Un premier débat à fleurets mouchetés entre les trois candidats à la présidence de la FFE
Hier soir, Anne de Sainte Marie, Jacob Legros et Serge Lecomte se sont retrouvés à l’hippodrome de Paris Longchamp pour le premier des trois débats programmés d’ici mardi prochain dans le cadre des élections pour les instances dirigeantes de la Fédération française d’équitation. Durant soixante-dix minutes, répondant à des questions sélectionnées à l’avance, les trois candidats à la présidence ont livré leur vision de l’environnement fédéral et des rapports entre l’équitation et la société. Sans jamais s’interrompre ni déborder du cadre de la bienséance, ils se sont livrés à quelques escarmouches.
Le coup d’envoi de la série de trois débats entre les trois candidats à la présidence de la Fédération française d’équitation (FFE), programmés d’ici mardi prochain, a été donné hier soir à 20h, en direct sur internet, depuis un salon de l’hippodrome de Paris Longchamp. Durant soixante-dix minutes, Anne de Sainte Marie, Jacob Legros et Serge Lecomte, campés derrière des pupitres installés dans le respect de la distanciation sociale, se sont exprimés chacun face à sa propre caméra. “Il s’agit d’un moment inédit dans l’histoire de la Fédération française d’équitation, un moment de démocratie directe entre trois passionnés qui ont hâte de vous exposer leur programme”, a introduit l’animateur et modérateur de l’exercice, Emmanuel Ostian, journaliste passé par TF1, LCI, France 2, Canal+, Arte et BFM TV.
Ce débat a suivi un schéma clair et s’est déroulé selon des règles permettant de garantir l’équité et d’éviter la cacophonie: un temps de parole égal et strictement limité à vingt minutes, qu’aucun des trois candidats n’a d’ailleurs pleinement utilisé, des tirages au sort effectués devant huissier pour déterminer l’ordre des prises de parole, et les interdictions de s’interrompre ou de s’apostropher. À défaut d’être incroyablement passionnant, ce premier acte a permis aux téléspectateurs, au nombre de cinq cents pendant la retransmission en direct, et d’un peu moins de deux mille ce soir avec les visionnages en différé, de mieux comprendre ce qui rassemble et ce qui divise le président en poste en depuis 2004 et ses deux challengers quant à l’environnement fédéral et au thème assez vaste des rapports entre l’équitation et la société.
Déconcentration, décentralisation ou rapports directs avec les clubs?
Concernant le premier thème, Anne de Sainte Marie, qui a lancé les hostilités, a défendu sa vision d’une FFE moins centralisée et plus ouverte à la diversité des groupements qui la composent, “reconnaissant la richesse de la diversité de vos établissements”, selon ses termes. Pour matérialiser cela, elle propose de créer une trentaine de postes de “référents terrain, positionnés dans tous les territoires, à raison d’un pour cent cinquante dirigeants. Il sera un relais visant à favoriser le développement économique de vos structures”, précise la vice-présidente du comité régional d’équitation (CRE) d’Île-de-France. Pour financer ce réseau, elle propose, comme Jacob Legros d’ailleurs, de plafonner le montant annuel des investissements dans le Parc équestre fédéral de Lamotte-Beuvron. “Ainsi, nous passerons d’une fédération du parpaing à une fédération de l’humain. […] Nous avons aujourd’hui une fédération riche et des clubs pauvres. Ce n’est pas un bon modèle de gestion pour une association loi 1901. […] Désormais, il faut investir pour l’économie des clubs, la formation et la qualité de vie des dirigeants.”
En toute fin d’exercice, dans sa conclusion, Serge Lecomte a tenu à préciser que la FFE n’est pas “une fédération riche, mais une fédération bien gérée, parce que je suis économe. Quand on me donne 1 euro, je fais en sorte de le transformer en 2 euros. Ça, tout le monde ne sait pas le faire, et ma démarche a toujours été d’optimiser nos moyens. Avec la Covid, on a perdu beaucoup de rentrées d’argent, comme chacun de vous dans vos clubs. Demain, il va falloir à la fois resserrer les boulons et mette les moyens pour que les groupements ne meurent pas dans la traversée de cette crise, et qu’ils puissent au contraire repartir de l’avant.”
