Comment adapter l’entraînement du cheval face au réchauffement climatique?

Dimanche après-midi, dans le cadre des Journées du complet, une conférence a eu pour thème l’entraînement du cheval dans un contexte de réchauffement climatique. Fort de leurs expériences personnelles, le Dr Céline Robert, vétérinaire, et Allan Léon, cavalier international d’endurance, ont traité des problèmes posés au cheval par la chaleur, avant de présenter des éléments concluant qu’un entraînement bien mené permet au cheval de s’adapter à ces conditions difficiles.



La chaleur représente un défi pour les chevaux, qui plus est ceux concourant dans des disciplines impliquant des efforts de fond, comme l’endurance, ou de demi-fond, comme le complet et l’attelage. En effet, tout effort signifie travail musculaire, lequel induit, comme chez l’homme, une surproduction de chaleur qui doit absolument être évacuée. Tout comme l’humain, le cheval dispose de plusieurs mécanismes pour évacuer cette chaleur, mais le plus efficace par temps chaud reste naturellement la transpiration. Chez l’équidé, ce mécanisme implique de grandes pertes hydro-électrolytiques, autrement dit d’eau et de minéraux, ce qui provoque rapidement une déshydratation. Dès qu’elle atteint 2% de la quantité d’eau normalement présente dans l’organisme, celle-ci influence défavorablement la performance et augmente le risque de blessure: crampes, tendinites, chutes et fractures. Et lorsqu’elle s’avère trop sévère, on parle de risques très élevés d’apparition de pathologies graves, telles que les myosites, coliques, coups de chaleur ou encore syndromes d’épuisement. C’est pourquoi il faut à tout prix éviter une déshydratation excessive.

Pour réduire les risques, il faut tout simplement adapter l’entraînement. Tout d’abord, l’organisme, humain ou équin, s’adapte assez vite à la chaleur, en plus ou moins quatorze jours. Au cours de ces deux semaines, le cheval augmente sa consommation d’eau, récupère le poids perdu et retrouve peu à peu une température corporelle et une fréquence respiratoire normales. Aussi, durant cette période, de même que pendant une canicule, par exemple, le cavalier doit ajuster l’entraînement de son partenaire. Il s’agit de diminuer l’intensité et la durée des séances de travail, mais aussi d’inclure plusieurs pauses, d’espacer ces séances de manière plus importante pour permettre au cheval de mieux récupérer et enfin de monter à des heures où la température reste correcte, c’est-à-dire inférieure à 28°C, selon les recommandations émises par la Fédération équestre internationale.

En outre, “plus il fait chaud, plus il faut que le cheval soit ‘fit’, car plus il est ‘fit’, moins il va monter en température!”, analyse Allan Léon. En fonction de la corpulence du cheval, il faut donc programmer ses séances à des horaires plus ou moins éloignés du pic de chaleur de la journée, le moment le plus frais étant toujours le meilleur. En outre, s’il le peut, le cavalier a tout intérêt à surveiller les paramètres physiologiques de son cheval au repos et au travail.



“L’essentiel des électrolytes nécessaires au cheval est contenu dans le fourrage”

Pour faciliter la récupération de l’animal, pendant et/ou après l’effort, on peut le refroidir en l’aspergeant d’eau sur différentes parties du corps. Cela lui permet de retrouver plus rapidement une température corporelle normale. On peut aussi le mettre à l’ombre ou encore sous un ventilateur, comme on en voit dans certains concours complets estivaux, à l’instar du CCIO 3*-S d’Aix-la-Chapelle. Pour faciliter une bonne récupération, il est également essentiel de compenser les pertes hydro-électrolytiques. Pour cela, il faut d’abord s’assurer que le cheval ait sans cesse de l’eau à disposition, ce qui va lui permettre de compenser les pertes liées à la transpiration. Puis, avant et après l’effort, ou bien dans la ration quotidienne sur une plus longue période, on peut ajouter à sa ration des compléments en électrolytes, ou oligo-éléments. “Il s’agit pas uniquement de complémenter l’alimentation de petites poudre”, explique le Dr Céline Robert. “L’essentiel des électrolytes nécessaires au cheval est contenu dans le fourrage. En la matière, il n’y a rien de plus riche qu’un bon foin!”

Ces consignes, essentielles pour les chevaux appelés à concourir dans des régions du monde présentant des climats tropicaux ou subtropicaux, comme Tokyo, hôte attendu des Jeux olympiques, cet été, sont de plus en plus utiles à tous les cavaliers français et européens, compte tenu de la multiplication des canicules et épisodes de grandes chaleurs, parfois accentués par de forts taux d’humidité. Attention toutefois à ne pas abuser des compléments en minéraux. En effet, “on s’est aperçu que le plus efficace pour le cheval est une alimentation à base de fourrages et de matières grasses. Cela l’aide beaucoup mieux à compenser la chaleur qu’une alimentation trop riche en concentré!”, conclut la vétérinaire.

Dans un second temps, le Dr David Camelot a évoqué la situation pour les cavaliers, mais le plus important concernait les chevaux, sur lesquels GRANDPRIX a choisi de se concentrer.