Être bien dans ses bottes quelle que soit sa discipline

Indissociables de la pratique équestre, les chaussants d’équitation, autrefois cantonnés à des allures militaires, se déclinent aujourd’hui en un vaste choix de modèles et de styles visant à améliorer l’expérience des équitants. Bottes en cuir ou bottines et mini-chaps, classiques ou dotées de technologies novatrices: comment les choisir?



Depuis des siècles, la botte d’équitation constitue un élément incontournable de la panoplie du cavalier. Servant à préserver le pantalon du frottement de la selle, la cuissarde, qui se chaussait jusqu’en haut des cuisses, a dominé de la Renaissance à la Révolution. Ce n’est qu’au début des années 1800, avec l’apparition du premier métier à tisser mécanique ayant permis de se procurer du tissu à prix raisonnable, que les bottes ont commencé à descendre en dessous des genoux. Symbole d’émancipation féminine, si les bottes cavalières ont aujourd’hui largement dépassé les frontières de la sphère équestre pour conquérir le monde de la mode, à l’origine, seuls les hommes pouvaient se permettre de les arborer, les femmes ayant longtemps été contraintes à la monte en amazone. 

Aujourd’hui, que l’on soit cavalière ou cavalier, plus question de négliger cet outil indispensable à la bonne pratique de l’équitation. Désormais disponibles dans un large choix de modèles et de styles, les chaussants constituent l’un des premiers achats de l’équitant. Si le confort est longtemps passé au second plan, ils se veulent aujourd’hui aussi élégants que techniques et pratiques. Exit les épaisses et rigides bottes en caoutchouc, jadis incontournables! Désormais, même les grands débutants peuvent se parer de matériaux souples et confortables qui visent, avant tout, un contact plus étroit avec le cheval.



Bottes ou mini-chaps?

Voilà l’un des premiers dilemmes auxquels l’équitant doit faire face au moment de choisir son chaussant. Enveloppant le bas de jambe pour le protéger des frottements, les mini-chaps, plus abordables qu’une paire de bottes, s’associent à des bottines pour former un ensemble à l’aspect pratique non négligeable. S’il est recommandé de déchausser ses bottes dès lors que l’on met pied à terre afin de préserver leur structure, les mini-chaps s’enfilent et se retirent en un rien de temps; l’idéal pour alterner entre séances montées et travail à l’écurie. À l’inverse des bottes, appréciées pour leur effet galbant qui aide la jambe à se fixer, les mini-chaps laissent davantage de souplesse à la cheville. Ainsi, un cavalier appréciant la sensation d’être maintenu préfèrera opter pour une paire de bottes, tandis que celui qui priorise la praticité ou le budget se tournera plutôt vers des mini-chaps. Cependant, pour un coût correspondant à celui d’une paire de bottes en entrée de gamme, certaines mini-chaps considérées haut de gamme permettent de se rapprocher de l’effet d’une botte souple. Il appartient donc à chaque cavalier de faire son choix en fonction de sa pratique habituelle et de ses préférences personnelles.



À chaque discipline ses exigences

Tout comme le niveau et les aspirations du cavalier, la discipline majoritairement pratiquée, mais aussi la fréquence d’utilisation de l’équipement sont des facteurs à prendre en compte lors de l’achat de chaussants. En effet, il semble peu utile d’investir dans un produit haut de gamme lorsque l’on pratique l’équitation de manière occasionnelle ou peu intense, dans le cadre d’une pratique en club par exemple. Si le débutant a tout intérêt à choisir un modèle polyvalent, il convient au cavalier plus expérimenté de sélectionner son chaussant en fonction des exigences et spécificités de sa discipline de prédilection. Du polo à la randonnée en passant par le horse-ball et le dressage, il existe autant de profils de bottes que de pratiques équestres. Ainsi, le cavalier de saut d’obstacles privilégiera une matière souple qui ne contraindra pas les mouvements de sa jambe lors des sauts et veillera à ce que la hauteur de la tige ne le gêne pas au niveau du genou lors de la flexion. Plus singulière, la botte de dressage est l’objet de convoitise des inconditionnels de la discipline. Généralement dépourvue de lacets, elle est souvent coquée grâce à un renfort rigide intercalé entre le cuir et la doublure, et conçue de manière à répondre à des exigences esthétiques en empêchant notamment le cuir de s’affaisser. Plus lourde qu’une botte classique, elle facilite la descente des jambes et favorise donc la position verticale du cavalier.

