Quand le cheval unit le monde équestre et agricole pour développer des formations et des emplois

Jeudi, la Fédération Française d’Équitation (FFE), l’Institut français du cheval et de l’équitation (IFCE) et la direction générale de l’enseignement et de la recherche (DGER) se sont réunis au Salon International de l’Agriculture à Paris pour officialiser leur collaboration sous la forme d’une convention tripartite inédite dont les préoccupations liées aux formations et à l’emploi dans la filière équine sont au cœur de celle-ci. 



En octobre, la FFE, l’IFCE, l’école des courses hippiques (AFASEC) et la région Normandie ont enclenché une campagne de communication tous azimuts sous le hashtag #lechevalrecrute pour valoriser les métiers du cheval et leur attractivité. Cette initiative, lancée parmi de nombreuses autres en matière de sensibilisation, s’inscrivait comme une nouvelle réponse possible aux problématiques d’emplois que connaît la filière équine depuis plusieurs années et amplifiées avec la crise sanitaire. Une campagne a été déclinée par la FFE pour les métiers directement liés à l’encadrement de l’équitation dans les établissements équestres : animateur d’équitation, moniteur d’équitation et accompagnateur de tourisme équestre. L’inquiétude persiste dans le monde du cheval qui compte environ 150 000 actifs en France et qui, malgré la variété et la richesse de ses métiers, peine à trouver des candidats à ses 3 500 offres d’emplois publiées en moyenne par an. Alors que la formation et l’emploi sont au cœur des préoccupations de la FFE, cette dernière a souhaité se rapprocher de l’enseignement agricole à travers la DGER du ministère de l’Agriculture et de l’Alimentation dans le but de renforcer les synergies entre ces deux environnements naturellement imbriqués. C’est dans cet objectif que la FFE, la DGER et l’IFCE se sont réunis jeudi au Salon International de l’Agriculture pour signer une convention tripartite inédite. Valérie Baduel, la directrice générale de la DGER, Serge Lecomte, le président de la FFE et Jean-Roch Gaillet, le directeur général de l’IFCE ont donc scellé leur engagement à long terme en présence de jeunes et de formateurs enseignants. Cette convention signée vise à améliorer la complémentarité de l’ensemble des filières de formation, agricoles et équines, pour optimiser l’insertion professionnelle. Elle détermine les trois axes de collaboration entre les trois entités : la pédagogie, la facilitation des parcours de formation et l’insertion professionnelle, la sensibilisation et la consolidation de l’exemplarité des clubs et des lycées agricoles dans les bonnes pratiques en faveur du bien-être animal. 

“C’est bien naturellement que la FFE entend renforcer son partenariat avec l’enseignement agricole puisque les activités équestres combinent sport et agriculture. Cette convention me tient particulièrement à cœur car au-delà de mes fonctions fédérales, je suis un homme de terrain, dirigeant de clubs et employeur, qui souhaite contribuer à pallier les difficultés de recrutement que connaissent nos entreprises équestres. Le monde agricole et l’enseignement agricole doivent permettre à la filière équine de poursuivre son développement et de proposer en retour, à l’univers agricole, de nouvelles opportunités d’activités de loisir et de pleine nature. J’espère que cette convention, nous conduira le plus loin possible pour proposer un cadre de formation optimal”, a déclaré le président de la FFE.



Une nouvelle qualification dès septembre 2022 : le diplôme Animateur Soigneur

Le déploiement de son centre de formation pour apprentis (certifié Qualiopi), l’aide à la certification Qualiopi (obligatoire depuis le 1er janvier pour les organismes de formation adhérents) et la promotion des métiers de l’équitation font partie des grands axes de travail de la FFE. La fédération assure également la mise en œuvre, le suivi et la délivrance de certifications professionnelles : animateur d’équitation et accompagnateur de tourisme équestre, inscrites au répertoire national des certifications professionnelles sans compter les brevets fédéraux d’entraîneur ou d’encadrement et prochainement le diplôme fédéral d’animateur soigneur, proposé dans la continuité de la signature de cette convention avec l’enseignement agricole.

