’automne 2013, il continue à monter en CSI2 et 3* mais se consacre surtout à transmettre son savoir équestre à ses élèves, qu’il reçoit chez lui, suit en compétition ou accompagne via sa plateforme web. Récemment élu à la Fédération française d’équitation, il s’attache également à la formation continue des enseignants de clubs. À soixante-huit ans, le “Professeur” n’a jamais aussi bien porté son surnom!
Retracer l’itinéraire de Michel Robert, né le 24 décembre 1948 à Corbelin, dans l’Isère, revient à se plonger dans l’histoire des sports équestres. À une époque où ils étaient encore l’apanage des militaires, le futur champion s’initie à l’équitation et au commerce... à dos de mouton! “Dès l’école primaire, Michel était déjà un bon marchand. Lorsqu’il a eu un peu d’argent, il a acheté deux moutons qu’il a revendus par la suite pour s’acheter un cheval, puis le revendre, et ainsi de suite. Il ne s’est jamais demandé ce qu’il allait faire tant il était évident qu’il dédierait sa vie aux chevaux”, se souvient Jacques Robert, son frère aîné, ancien vice-président la Fédération française d’équitation (FFE). “Notre père était un médecin de campagne, pas très riche, qui faisait ses visites à cheval et en voiture à cheval. De temps à autre, je l’accompagnais sur les routes”, se rappelle l’intéressé.
Quelques années plus tard, les deux frères se lancent en compétition, d’abord en concours complet. “Outre le fait que nous n’avions pas de chevaux de haut niveau pour tirer notre épingle du jeu en saut d’obstacles, cette discipline était presque un passage obligé, car très formatrice”, rappelle Jacques. “Après avoir obtenu son monitorat, Michel est parti travailler chez Jean Sarrazin, un cavalier olympique de complet. Quand ce dernier est décédé d’un accident de voiture, il a récupéré ses chevaux et les a montés en compétition.” En 1970, à vingt-et-un ans, le cavalier du Dauphiné remporte son premier titre national avec Ut Majeur, qui lui ouvre les portes de l’équipe de France dès la saison suivante lors des championnats d’Europe de Burghley. En 1972, il participe aux Jeux olympiques de Munich et y signe la meilleure performance tricolore avec Vandale B, avant de se réorienter vers le saut d’obstacles.
Dès la seconde moitié de la décennie, il participe à ses premiers CSIO, où son talent et son sens du cheval font mouche, notamment avec Belle Bleue. En 1982, Marcel Rozier, sélectionneur de l’équipe de France, le lance aux championnats du monde de Dublin avec Idéal de la Haye. À la surprise générale, celui qui est à la fois le doyen et le cavalier le moins attendu du quatuor tricolore contribue non seulement à une superbe médaille d’or collective, mais se hisse également jusqu’à la finale tournante, à l’issue de laquelle il décroche le bronze.
Au-delà de son exceptionnel palmarès, son vrai tempérament de champion lui a aussi permis de gérer les phases les plus difficiles de sa vie et de sa carrière, notamment ses problèmes physiques. “Michel a longtemps souffert du dos. Quand il avait très mal, il s’isolait dans un coin pour que personne ne le voie souffrir. Par moments, il n’allait pas bien du tout et descendait même de cheval pour aller se cacher”, se souvient Philippe Rozier. “Il n’a jamais montré de signes de faiblesse durant toutes ces années”, salue Pierre Durand, son heureux coéquipier des Jeux olympiques de Séoul en 1988. Déterminé à poursuivre sa carrière aussi longtemps que possible, le champion a alors su se remettre en question. “D’un point de vue physique, il a bien compris que le cavalier était un athlète qui devait adopter une hygiène de vie irréprochable. De ce point de vue, il a trouvé son équilibre, et surle plan équestre, il n’a jamais cessé d’évoluer et de se perfectionner”, estime Jacques Robert.
Après quarante-quatre ans de compétition, le 15 octobre 2013, le “Professeur” - titre qu’il partage avec Éric Navet, autre monument de l’histoire des sports équestres - décide de mettre un terme à sa carrière sportive à haut niveau. Quelques semaines plus tard, une émouvante cérémonie d’au revoir est organisée en son honneur par les équipes de son amie Sylvie Robert dans le cadre d’Equita Lyon, rendez-vous sportif pour lequel il œuvre en tant que conseiller technique. “Je n’oublierai jamais ce moment. Tous les cavaliers et entraîneurs sont venus me saluer au milieu de la piste et le public a été extraordinaire. C’était très beau”, se remémore-t-il.
UN TOUR DE FRANCE À LA RENCONTRE DES ENSEIGNANTS.
