“J’avais envie de passer à autre chose en me lançant un nouveau défi en Europe”, Frédéric David
Après avoir navigué pendant treize ans entre les Émirats arabes unis et la France, Frédéric David a pris la décision en fin d’année dernière de rejoindre définitivement sa Bretagne. Avec son indissociable Equador van’t Roosakker, désormais retraité, le quinquagénaire a fièrement représenté le drapeau français dans les pays du Golfe et en Coupes des nations. Son retour dans l’Hexagone sera marqué par un tournant dans sa carrière, qu’il désire orienter vers le commerce et le coaching. Pour GRANDPRIX, le quinquagénaire évoque son nouveau défi, la disparition brutale de Baloussini, son expérience aux Émirats arabes unis, ou encore la nouvelle vie d’Equador van’t Roosakker et Saxo de la Roque.
Comment allez-vous et comment vivez-vous ce début d’année, synonyme de changement de vie pour vous ?
Cela fait près d’un mois que je suis rentré en France. Je m’attèle tout d’abord aux formalités administratives aux côtés de mon épouse. Je suis content d’être de retour après dix ans de collaboration avec la cheikha Alyazia bint Sultan al-Nahyane et treize années passées aux Émirats arabes unis. Je crois que j’avais fait un peu le tour et que j’avais envie de passer à autre chose en me lançant un nouveau défi en Europe. Je vais changer mon orientation de carrière car je vais davantage m’orienter vers le coaching et la commercialisation de chevaux. J’ai pu connaître de beaux succès internationaux aux Émirats et notamment intégrer l’équipe de France. Les chevaux qui m’ont permis cela sont désormais à la retraite et je ne peux compter que sur des jeunes. C’est en partie pour cela que j’ai eu envie de changement et de voir de nouveaux horizons. Je vais bien sûr continuer à monter à cheval et en compétition, mais bien moins. Dans un premier temps, je ne compte pas créer de structure physique, mais simplement monter quelques chevaux qui m’appartiennent et d’autres en collaboration avec des partenaires dans un but de valorisation et de commercialisation. Cela me tient à cœur car j’aime les jeunes chevaux et que j’ai de nombreuses demandes, notamment de l’étranger.
Comment allez-vous être organisé ?
Je suis installé en Bretagne, où j’ai des chevaux à droite ou à gauche. Je ne veux pour le moment pas de structure fixe et établie où je prendrais des chevaux en pension ou au travail. Je n’en ai pas envie, en partie car je pense qu’on ne peut pas tout faire à la fois. Si je veux m’investir dans le commerce de chevaux, il est nécessaire que je puisse être mobile.
En ce qui concerne la partie coaching, avez-vous déjà œuvré à son développement ?
J’ai déjà quelques touches en effet et je pense que je vais pouvoir garder un lien avec les Émirats, où j’ai une collaboration déjà un peu établie. Je pense pouvoir officier en France ou à l’étranger, avec des cavaliers qui ambitionnent d’atteindre le haut niveau, ou bien en aider certains à valoriser leurs jeunes chevaux.
Comment décririez-vous votre vision du coaching ?
Dans mon parcours, j’ai commencé par valoriser des jeunes chevaux pendant des années en France, et particulièrement des étalons. J’ai ensuite eu l’opportunité de m’expatrier et de voir ce qui se faisait à l’étranger. Par le biais des compétitions, j’ai rencontré beaucoup d’autres cavaliers et entraineurs, ce qui m’a donné un autre œil. J’ai aussi formé des chevaux du départ jusqu’à haut niveau. Cela m’a donné une expérience que j’espère pouvoir transmettre. Même les bons cavaliers ont besoin d’un œil extérieur à plus ou moins long terme. Il y a toujours une demande, et moi-même lorsque j’étais cavalier, j’en avais besoin. Je regardais notamment des vidéos de cavaliers de pointe qui parviennent à faire durer leurs chevaux. L’équitation est un sport individuel mais les gens s’entourent de plus en plus. Cela concerne d’abord les cavaliers qui ont les moyens et je crois que beaucoup en ont besoin. Il s’agit en quelque de ma philosophie : transmettre et partager mon savoir. Dans n’importe quel sport de haut niveau, les athlètes ont un entraineur. C’est notamment le cas du tennisman Roger Federer et dans tout sport de haut niveau. Avec quelqu’un à ses côtés, on avance plus vite.