“Pour arrêter le déclin de l’équitation, pour avoir une belle image du cheval dans nos sociétés, nous avons besoin d’une fédération ouverte et qui pèse sur les pouvoirs publics, les ministères, les partenaires, les autres sports, auprès des autres acteurs de la filière et à l’international. Tout cela est impossible quand on se construit dans un rapport de force permanent. C’est une stratégie de l’échec, face à laquelle je propose une stratégie du partenariat”, a osé Anne de Sainte Marie, qui entend devenir une présidente exécutive, et à plein temps, avec une rémunération à la clé, à l’image du modèle adopté par la Fédération équestre internationale depuis qu’elle est présidée par le Belge Ingmar de Vos, et comme le permettent la loi et les statuts de la FFE. Alors que Serge Lecomte assure qu’il demeurera un président bénévole, Jacob Legros se positionne pour un engagement à temps partiel, rémunéré au prorata. Enfin, la candidate, qui s’est voulue percutante tout au long de ce débat, et particulièrement offensive à l’égard de Serge Lecomte, veut limiter le nombre de mandats de président à deux.
Pour sa part, Jacob Legros souhaite “créer de l’interactivité pour sortir de la verticalité et de l’absence criante de dialogue entre les acteurs”; et adopter “un schéma circulaire entre les acteurs nationaux, régionaux, départementaux et locaux, que sont les clubs. Il faudra confier des missions et compétences à chaque étage de cette organisation territoriale, mais aussi leur donner des moyens d’agir, ce qui apportera des réponses au plus près des réalités du terrain. […] En soutien à ces organes déconcentrés, un délégué territorial fédéral viendra compléter les équipes de bénévoles, sous l’autorité des présidents de CRE, mais recrutés et formés par la FFE et dédiés à la recherche de fonds et de financements. […] Ils auront pour objectif d’interagir avec les collectivités territoriales. […] Avec cette organisation, nous allons promouvoir et accompagner les vingt-neuf disciplines (sportives chapeautées par la FFE, ndlr), afin que tous nos pratiquants puissent s’épanouir et élargir leur champ de connaissances.” À de nombreuses reprises, le président du CRE d’Occitanie a employé le mot bienveillance, sa valeur maîtresse, ainsi que le terme de transmission, mission fondamentale de tout enseignant, qu’il est d’ailleurs. “Nous voulons une fédération de proximité, à dimension humaine”, a-t-il déclaré en conclusion de son propos introductif.
Face aux attaques contre le modèle de gouvernance qu’il lui-même a façonné et développé depuis 2004, Serge Lecomte s’est montré défensif et inflexible. “Je remercie mes deux concurrents, qui me rendent service, puisqu’ils nous ont expliqué tout ce que nous faisons déjà à la fédération. […] Depuis toutes ces années que je dirige la FFE, je m’efforce de faire une décentralisation extrême, non pas à travers les relais départementaux et régionaux pour alourdir (la structure, ndlr) comme par le passé, mais directement vers les clubs. Vous décrochez votre téléphone, vous obtenez des réponses et pouvez parler au directeur (délégué, ndlr) général. S’il y a d’autres décentralisations à faire, je le ferai, mais selon trois critères très simples: si c’est plus efficace, si cela coûte moins cher et si cela sert tout le monde de la même façon. […] Aujourd’hui, notre fédération est forte, crédible et reconnue parce qu’elle est indépendante. Son autonomie en fait une organisation capable d’assumer ses ambitions, non pour elle, mais pour les dirigeants de clubs, leur famille et leurs cavaliers. Le fait que les dirigeants aient le pouvoir dans cette fédération a été arraché de haute lutte et je m’y accroche parce que c’est l’élément qui crée notre unité et notre force.”