Cette formation animateur soigneur, réservée aux candidats détenteurs du Galop 3 et accessible dès septembre 2022. Elle permettra d’assurer les soins aux équidés, l’entretien des structures équestres, de participer à l’animation du club en dehors de la pratique sportive, de découvrir la relation homme-cheval et de sortir les équidés de l’école en toute sécurité. “Ce diplôme d’animateur soigneur est le premier échelon. Ensuite il y a bien sûr ceux d’animateur d’équitation, d’accompagnateur de tourisme équestre et de moniteur avec le BPJEPS qui est l’équivalent du baccalauréat… Toutes ces formations et diplômes s’inscrivent dans une formation initiale qui a pour objectif de faire progresser, qualifier et professionnaliser beaucoup de jeunes. Ils évolueront auprès d’un animal qui les passionne, découvriront le travail, la polyvalence, et développeront leurs capacités relationnelles… autant d’atouts qui leur permettront de toujours rebondir dans la vie”, a ajouté Serge Lecomte. “Nous avons créé ce diplôme [animateur-soigneur], spécifiquement pour cette convention, que l’on peut double-certifier avec à la fois un diplôme agricole et un diplôme de la FFE pour la partie équestre. Ainsi, à l’issue de cette formation, les jeunes sortiront avec un CAP et ils auront en support un diplôme fédéral d’animateur-soigneur. Ce qui permet d’avoir des jeunes en cursus de formation durant quatre années avec la notion d’apprentissage puisqu’ils sont déjà en entreprise. Ce cursus permet de former des femmes et des hommes de chevaux, ce qui manque parfois puisque nous avons de très bons sportifs qui viennent vers les diplômes de l’enseignement mais leur projet n’est pas d’être enseignent mais plutôt cavalier avant tout. Le but est que ces jeunes restent dans le métier puisque nous en avons besoin dans toute la filière”, a expliqué Frédéric Bouix, délégué général de la FFE.

 



“Cette convention très complète, qui intègre aussi le bien-être animal, est porteuse d’avenir”, Valérie Baduel

Valérie Baduel, directrice générale de l’enseignement et de la recherche, a déclaré lors de la signature de la convention: “L’enseignement agricole fournit, en compétences et en connaissances, le monde professionnel. Notre objectif est que nos jeunes acquièrent un socle de compétences le plus large possible qui leur permette d’évoluer dans leur carrière. La FFE est notre partenaire majeur puisque nous proposons vingt et une sections sportives d’équitation dans nos établissements et nous avons conscience que le cheval représente également une source d’épanouissement pour ces jeunes concernés. Cette convention très complète, qui intègre aussi le bien-être animal, est porteuse d’avenir.”Cette convention vise à rendre le schéma de formation lisible et cohérent. Elle est une réponse efficace aux évolutions sociétales, tant dans le rapport au travail que dans les enjeux qu’implique le travail avec l’animal”, a témoigné Jean-Roch Gaillet, directeur général de l’IFCE.

“J’ai toujours aimé les chevaux et cette passion m’a conduit à suivre la formation de palefrenier-soigneur. Cette formation complète ce que j’apprends dans l’entreprise. Je pense continuer encore quelques années avant de me lancer dans un CAP groom”, a expliqué Kristian Leroy, apprenti en 2e année de CAPA palefrenier soigneur. Luc Oberlin, titulaire d’un baccalauréat sciences et technologies de l'agronomie et du vivant (STAV) et d’un diplôme assistant animateur d’équitation (AAE), actuellement en BTS production animale: “J’ai toujours été attiré par le monde agricole, les soins aux animaux et l’enseignement, j’adore pouvoir transmettre. Le monde agricole et celui du cheval sont très complémentaires. J’ambitionne, à termes, de créer une école novatrice, qui allierait agriculture et chevaux, l’école de mes rêves en quelque sorte.”

“Je suis passionnée par les chevaux depuis toute petite. Ma formation diversifiée m’a permis de postuler en tant qu’agent de développement para-équestre au Comité Régional d’Équitation d’Ile-de-France. J’aimerais à l’avenir ouvrir ma propre structure d’accueil de personnes en situation de handicap, proposer de la médiation équine et de l’équithérapie. Dans l’équitation, les possibilités de métiers sont grandes quand on a la passion”, a confié Amandine Perez, diplômée BPJEPS et animateur équestre, BFE Équi-handi et Équi-social, coach préparateur mental, en formation d‘éducateur spécialisé.