L'album photo de Michel Robert
Après son portrait hier, découvrez aujourd'hui l'album photo retraçant les plus grands moments de la carrière de Michel Robert, illustre ancien cavalier de l'équipe de France de saut d'obstacles.
PHOTO À DROITE.
Dans les années 1950, Michel Robert a appris l’équitation sur le dos... d’un mouton!
“La selle, le filet, tout y est. Comme on peut le voir, je n’avais pas besoin de tapis! Là, j’essaie tant bien que mal de faire une rêne d’ouverture. Les moutons, c’était autre chose que les Shetlands avec lesquels les enfants découvrent l’équitation aujourd’hui. Ils ont un tempérament très indépendant. Pour pouvoir monter celui-là, je devais l’emmener en main assez loin. Je grimpais dessus... et il rentrait à la bergerie au galop! Sur le chemin, je disposais une échelle ou de petits obstacles, que j’essayais de sauter. Pour y parvenir, il fallait du temps et beaucoup de patience. Pour m’offrir mon premier cheval, j’ai dû vendre deux moutons, ce n’est pas une légende. J’étais très attaché à eux, ça m’a brisé le cœur, mais pour progresser et d’un point de vue financier, je n’ai pas eu le choix.”
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En 1972 à Munich, le Français a participé à ses premiers Jeux olympiques en concours complet, se classant dix-septième avec Vandale B.
“J’ai débuté en complet justement parce que c’était une discipline complète. Le dressage et la préparation physique du cheval m’intéressaient beaucoup, tout comme le saut d’obstacles. À l’époque, les concours n’avaient strictement rien à voir avec ce qu’ils sont devenus aujourd’hui. Les terrains étaient plutôtrustiques. À Munich, par exemple, il fallait franchir le gué tout doucement et faire attention à ne pas trop s’enfoncer dans la vase! Notre test de fond mesurait 33km en comptant les routiers, le steeple et le cross en lui-même. C’était comme partir à la guerre pour son pays! J’étais le dernier Français en lice. Avant mon départ, notre entraîneur Michel Cochenet m’a annoncé que mes trois coéquipiers (Armand Bigot, Dominique Bentejac et François Fabius, frère de Laurent, ancien Premier ministre, ndlr) étaient tombés, dont deux s’étaient même cassé la clavicule. Vu que l’équipe était éliminée, il m’a dit que je n’étais pas obligé de partir, mais j’y suis allé quand même. Finalement, j’ai bouclé ce cross sans faute. C’était une très bonne expérience. Je montais Vandale et j’avais prêté Ut Majeur à François Fabius, dont le cheval s’était blessé avant ces JO. Munich était seulement le cinquième concours complet de la carrière de Vandale. Il était très franc et courageux, mais pas franchement styliste. Je l’aimais beaucoup.”
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En 1982, sous la houlette de Marcel Rozier, Michel Robert a participé aux championnats du monde de Dublin, son premier grand rendez-vous en saut d’obstacles, décrochant le bronze individuel sur Idéal de la Haye et l’or par équipes aux côtés de Gilles de Balanda sur Galoubet A (SF, Almé x Nystag, TF), Frédéric Cottier sur Flambeau C (SF, Un Prince, Ps x Valet Maître), et Patrick Caron sur Éole IV (SF, Raa x Genêt d’Or).
“À l’époque, on n’entendait pas la Marseillaise aussi souvent qu’aujourd’hui sur les terrains de concours! Là-bas, nous n’étions pas favoris, même si Galoubet A et Flambeau C étaient des chevaux exceptionnels. Cette année-là, j’étais la dernière roue du carrosse: il y avait trois très bons couples et il en fallait un quatrième pour compléter l’équipe. Trente-cinq ans plus tard, nous restons tous les cinq en activité dans le monde du cheval où nous essayons encore de nous rendre utiles! Derrière nous, on distingue l’équipe allemande, médaillée d’argent. Après notre victoire dans la Coupe des nations, je suis le Français qui s’en est le mieux tiré en individuel. J’ai vécu un immense bonheur là-bas, d’autant plus que je sortais d’une période très difficile. Participer à une finale tournante dans ce stade mythique devant quelque 55000 personnes est inoubliable. Et puis j’avais monté dans quelques Coupes, mais il s’agissait de mes premiers championnats. J’ai toujours été attaché à l’idée de bien représenter la France à l’étranger, spécialement dans ces épreuves par équipes qui font la beauté de notre sport.”