“J’aurai du mal à retrouver un cheval comme Equador”
Que retenez-vous de votre expérience aux Émirats arabes unis ? Quelle a été l’évolution du sport dans les pays du Golfe depuis le moment où vous y êtes arrivé ?
Je retiens surtout le fait d’avoir pu accéder au plus haut niveau et les belles rencontres que j’ai pu faire à travers le monde, qu’il s’agisse de cavaliers, d’éleveurs etc. Cela m’a aussi permis de me constituer un carnet d’adresses. Même en vivant correctement en Bretagne, je n’aurais pas pu rencontrer ces gens. Aujourd’hui, j’ai des amis et des connaissances dans le monde entier, ce qui est formidable.
Le sport évolue très vite dans les pays du Golfe, d’abord parce que les structures ont les moyens de le faire. Ils se confrontent à la concurrence, particulièrement à des cavaliers venus d’Europe. Ils organisent beaucoup de tournées internationales, particulièrement en janvier et février, où il y a sans cesse des CSI 4* et 5*. Cela prend de l’ampleur et beaucoup de beau monde fait le déplacement, à l’instar d’Henrik von Eckermann, Philipp Weishaupt, Shane Breen, David Will etc. C’est d’ailleurs en se confrontant aux meilleurs que l’on progresse. Si l’on reste dans sa carrière, on est tous champions du monde (rires) !
Pourriez-vous nous donner des nouvelles de vos anciens chevaux de tête, notamment d’Equador van’t Roosakker et Saxo de la Roque ?
Ils sont à la retraite en Normandie. J’ai souvent des nouvelles et je vais les voir régulièrement. Je vais y passer demain ou après-demain. Ils sont tous les deux dans un grand pré avec un abri et ils rentrent au box le soir. Je crois qu’ils sont heureux. En tout cas ils méritaient une telle retraite.
Quels souvenir gardez-vous d’Equador van’t Roosakker, avec qui vous avez notamment remporté trois Coupes des nations, un Grand Prix CSI 3* à Sharjah en 2015, et terminé deuxième des Grands Prix CSIO 5* d’Al Ain en 2014 et CSI 4* de Bourg-en-Bresse en 2015 ?
J’ai énormément de souvenirs avec Equador, notamment car il était un cheval très atypique sur tous les plans. Grâce à lui, j’ai participé à mes plus belles épreuves, obtenu mes plus beaux classements et intégré l’équipe de France. Il aura toujours une place spéciale, même avec ses côtés atypiques et difficiles. Il était un partenaire de concours incroyable et donnait toujours son maximum en piste. J’aurai du mal à retrouver un tel cheval un jour. En revanche, il était compliqué (rires). Il avait une locomotion spéciale, ne se pliait pas, mais il avait un respect et une volonté incroyables. Il se battait sans cesse pour son cavalier. Même lorsqu’un de nous avait un doute, il trouvait une solution. C’était une belle complicité.
Baloussini s’est éteint début décembre, à quinze ans seulement. Cela a dû être brutal…
Il était à la retraite depuis peu et il était prévu qu’il embrasse une carrière d’étalon. Il commençait à avoir des produits qui sortaient du lot sur la scène internationale jusqu’en CSI 3*. J’ai monté quelques produits de sa deuxième génération, qui étaient très prometteurs. Il est parti beaucoup trop vite. Bien sûr, cela a été un choc. Le but était qu’il ait une deuxième vie comme étalon et nous avions fait en sorte que cela se passe dans de bonnes conditions. Ce sont les aléas de la vie, les maladies peuvent êtes soudaines. Cela a en effet été vraiment brutal.