Si la large offre de produits présents sur le marché peut rendre difficile la comparaison entre plusieurs modèles, bien souvent, les différentes gammes de prix se justifient par la qualité des matériaux utilisés. Le cuir étant une matière vivante, miser sur sa qualité évitera notamment qu’il ne se détende trop et que la botte ne descende excessivement sur la jambe au fil du temps. 

Bien qu’elles passent généralement plus inaperçues, il existe aussi des différences à ne pas négliger concernant les méthodes d’assemblage de la semelle. Soudée, celle-ci est moins chère à produire, mais également moins résistante. Maintenue grâce à une couture apparente (point norvégien) ou invisible (Goodyear), elle sera plus robuste. Ces deux techniques garantissant une solidité équivalente, il s’agit, là encore, d’une question de préférence. 

Au-delà de toutes règles et traditions, une bonne botte d’équitation est avant tout une botte dans laquelle on se sent bien. Pour éviter les ampoules dues aux frottements, les pincements et autres désagréments pouvant causer une gêne lors de la pratique de l’équitation, mieux vaut se fier au savoir-faire d’experts et, si possible, se faire conseiller. Pour permettre au plus grand nombre de trouver chaussure à son pied, de nombreuses marques offrent la possibilité d’ajuster la structure de leurs bottes à toutes les morphologies, ou presque... Destiné à tous, le demi-mesure repose sur trois critères: la pointure, le tour de mollet et la hauteur de la tige. Reporté sur une grille de tailles propre à chaque marque, le compromis entre ces trois mesures est l’assurance d’un produit personnalisé pour un budget pouvant démarrer aux alentours de 300 euros.



Le sur-mesure, le choix des avertis

Pour avoir la parfaite garantie d’un confort optimum, pourquoi ne pas opter pour du sur-mesure? Plutôt destiné aux professionnels de par son coût (compter entre 600 et 1000 euros), ce service haut de gamme n’a pas de limite. De la forme de la botte à la doublure en passant par la largeur du pied et l’épaisseur de la cheville, tout est minutieusement pris en compte pour concevoir une botte parfaitement ajustée, particulièrement adaptée à une pratique intensive. Chapeau verni, bout fleuri ou éléments colorés, une fois les mesures prises, cette option offre également une multitude de possibilités pour personnaliser sa paire de bottes en fonction de ses goûts et de ses envies. 

Les besoins et les attentes des cavaliers ayant évolué au cours des dernières décennies, pour de plus en plus de fabricants, confort et technicité ne riment plus seulement avec tradition. Si en matière de chaussants, le cuir règne en maître, les matières synthétiques ne sont pas en reste, surtout lorsqu’il s’agit d’innover pour offrir aux cavaliers des produits toujours plus techniques et modernes. Plus faciles à entretenir et résistantes aux intempéries, elles profitent autant aux cavaliers d’extérieur qu’aux amateurs de sport en recherche de nouvelles sensations. Faisant appel à des connaissances poussées en biomécanique, certains fabricants vont jusqu’à reconsidérer leur cahier des charges et les critères qui font d’une botte un outil pratique et performant, s’inspirant parfois des technologies utilisées dans d’autres sports. Certaines marques misant sur l’alliance de matériaux innovants entendent même révolutionner la botte traditionnelle en proposant des produits à mi-chemin entre la chaussure de sport et la botte d’équitation, offrant dans certains cas un effet “seconde peau” très apprécié.