À ce sujet, Anne de Sainte Marie, propose de réformer rapidement les statuts afin de redonner le droit de vote aux organisateurs professionnels de compétition, aux cavaliers professionnels et aux associations de cavaliers et de tourisme équestre, mais aussi de permettre à tous les profils, et non seulement à des dirigeants de groupements, de présider des CDE ou CRE. La Francilienne a également pointé l’incohérence de certaines règles, citant notamment l’interdiction pour les candidats de s’adresser aux électeurs une fois la campagne lancée… “De plus, le parcours du combattant que M. Legros et moi avons dû traverser pour pouvoir nous présenter n’est pas tolérable. Il faut favoriser une vraie démocratie.”
“Je souhaite dire à Anne de Sainte Marie que nous n’avons pas fait la campagne ensemble”, lui a rétorqué un Jacob Legros plus piquant à son égard qu’envers Serge Lecomte. “Moi, je l’ai faite à ma manière, en respectant les statuts, comme je regarde le barème d’une épreuve avant de m’y engager.” Pour autant, le Sudiste prône comme elle le retour d’un droit de vote à l’ensemble de tous les dirigeants de structures, qui n’en jouissent aujourd’hui sans contribution financière qu’à condition de compter plus de vingt licenciés. “Concernant les statuts, un président ne peut pas s’engager à faire ci ou ça, car c’est l’assemblée générale qui a le pouvoir de les modifier”, a-t-il aussi rappelé.
Selon le sortant, la gouvernance doit reposer sur “la capacité du président de former une équipe de femmes et d’hommes qui ont envie de s’engager. Le président en est la clé de voûte, manageant, entraînant et encourageant cette équipe. Les décisions doivent bien sûr être prises en concertation, avec du consensus, en allant voir sur le terrain ce que les gens attendent, mais aussi en vivant sur le terrain et en sachant, par son propre vécu et ses propres besoins, ce qui est bon pour les autres.” Serge Lecomte a aussi rappelé qu’une nouvelle loi contraindrait bientôt la FFE à réformer ses statuts. “Nous devrons limiter le nombre de mandats présidentiels à deux, ou peut-être trois en réalité. Nos statuts sont contrôlés par le Gouvernement, et ils garantissent l’unité de la FFE, en n’opposant pas les mondes associatif et professionnel, ni les disciplines entre elles, ni la Province aux zones urbaines. Et ils disposent que ce sont bien les dirigeants d’établissements équestres qui votent. Je rappelle d’ailleurs que leur cotisation est gratuite dès lors qu’ils comptent vingt licenciés, ce qui exceptionnel.”
Concernant la place de la FFE dans le monde du cheval, Serge Lecomte a défendu sa stratégie, reposant sur l’association Filière cheval, où sont réunies les maisons-mères “qui génèrent de l’économie et des emplois, c’est-à-dire France Galop, Le Trot, la Société française des équidés de travail, la Société hippique française (SHF) et la FFE. Nos relations sont très simples: nous allons ensemble défendre ce qui nous concerne tous: la fiscalité et les règlementations.” Selon Anne de Sainte Marie, citant le bien-être animal et les aspects sanitaires, “il y a davantage à faire en commun. Or aujourd’hui, on a affaire à une FFE qui se comporte en pratiquant la politique de la chaise vide, ce qui me semble être une erreur fondamentale”, lance-t-elle, avant de s’engager à rapprocher les mondes de l’équitation et de l’élevage, dans lequel elle a grandi. “S’il y avait suffisamment de concertation entre les deux, il n’y aurait pas de pénurie de chevaux d’instruction et de poneys de clubs. Nous devons construire une politique commune.”
