S’équiper pour monter en toute sérénité
S’approcher du risque zéro. Les “équipements de protection individuelle” (EPI) d’équitation que sont les casques, gilets, et airbags – secondés par les étriers de sécurité – s’attachent à offrir aux cavaliers le plus de sécurité possible dans leur pratique. Entre approbation, interrogation et réprobation, les lecteurs de GRANDPRIX ont livré leurs expériences à travers un sondage en ligne, élaboré en partenariat avec Horse Development, agence de conseil en marketing et en stratégie spécialisée dans le monde du cheval.
Sport à risques redouté par les assurances et les radiologues, l’équitation flirte malheureusement avec le top du classement des pratiques sportives dangereuses. Et pour cause : il faut réussir à faire corps avec un partenaire de 500 kg… et personne n’est à l’abri d’une chute générant un choc contre un arbre, des cailloux, du bitume, du sable, un poteau, un chandelier ou une barre… Plusieurs lecteurs, sondés par GRANDPRIX, évoquent en prémices la prévention par l’éducation quand il est question de sécurité, à commencer par la gestion de prise de risques du cavalier ! “L’utilisation des équipements de protection individuelle (EPI) permet de limiter les risques de lésions graves ou mortelles mais ne les évite pas à 100 %”, amorce Jérémy, interrogé début mai. “Je note que certains équitants continuent à se sentir invincibles : soit ils se pensent excellents cavaliers, sur un cheval sûr, voire sont persuadés de leur capacité à bien tomber, et donc à l’abri d’un accident grave ; soit, au contraire, ils se savent protégés par leurs équipements et se sentent pousser des ailes et prennent donc des risques inconsidérés…”
Le panel des huit cent soixante lecteurs ayant répondu au sondage se décline comme suit : 40 % ont entre 18 et 30 ans, 31 % entre 31 et 50 ans, 18 % moins de 18 ans et 11 % plus de 51 ans. Parmi eux, 45 % évoluent en compétitions Amateurs, 30 % en compétitions Clubs, 21 % ne concourent pas et, enfin, 4 % sont des professionnels. Plusieurs de ces lecteurs insistent sur la formation du jeune cavalier, et notamment sur le fait qu’il doit être davantage sensibilisé aux règles de sécurité et au port du casque ou d’une protection thoracique. D’autres lecteurs pointent également du doigt les failles du système d’enseignement. “On veut souvent aller trop vite et trop haut alors que l’équitation de base n’est pas acquise”, s’agace François, appuyé par Marine, qui regrette des séances parfois peu adaptées au réel niveau du cavalier, avec quelquefois de gros écarts de niveau entre les apprenants, ce qui engendre des accidents. “Il faudrait également apprendre à se réceptionner le mieux possible pour minimiser les dégâts”, remarque Maëlys. Pratiques de la gymnastique, des pony-games, du judo ou encore des arts du cirque : nombreux sont les lecteurs à avancer la nécessité de travailler la souplesse, la tonicité et les réflexes via d’autres sports. “La protection intégrale n’existe pas”, analyse Oriane. “Il faut apprendre à se décontracter pour ne pas crisper ses muscles, à rouler pour éviter un éventuel coup de pied, ou encore à élargir la zone en contact avec le sol pour limiter la concentration de l’énergie de la chute. Je me suis cassé la clavicule lors d’une chute bête, et je suis persuadée que si j’avais appris à tomber, cela aurait pu être évité. L’équitation est extrêmement en retard sur ce point, alors que beaucoup d’autres sports l’enseignent dès le plus petit niveau.”
“La prévention passe aussi par l’éducation des chevaux et leur désensibilisation aux bruits et mouvements brusques afin de limiter les réactions de peur”, poursuit Coralie, quand Hélène soulève le fait qu’un cheval doit aussi vivre dans un environnement adapté, où il puisse exercer un comportement propre à son espèce (mouvements en liberté, socialisation avec ses congénères, fourrage en continu, etc.) sur son temps de repos pour pouvoir ainsi travailler sereinement avec son cavalier. Enfin, certains sondés dirigent leurs propos vers la prévention routière et ses usagers : “Cyclistes, piétons avec chien et enfant, automobilistes, conducteurs de quad… beaucoup oublient le Code de la route et l’obligation d’être prudent avec les animaux, de ralentir, de ne pas klaxonner, ne pas frôler, etc. Idem en forêt. Même un cheval bien éduqué peut échapper au contrôle de son cavalier prévenant et créer un accident !”
“De plus en plus de cavaliers investis- sent dans un airbag et ce, quel que soit leur niveau”, éclaire Geoffroy Soullez, cavalier international, instructeur et responsable de la formation professionnelle et de la compétition Club au haras de Jardy, à Marnes-la-Coquette, en Seine-et-Marne. “Environ 25 % de nos cavaliers portent un gilet airbag en cours, et pas uniquement pour la pratique du cross. Les parents d’élèves me demandent souvent des conseils sur cet investissement. Le secteur actuel des airbags ne permet pas d’équiper les très jeunes enfants car le poids minimum requis est compris entre 20 et 25 kg. Heureusement, les chutes sont bénignes à cet âge et touchent le plus fréquemment les membres. Mais dès que le port d’un airbag est possible, je le recommande car ce dernier sera toujours là pour limiter les dégâts ! Son port n’est ni obligatoire ni aussi ancré que le port d’une bombe, mais je note qu’il gagne en popularité.”