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En 1986, le Rhônalpin a contribué à la médaille de bronze de la France aux championnats du monde d’Aix-la-Chapelle associé à La Fayette. Il faisait alors équipe avec Pierre Durand et Jappeloup (SF, Tyrol II, TF x Oural, Ps), Frédéric Cottier et Flambeau C, ainsi que Patrice Delaveau et Laeken (SF, Mexico x Flügel van la Roche). Deux ans plus tard, il est rentré avec le même métal des JO de Séoul, où Hubert Bourdy et Morgat (AA, Drapeau Rouge, Ps x Château du Diable, Ps) avaient remplacé Patrice et Laeken dans l’équipe.
“La Fayette a été un cheval très important qui m’a permis de devenir champion de France en 1985 et de gagner ces deux belles médailles de bronze ainsi que deux autres en argent aux championnats d’Europe de Saint-Gall et Rotterdam en 1987 et 1989. À Séoul, il s’est très bien comporté jusqu’en finale, où j’ai commis une faute de trop pour nous hisser sur le podium (terminant seizièmes, ndlr). C’était le jour de Pierre Durand et Jappeloup, qui avaient été incroyables de solidité mentale. La Fayette était un cheval atypique issu d’une mère Pur-sang. Il était puissant et très courageux, des qualités essentielles quand on voit la largeur des oxers à l’époque. Il fallait prendre un peu d’élan pour les sauter, tout comme les rivières qui pouvaient allègrement dépasser les 4,50m! Les obstacles étaient très massifs, hauts et larges, et les fiches de sécurité n’existaient pas encore. Pour autant, comme on le voit, les barres commençaient à ressembler à celles d’aujourd’hui.”
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En 2003, Michel Robert a contribué à une nouvelle médaille d’argent tricolore lors des championnats d’Europe de Donaueschingen, en Allemagne. Quinzième en individuel sur Galet d’Auzay, le maître était monté sur le podium avec Reynald Angot, Michel Hécart et Éric Levallois, qui montaient Dollar dela Pierre (SF, Quidam de Revel x Foudre de Guerre), Quilano de Kalvarie (BWP, Kimball x Flüger) et Diamant de Semilly (SF, Le Tot de Semilly x Elf III).
“Galet était un cheval très difficile, surtout du point de vue du caractère, mais il avait de grandes qualités. Il n’avait pas la meilleure technique des antérieurs, mais il compensait cela avec ses postérieurs très puissants. Il m’a énormément appris, car j’ai eu beaucoup de peine à trouver le bon équilibre dans la gestion de son physique et de son mental. Pour autant, il m’a procuré énormément de satisfactions, dont cette médaille européenne, un titre de champion de France et la Coupe des nations de Rome en 2003, la Coupe des nations de Gijón en 2006 et le Grand Prix Coupe du monde de Bordeaux en 2007. Il était aussi fainéant à la maison que volontaire en concours, ce qui le rendait si spécial et attachant malgré son tempérament très indépendant.”
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En 2011 à Madrid, les derniers grands championnats de Michel Robert se sont soldés par une énième médaille d’argent européenne. À cette occasion, sous l’autorité du Néerlandais Henk Nooren et aux rênes de Kellémoi, le sexagénaire a concouru aux côtés de Pénélope Leprevost, cavalière dont il a accompagné l’ascension au plus haut niveau, Kevin Staut et Olivier Guillon, alors associés à Mylord Carthago (SF, Carthago x Jalisco B), Silvana*HDC (KWPN, Corland x Widor) et Lord de Theizé (SF, Donald Rouge x Tolbiac des Halles).
“Encore un très bon souvenir, car ces championnats nous ont procuré énormément de bonheur. J’ai vraiment aimé faire partie de cette équipe. Olivier est un garçon charmant et très drôle. Kevin est un cavalier que je connais très bien et avec lequel j’aime beaucoup discuter. Quant à Pénélope, je considère que nous faisons partie de la même famille, ce qui se ressent très bien sur cette photo. Je suis fier de cette médaille, d’autant que mes scores ont compté lors des deux manches de l’épreuve par équipes, ce qui est toujours gratifiant. Madrid est un terrain de concours qui m’est très cher et où j’ai gagné le Grand Prix à la fin des années 1970 avec Belle Bleue. On y sautait des montagnes dans une ambiance merveilleuse! La régularité au plus haut niveau de Pénélope et Kevin depuis bientôt dix ans est exceptionnelle. Elle est due à leur tempérament et leur hargne. Ils accomplissent un travail incommensurable pour y parvenir. On ne peut pas se rendre compte des sacrifices que cela exige. L’un comme l’autre détestent échouer et se remettent sans cesse en question. Pour autant, ils restent très simples.”
Cet article est paru dans le magazine GRANDPRIX heroes n°100.