Serge Lecomte lui a répondu que tous les sujets ne pouvaient pas faire l’objet de consensus entre les sociétés-mères. “Les chevaux de trait, c’est l’industrie de la viande; les courses, c’est l’industrie du jeu; et l’équitation, c’est le sport et la santé. Nous ne sommes pas dans les mêmes contraintes fiscales et sociales. Il faut donc savoir chasser en meute sur certains dossiers, et seuls sur d’autres parce qu’il y a des objectifs qui ne se rencontreront jamais.” Dans sa conclusion, après avoir noté notamment que les exploitants de centres équestres élevaient souvent une part de leurs poneys et chevaux d’instruction, il a relancé l’idée d’une fusion de la FFE et de la SHF. “Cela formerait un ensemble plus fort et solide pour répondre aux enjeux de l’avenir, à l’image de ce qui existe en Allemagne, où la fédération compte moins de licenciés que la nôtre”, a-t-il jugé, tout en précisant qu’il ne conduirait pas cette opération, ce qui laisse entendre qu’elle n’interviendrait pas avant 2024.
Les violences sexuelles évoquées… sans heurt
Anne de Sainte Marie a de nouveau eu la main pour ouvrir le second chapitre de cette première soirée, consacré aux rapports entre l’équitation et la société. Évoquant l’indispensable lutte contre les violences sexuelles, sans mentionner directement l’affaire concernant Loïc Caudal, une fois encore, elle n’a pas hésité à attaquer le président sortant. “Nous sommes dans un monde où l’on ne peut plus cacher la poussière sous le tapis. Une fédération ne peut plus se recroqueviller sur elle-même et se murer dans le silence, et son président ne peut plus raccrocher au nez des journalistes. Nous, nous proposons d’affronter les problèmes, les risques de la société, dont les violences sous toutes leurs formes, un sujet que j’ai choisi de ne jamais instrumentaliser politiquement et pour lequel la FFE doit être exemplaire et travailler avec le ministère des Sports. J’ai présenté un plan d’action en la matière, pour protéger les pratiquants, mais aussi les métiers d’enseignant et de dirigeant, ainsi que l’image de l’équitation.”
Jacob Legros a lui aussi mis en avant son plan d’action en la matière. “En aucun cas l’équitation ne doit être un vecteur de souffrance ou de malheur. Le sport éduque et inculque des règles, jusque dans l’adversité, notamment la place du respect dans la relation à l’autre ainsi qu’à nos chevaux et poneys. Nous devons faire de ce sujet une priorité. La violence doit disparaître de notre sport, il faut en avoir la volonté farouche: violence verbale, brimades, violence physique, violence sexuelle. J’ai déjà commencé ce travail, et je veux être le garant des bonnes pratiques et des bonnes mœurs. Avec ma commission de pratiquants, nous avons présenté un plan bâti en région. Il a d’ailleurs reçu tous les encouragements de la ministre des Sports, Roxana Maracineanu, qui le considère d’envergure nationale. Cela nécessite de former nos bénévoles, encadrants et officiels, d’informer le public, en collaboration avec le ministère et les autres sports. Nous devons exiger des sanctions plus lourdes (de la part de la justice, ndlr), mais aussi appliquer les mesures d’éloignement pour soutenir les victimes et protéger tous nos publics.”
Quand son tour est venu, Serge Lecomte s’est défendu d’avoir “raccroché au nez d’un journaliste. Cela témoigne bien de la manipulation dont j’ai été l’objet, mais je n’en dirai pas plus”. Il s’est alors concentré sur la promotion de son modèle de développement qui doit, selon lui, conduire à une popularisation toujours plus grande de l’équitation. “Nous sommes dans une société de ludo-pédago-nature, c’est-à-dire que les gens veulent prendre du plaisir, s’amuser, découvrir des univers et être au contact de la nature. Nos activités correspondent pile-poil à ce concept. Si nos entreprises et associations fonctionnent, c’est parce que nous sommes des pédagogues, capables de transmettre notre passion, cette découverte du loisir, du cheval, de l’équitation et de la nature. Pour que l’équitation pénètre bien la société, il faut rendre le cheval plus populaire, ce qui passe par les tranches d’âge les plus jeunes, où l’on garde des souvenirs toute sa vie. C’est le rôle du Parc équestre, des opérations auprès des scolaires et des initiations au poney.” Il a tout de même fini par évoquer ce sujet qui fait couler tant d’encre depuis un an. “Si nous sommes éducateurs, c’est aussi pour transmettre nos valeurs: bien sûr pas de tricherie, bien sûr pas de violence d’aucune sorte, bien sûr pas de contournement de la vérité, pas de haine, pas d’encouragement à l’agressivité. C’est le propre de chacun d’entre nous.”
