Les mutilations de chevaux, une affaire classée?

Pour le monde du cheval, outre la pandémie de Covid-19, l’an 2020 aura été marqué par une actualité morbide: les affaires de chevaux mutilés. Partout en France, des animaux ont été retrouvés lacérés, amputés, voire tués. Après une période de surmédiatisation durant l’été dernier et à la rentrée, ce sujet a été quelque peu relégué par d’autres… ce qui ne veut pas dire que l’affaire est classée. Y a-t-il eu de nouveaux cas? De possibles coupable(s) ont-ils été identifiés? Jugés?



Au total, en France, cinq cent vingt-quatre déclarations et plaintes pour des présumées attaques commises sur des chevaux ont été déposées au cours de l’année 2020. La Gendarmerie nationale, chargée de la plupart des enquête, précise toutefois que “seulement” 16% de ces cas sont imputables à une action humaine criminelle. Cela s’explique notamment par le fait que, dès que s’est saisie de ce sujet, la Gendarmerie a largement encouragé les propriétaires d’équidés à se faire connaître auprès d’elle au moindre doute, dès que survenait le plus petit incident. Or, “le cheval a une capacité phénoménale à se blesser, seul ou avec ses congénères”, comme le rappelle Mathilde Dhollande, du service traçabilité à l’Institut français du cheval et de l’équitation (IFCE). “Par conséquent, beaucoup de blessures plus ou moins graves ont été mises en lumière alors qu’elles ne l’étaient pas auparavant.”

La Gendarmerie maintient son message de recommandation de ne pas se faire justice soi-même. À ce sujet, deux femmes qui avaient menacé deux automobilistes avec des armes en août dernier dans le Finistère, les soupçonnant de vouloir s’en prendre à leurs animaux, ont été condamnées à six mois de prison avec sursis le 14 janvier. “La Gendarmerie nationale s’est impliquée énormément dans ces affaires, et continue de le faire. Elle a déployé pour des animaux les moyens habituellement utilisés pour la médecine légale, a fait intervenir des patrouilles, des vétérinaires et se fait au besoin accompagner sur le terrain de contrôleurs de l’IFCE”, salut Mathilde Dhollande.



Une première condamnation le mois dernier

Sur les cinq cent vingt-quatre plaintes déposées, trente-huit sont encore en phase d’enquête. Les forces de l’ordre avancent… “Sous l’autorité des parquets, l’ensemble de ces investigations ont permis quatre arrestations. Ainsi, parmi ceux appréhendés dernièrement, un individu a été condamné le 8 décembre 2020 (par le tribunal de Bar-le-Duc, ndlr) pour des ‘sévices graves de nature sexuelle et exhibition sexuelle’ à douze mois d’emprisonnement avec sursis et obligation de soins”, précise Mathilde Dhollande.

Une augmentation importante du nombre de cas recensés ayant été identifiée clairement en août et septembre dernier, se pose alors la question d’une corrélation avec une évidente surmédiatisation de ces affaire à l’époque. “En tout cas, depuis deux ou trois mois, le nombre de cas imputés à une origine humaine s’est clairement stabilisé, et c’est plutôt une bonne chose”, assure Mathilde Dhollande. Et la Gendarmerie de conclure: “Si le nombre de faits rapportés s’est significativement stabilisé, la Gendarmerie maintient sa pleine mobilisation et continue de répondre présent par une présence et une visibilité fortes, des actes d’investigation judiciaire minutieux et un accompagnement du milieu équin renforcé.”

Espérons que de nouvelles affaires pourront bientôt être jugées et donner lieu, si la culpabilité des prévenus est établie, à des peines exemplaires et dissuasives.