Quelles autres alternatives au cuir?

Depuis quelques années, des préoccupations émergent concernant l’impact environnemental de l’usage du cuir, fabriqué grâce à la transformation de la peau putrescible d’un animal en une matière imputrescible. En 2019, on estimait que l’élevage était à l’origine d’environ 20% des émissions globales de gaz à effet de serre, ce qui représente une part plus importante que les gaz produits par les transports (données de l’Institute for Climate Economics). De plus, l’élevage nécessite une quantité importante d’eau et de denrées, ainsi que de grands espaces; c’est pourquoi l’élevage est souvent pointé du doigt pour sa participation à la déforestation. 

Encouragés par une demande de plus en plus soucieuse de la cause animale, certains fabricants de chaussants s’intéressent progressivement à de nouveaux matériaux tels que le liège qui, bien qu’encore marginal sur ce marché, semble présenter plusieurs avantages. En plus d’être issue d’une culture durable, cette matière faite d’écorce faciliterait la fixité de la jambe en permettant une meilleure accroche. Apparu sur le marché des selles il y a deux ans, le liège présente également de nombreux atouts pratiques, à commencer par sa légèreté. Parfaitement imperméable, il permet aussi de troquer la cire ou la graisse, nécessaires à l’entretien du cuir, contre une simple éponge humide. Si certains bottiers reconnaissent sa qualité agrippante et sa facilité d’entretien, l’intégrant même à certains de leurs modèles en cuir, le liège peine néanmoins à se faire une place sur le marché des chaussants où la souplesse et la solidité du cuir demeurent, pour l’heure, inégalables. Particulièrement en vogue dans le secteur de la mode, les cuirs dits “vegans” attisent également les curiosités. Bien que ceux-ci n’aient de cuir que le nom, certains matériaux conçus à base de végétaux y ressemblent à s’y méprendre. Si les bottiers ne les ont pas encore introduits dans leurs ateliers, nul doute qu’ils guettent de près l’évolution de ces matières pouvant être obtenues à partir de feuilles d’ananas (Pinatex), de champignons (Muskin), de pommes (Appel Skin), ou encore de raisins (Vegea). Encore coûteuses à produire, peut-être débarqueront-elles un jour sur le marché des chaussants. 

Attention toutefois à la mention “cuir végétal” qui, bien souvent, n’indique que la méthode utilisée pour le tannage d’un cuir bel et bien d’origine animale. Procédé consistant à teindre et à traiter le cuir pour le rendre plus souple et facile à travailler, le tannage est minéral lorsqu’il est réalisé à l’aide de métaux lourds, comme les sels d’aluminium ou de chrome, et parfois du zirconium. Efficace, rapide et peu coûteuse, cette méthode est la plus répandue. On parle de tannage végétal lorsque celui-ci est effectué à partir de substances naturelles comme des plantes ou de l’écorce. Ce procédé est plus lent, mais il est non toxique et produit un impact moindre sur l’environnement. On notera néanmoins que le tannage végétal gagne en popularité et tend à être davantage utilisé. 

Quelle que soit leur matière, favoriser l’achat de chaussants produits en Europe permet de s’assurer de l’utilisation de substances régies par une réglementation protégeant la santé humaine et l’environnement et, dans le cas du cuir, du respect des normes en matière d’abattage des animaux. En outre, l’achat d’une paire de bottes ou de mini-chaps est aussi l’occasion de valoriser le travail d’artisans français ou européens dont le savoir-faire est un patrimoine précieux. Pour l’heure, le meilleur moyen d’adopter une consommation responsable demeure d’investir dans des matériaux de qualité qui, grâce à un bon entretien, auront davantage de chances de durer dans le temps. 

Cet article est paru dans le dernier numéro du magazine GRANDPRIX.

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