Consensus relatif autour du bien-être animal et de la ruralité
“Concernant la cause animale, à laquelle les Français sont de plus en plus sensibles, si l’on ne fait rien, on va nous empêcher de monter à cheval”, rappelle à raison Anne de Sainte Marie. “Pour autant, rien ne sert de dramatiser, car une majorité silencieuse de Français ont envie de comprendre l’animal et de développer une relation avec lui. En revanche, il faut neutraliser l’influence de la minorité active qui milite contre l’interdiction de l’équitation.” Selon Jacob Legros, la prise en compte du bien-être animal a déjà fait du chemin dans les clubs, “qui sont très engagés et répondent à un certain nombre de normes et prennent des initiatives autonomes. […] Nous devons aller plus loin pour définir la bonne utilisation de nos cheptels, avant que d’autres, non experts, le fassent à notre place. L’environnement fédéral doit être le refuge des bonnes pratiques. Il nous faut aussi définir le coût de cette démarche et qu’elle soit bien assumée par l’utilisateur et les collectivités publiques. […] S’adapter, respecter les normes et s’engager dans une démarche collective pour répondre à nos enjeux sociétaux nécessitent du temps et des moyens. C’est pourquoi nous devons adapter notre modèle économique. L’équitation a un coût, et sa démocratisation laisse la place à une concurrence illégale qui pollue le marché.” “Nous sommes des femmes et hommes de chevaux, et notre volonté est que nos chevaux vivent bien, qu’ils soient dans de bonnes conditions pour bien travailler et satisfaire le public. Le respect de nos chevaux est tout aussi important que celui des gens”, a déclaré Serge Lecomte.
Ses deux challengers entendent améliorer les conditions de travail et de vie de ceux qui font carrière dans l’équitation. “Le bien-être de l’animal repose sur le bien-être de ceux qui travaillent avec lui. C’est pourquoi nous devons rénover nos bâtiments pour améliorer leurs conditions de travail. Il faut aussi investir dans la formation des enseignants et de tous ceux qui évoluent auprès des chevaux, et partager notre quotidien à travers des images et des émotions”, détaille la Francilienne. “Nos professionnels doivent vivre décemment de leur métier et être correctement couverts socialement et pour leur retraite. Aujourd’hui encore, certains se cassent le bras et continuent à travailler avec un plâtre. Les perspectives de retraite sont celles d’un agriculteur, donc à peine au-dessus du seuil de pauvreté, tandis que la grossesse et la maternité sont parfaitement ignorées (par le système de protection sociale, ndlr)”, a conclu le Languedocien avec justesse. Un peu plus tard, Serge Lecomte a semblé leur rappeler une réalité qui n’a, selon lui, pas vocation à changer. “Un dirigeant d’établissement équestre, parce qu’il évolue avec du vivant, travaille douze heures par jour et sept jours sur sept. De ce fait, on ne peut pas se comparer aux autres. On peut vous dire de moins travailler, mais ce n’est pas possible, vous le savez bien.”
Anne de Sainte Marie a aussi évoqué les questions liées à la sécurité. “La peur de tomber est le troisième frein à la pratique. Nous avons accompli de nombreux progrès en la matière, mais nous ne l’avons jamais dit. Nous proposons donc de créer un observatoire pour rassurer les pratiquants actuels et futurs avec des faits objectifs et des chiffres.”