Depuis lors, si le maître n’a toujours pas rangé ses bottes au placard, continuant à former et valoriser des chevaux jusqu’en CSI 3*, il met surtout son expérience et ses grandes connaissances au service de ses disciples. On citera les plus connus que sont Pénélope Leprevost, Julien Gonin, Olivier Robert et les Italiens Luca Moneta et Giulia Martinengo Marquet, mais il y en a beaucoup d’autres que Michel Robert accueille dans ses écuries, à Moras dans l’Ain, qu’il suit en concours, ou qu’il accompagne à travers ses livres et ses vidéos ou encore via sa plateforme Horse Academy. En outre, Pénélope Leprevost, championne dont il s’est senti très proche dès leur première rencontre, lui confiait régulièrement ses futurs cracks au travail, dont Nice Stephanie (SWB, Cardento x Ralmé Z), Dame Blanche van Arenberg (BWP, Clinton x Codexco), Ratina d’la Rousserie (SF, Quincy x Apache d’Adriers) ou encore HH Azur Garden’s Horses (sBs, Thunder van de Zuuthoeve x Sir Lui), restée quelques mois chez lui avant de passer sous la selle de l’Américain McLain Ward et de remporter brillamment la dernière finale de la Coupe du monde Longines. Élu en novembre 2017 au conseil fédéral de la FFE, le Rhônalpin oeuvre dans le cadre d’un nouveau programme de formation continue des enseignants des poney-clubs et centres équestres. Durant plusieurs mois, il va ainsi enchaîner conférences et démonstrations pratiques avec pour but d’enrichir la palette d’outils pédagogiques des moniteurs français. Bref, à soixante-dix ans, Michel Robert n’est pas encore prêt à faire valoir ses droits à la retraite. Quand on a dédié sa vie à une passion si dévorante, peut-on vraiment passer à autre chose?
SES PARTENAIRES DE CHAMPIONNATS
Ut Majeur (SF, Verdi, Ps x Maroc, AA), Vandale B (SF, Northern Light, Ps x Le Galop, AA), Idéal de la Haye (SF, Amarpour, Ps x Prince du Cy), Grand Cœur A (AA, Laurier x Rantzau, Ps), La Fayette (SF, Double Espoir x Birum, Ps), Nonix (SF, Diableur x Tapalque, Ps), Sisside la Lande III (SF, Histrion x Et Hop, AA), Auleto (SF, Spoleto, Ps x Montevideo II, Ps) Galet d’Auzay (SF, Leprince de Thurin x Double Espoir), Kellémoi de Pepita (SF, Voltaire x Jalmé des Mesnuls).
D'AUTRES CHEVAUX AYANT MARQUÉ SA CARRIÈRE
Belle Bleue (SF, Popof, Ps x Harpagon, AA), Prospert (SF, Iris Landai x Vandale), Nidamour II (SF, Amarpour, Ps x Ukase), Degina (KWPN, Jasper x Komeet), Vondéen (SF, Le Condéen x Quastor), Bibesco (SF, Incitatus x Naarden, Ps), Irnstein (KWPN, Bernstein x Makelaar), Loughtown Atlanta (ISH, Clover Hill x Northern Value), Olympia (BWP, Brown Boy x Almé), Hydrades Ibis (SF, Apache d’Adriers x EffendiII, AAC), Korod’Or (SF, Elf d’Or x Micko Platière), Kronos d’Ouilly (SF, Uzélien x Graphit), Kaloé des Perrières (SF, Quat’Sous x Benroy, Ps), Catapulte (KWPN, Limbo x Fedor), Nénuphar’Jac (SF, Cumano x Pidayack), Oh d’Éole (SF, Kannan x Papillon Rouge).
PALMARÈS
Jeux olympiques: médaillé de bronze par équipes à Séoul en 1988 avec LA FAYETTE et Barcelone en 1992 avec NONIX.
Championnats du monde: médaillé d’or par équipes et de bronze en individuel à Dublin en 1982 avec IDÉAL DE LA HAYE, médaillé de bronze par équipes à Aix-la-Chapelle en 1986 avec LA FAYETTE.
Jeux équestres mondiaux: médaillé d’argent par équipes et en individuel à La Haye en 1994 avec SISSI DE LA LANDE III.
Championnats d’Europe: médaillé d’argent par équipes à Saint-Gall 1987 et Rotterdam en 1989 avec LA FAYETTE, médaillé de bronze par équipes et d’argent en individuel à Gijón en 1993 avec SISSI, médaillé d’argent par équipes à Madrid en 2011 avec KELLÉMOI DE PEPITA.
Jeux méditerranéens: médaillé d’or par équipes et en individuel à Perpignan en 1993 avec SISSI et Bari en 1997 avec AULETO.
Coupes des nations: vainqueur de la Super Ligue en 2003 et 2004.
Global Champions Tour: lauréat de la finale à Doha en 2009 avec KELLÉMOI.
Finale du Top Ten: lauréat à Bruxelles en 2008 avec KELLÉMOI.
Championnats de France: médaillé d’or en concours complet en 1970 avec UT MAJEUR, médaillé d’or en saut d’obstacles à Fontainebleau en 1983 avec GRAND CŒUR A, 1985 avec LAFAYETTE, 1991 avec NONIX, 1994 avec SISSI et 2003 avec GALET D’AUZAY.