Au terme d’un scénario improbable, Olivier Robert triomphe à Madrid et souffle la victoire à Scott Brash
Quelle victoire ! Au terme d’un scénario des plus improbables, qui a vu Olivier Robert et Scott Brash s’affronter dans un barrage aux allures de duel, le Bordelais a tout simplement été intraitable. Aux rênes de son généreux Vivaldi des Meneaux, douze ans, le Français a fait retentir La Marseillaise face à des tribunes enfin combles. Malgré un barrage sans-faute, l’Écossais, cavalier d’Hello Jefferson (ex Jerenmias van het Hulstenhof), n’a rien pu faire et s’est incliné. Auteur d’un parcours à quatre points très rapide en première manche avec sa nouvelle monture, VDL Cartello, l’Irlandais Darragh Kenny complète le podium.
À chaud et ému, au micro des journalistes du Longines Global Champions Tour (LGCT), Olivier Robert n’en revenait pas de sa victoire, la sans doute la plus belle de sa carrière, et la première en Grand Prix 5*. Toujours modeste, parfois à l’excès, le Bordelais dit même qu’il a remporté ses propres Jeux olympiques en s’imposant sur la vaste piste en herbe de Madrid. Déjà deuxième à Doha, battu d’un cheveu par Christian Ahlmann, le Français continue pourtant de prouver qu’il a bel et bien sa place parmi l’élite.
Samedi 22 mai, associé à son généreux Vivaldi des Meneaux, élevé par sa propriétaire de toujours Valérie Cougouille, le Français est venu à bout d’un Grand Prix palpitant, au scénario singulier. Le premier acte a vu les barres rouler à terre à maintes reprises, avant que seuls Scott Brash et Olivier Robert, donc, parviennent à toutes les laisser sur les taquets. Dans un barrage aux allures de duel, le représentant de l’Hexagone a tout donné (36"74), porté par un public acquis à sa cause. Parti juste avant lui, son opposant Écossais a tenté de jouer placer, sans grand succès (39"26). Pas aussi rapide qu’à son habitude, Scott Brash a laissé plus de marge que nécessaire à son adversaire. Déçu, le pilote s’est incliné. La première victoire de son fils de Cooper van de Heffinck ne sera pas pour tout de suite, mais le généreux bai clair a, une nouvelle fois, démontré toute l’étendue de son talent.
Olivier Robert, comme son homonyme à Bourg-en-Bresse, est monté sur la plus haute marche du podium. Si les places pour Tokyo seront chères, la régularité des performances du couple qu’il forme avec son fils de Chippendale pourraient bien attirer l'œil du staff tricolore. Fin août, les championnats d’Europe Longines se joueront dans les installations allemandes de Ludger Beerbaum….
Une première manche plus que sélective
Les amateurs de parcours techniques et délicats ont été servis aujourd’hui. Sur les trente-quatre couples au départ du Grand Prix, seuls deux n’ont commis aucune faute. Il aura fallu attendre le dix-sept, puis le vingt-septième départ pour voir l’équation posée par le chef de piste être résolue. Les autres pilotes, eux, ont péché çà et là, se faisant sanctionner à la moindre approximation. Pour cette deuxième étape du Longines Global Champions Tour, la première ayant été remporté à Doha par Niels Bruynseels plus tôt cette saison, Santiago Varela avait aligné dix-sept efforts, dont une palanque en numéro 4, un double en numéro 6, une rivière en numéro 10, ainsi qu’un triple en numéro 13, suivi d’un ultime oxer sur bidet, en numéro 14. Si le milieu de la dernière combinaison s’élevait à 1,65m, tous les éléments ont posé des soucis aux pilotes. La rivière a notamment été fatale au Belge Constant van Paesschen, victime d’une chute sans gravité, au Britannique Ben Maher, qui a essuyé deux refus de Madame X, mais aussi au Japonais Mike Kawai, éliminé à son tour sur l’eau avec Celvin.
Vingt-cinq (!) des vingt-neuf couples à être venu à bout de leur parcours ont renversé au moins un élément de la dernière ligne, composée des trois derniers obstacles du parcours. Ce scénario est sans doute assez inédit, là où l’habitude veut plutôt que ce type d’épreuve regroupe un grand nombre de barragistes. Pour autant, cela a permis de mettre en évidence les meilleurs techniciens. Il convient également de relativiser certaines contre-performances. Tous les cavaliers n’avaient pas pris leurs meilleures montures pour affronter ce tracé corsé, ce qui a sans doute quelque peu frustré le public espagnol, venu en nombre pour encourager les siens. Au final, Darragh Kenny, qui tenait son sans faute, a renversé l’ultime oxer du parcours avec son nouvel étalon, VDL Cartello, un joli et puissant gris qu’il ne monte que depuis le début du mois. Avec le parcours à quatre points le plus rapide, l’Irlandais devance l’excellent Brésilien Marlon Módolo Zanotelli, associés à un autre représentant du haras VDL, Edgar M, et Sergio Alvarez Moya, meilleur représentant Espagnol avec l’expérimenté Alamo. Quatrième et cinquième, les deux hommes ont respectivement renversé l’entrée et la sortie du triple numéro 13. Parti en ouvreur, l’Israélien Teddy Vlock, élève de Darragh Kenny, étudiant à Yale et talentueux cavalier de vingt-trois ans a pris une excellente sixième place aux rênes d’Amsterdam, ancienne monture du Canadien Mario Deslauriers, après une erreur sur la fragile palanque numéro 4.
Comme Olivier Robert, Kevin Staut était au départ du Grand Prix après s’être qualifié un peu plus tôt dans la journée. Comme beaucoup, le Français a été pris au piège dans les deux combinaisons, laissant à terre les sorties du double et du triple, ainsi que l’oxer numéro 2, aux rênes de sa Tolède de Mescam*Harcour.
En s’offrant ce Grand Prix, Olivier Robert a été le premier représentant tricolore à faire retentir l’hymne national sur cette étape du LGCT. En prime, le Bordelais a empoché la modique somme de… 100.000 euros et son ticket pour les Plays Off de Prague. Chapeau bas. Du côté du classement général, Scott Brash caracole en tête, devant Bart Bles et Olivier Robert.