Les réponses aux questions “Comment mettre le cheval au cœur de la société en vue des Jeux olympiques et paralympiques de Paris 2024?” et “Quel rôle le cheval doit-il jouer dans la société?” se sont avérées plutôt consensuelles, chaque candidat citant pêle-mêle l’utilité de l’animal en matière de vivre ensemble, d’inclusion, de soin, de réinsertion sociale et d’accompagnement du handicap. Anne de Sainte Marie, qui entend resserrer les liens entre les grands champions, concernés par les JOP, et les pratiquants de toute nature, en a profité pour assurer que la préparation des équipes de France à Paris 2024 se ferait “dans la continuité”, là où certains craignent un grand remue-ménage au sein de la direction technique nationale si elle est élue. Jacob Legros, lui, a mis l’accent sur les Jeux paralympiques, vecteurs d’une très belle image pour le cheval.
Quant à Serge Lecomte, il est revenu à la notion de popularisation, appelant à renforcer les actions auprès des établissements scolaires et médico-thérapeutiques de toute sorte. “Nous y travaillons à travers des campagnes de communication télévisées et numériques qui portent leurs fruits. Le rôle de la fédération est d’aider les dirigeants à remplir leurs clubs, ce qui leur permettra de mieux vivre de leurs activités.” À ce titre, Anne de Sainte Marie estime qu’on “n’a exploité qu’une infime part du potentiel du cheval. Il y a énormément à faire et de produits à vendre pour développer l’économie des établissements, pour les enfants, avec le sport sur ordonnance, mais aussi avec le public adulte. Nous avons du cheval à vendre à tous les publics, et la FFE doit vous y aider.”
La dernière question, concernant les liens entre équitation et ruralité, n’a pas vraiment suscité de controverses non plus. Anne de Sainte Marie a simplement mis en exergue sa volonté d’aider les exploitants agricoles à accéder plus facilement au foncier, à la campagne, avec l’implication des Sociétés d’aménagement foncier et d’établissement rural (SAFER), et en agglomération, à travers des projets concertés “d’agriculture urbaine, dans le cadre du verdissement des villes, avec le soutien de la politique agricole commune (de l’Union européenne, ndlr). Et l’urgence, dès cette élection passée, sera d’exister dans le plan de relance du ministère de l’Agriculture, qui ne comporte aujourd’hui ni le mot équitation ni le mot cheval.” Pour sa part, Jacob Legros a évoqué la relation entre l’équitation, le patrimoine et la culture, mentionnant la Camargue parmi les terres profondément attachées à des traditions équines qu’il faut préserver.
Quand est venu le temps de la conclusion, Anne de Sainte Marie, qui n’a pas employé tout son temps imparti, a concentré son message sur la nécessité de voter. “Aujourd’hui, il faut être clair: le véritable président de la FFE, c’est l’abstention, puisque 75% d’entre vous se sont abstenus en 2016. Aujourd’hui, nous sommes dans une situation inédite, avec trois candidats. Vous avez le choix entre continuer, pour un sixième mandat, ou voter pour un nouveau souffle, une nouvelle énergie, un projet construit avec vous. Je n’aurai qu’un mot: votez!” Pour sa part, Jacob Legros a estimé que “la mécanique fédérale fonctionne bien et qu’elle a fait ses preuves. La FFE est solide et devra le rester. Nous avons des différences d’opinion (avec Serge Lecomte, ndlr). C’est pourquoi il ne faut pas un nouveau souffle, mais un nouveau cap, que nous proposons.” Pour sa part, après avoir répondu à plusieurs attaques de ses concurrents, Serge Lecomte a martelé avec force son état d’esprit, inchangé depuis sa prise de fonction, il y a un peu plus de seize ans. “Je me suis toujours battu pour que la FFE soit régie par de vraies dirigeants d’établissements équestres, qui sont sur le terrain et engagent leur argent et leur responsabilité. Tous les membres de mon équipe sont en prise avec le terrain. Et ce sont des jeunes qui sauront demain diriger cette fédération et la pousser plus loin.”
Les trois candidats se retrouveront jeudi soir à 20h pour parler développement des clubs, économie et relance, mais aussi formation professionnelle et emploi. Mardi prochain, le troisième et dernier débat sera consacré à la compétition et au tourisme équestre.
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