Le casque, l’allier séculaire
Équipement de sécurité par excellence, le casque constitue souvent le premier achat du cavalier. Son prix est compris dans une large fourchette, de 25 euros à plus de 900 euros, pour un prix médian de 100 euros. En dépit de cette différence de coûts, tous les casques d’équitation distribués sur le marché français doivent répondre à la même norme de sécurité en vigueur. “Les normes de sécurité se sont durcies au fil du temps, et c’est une bonne chose”, relève Xavier Pillet, gérant de la société UFO, installée à Signes, dans le Var, à une trentaine de kilomètres de Toulon. Elle est spécialiste du composite made in France et est présente dans le secteur de l’équitation depuis plus de vingt ans – UFO fait partie de la commission de l’Association française de normalisation (AFNOR) qui travaille sur l’évolution des normes d’homologation, qui attend par ailleurs l’an prochain la mise en place pour les casques de la nouvelle norme EN 1384 : 2017, jusqu’ici dans l’expectative d’être harmonisée. “Nous menons des travaux de recherches dans notre propre laboratoire pour améliorer continuellement le niveau de protection liée à l’équitation. Par exemple, il existe un lien entre volume du casque et augmentation des risques de lésion au cerveau lors d’un choc rotationnel ; nous avons donc porté nos développements sur un casque peu volumineux mais capable d’absorber le mieux possible les chocs à haute énergie”, poursuit Xavier Pillet.
Lors d’un précédent sondage en ligne, nos lecteurs avaient indiqué être plus de 96 % à le porter à chaque monte, contre 2 % jamais et 2 % uniquement pour certaines situations. “Le port du casque en toute occasion est rentré dans les mœurs, mais il est toujours bon de faire une piqûre de rappel sur son importance”, reprend le gérant de la société UFO. “Le casque d’équitation a beaucoup évolué ces dernières années et a encore de belles progressions à venir, mais il reste un travail d’éducation à faire, notamment sur le changement d’un casque après un choc.” En cas d’impact, une partie de la force pénétrante est absorbée par la destruction partielle de la coque et / ou du rembourrage protecteur. “Même si l’impact est non visible, le casque n’assurera plus jamais la même protection ! Le prix d’achat n’est pas anodin, mais il sera, heureusement, toujours moins coûteux qu’un traumatisme crânien… Nous préférons pour notre part offrir de bonnes conditions commerciales pour un remplacement à neuf plutôt qu’une formule de réparation. Nous proposons deux types de coques différentes – le composite injecté (Durgiten) et le carbone – pour s’adapter aux budgets. Le carbone offre notamment, outre ses propriétés mécaniques, un bénéfice en termes de poids.”
Particulièrement présent dans ce secteur, le phénomène de mode liée à l’esthétisme du casque joue parfois en sa défaveur et inciterait certains cavaliers à avoir des comportements dangereux, comme le souligne un lecteur : “J’ai vu des cavalières d’extérieur retirer leur casque avant de galoper afin que les cailloux projetés et les branches ne viennent pas érafler la précieuse coque… C’est un non-sens total !” Le désir d’être à la mode sans en avoir le budget peut, dès lors, inciter à acheter des casques d’occasion. “Il est tentant de se baser sur la bonne foi d’un particulier pour se procurer une bombe à un tiers du prix… Mais même si le cavalier n’a vraiment pas subi de chute avec son casque, il a très bien pu mal s’en occuper – le laisser longtemps en plein soleil, l’avoir nettoyé avec des solvants, ou l’avoir fait tomber de ses mains, ce qui est très courant, avouons-le. Ou alors, serait-il possible de vérifier la fiabilité d’un casque dont on ne connaît pas le passé ?”, s’interroge Vincent. Si acheter d’occasion est totalement déconseillé par les équipementiers, certains rares concepteurs proposent toutefois, dans certains cas, une réparation en interne de leurs propres produits. “Du fait de l’évolution régulière des standards d’homologation, des technologies et d’une éventuelle détérioration invisible de ses matériaux, il est recommandé de remplacer un casque après cinq ans d’utilisation, et c’est durant ce laps de temps que nous proposons notre système de réparation en service après-vente”, développe Amandine Cappello, en charge de la communication et du marketing de la marque Samshield, installée à Beauvais, dans l’Oise, à une cinquantaine de kilomètres de Chantilly. La date de fabrication est inscrite à l’intérieur du casque ainsi que dans le livret fourni. Indiquée en mois et année, elle est communément identifiée par un symbole représentant une usine. “Il nous est possible d’expertiser les chocs et d’agir en con- séquence en remplaçant les pièces endommagées, notamment le calotin, la partie maîtresse et protectrice d’un casque. Certains chocs sont peu visibles en externe et plus en interne quand d’autres montrent très fortement la violence de l’accident ! Un casque déformé post-chute a joué son rôle : celui d’absorber le maximum de chocs pour préserver le crâne et le cerveau.” “Sans dévoiler les secrets industriels, il serait intéressant que le secteur communique davantage sur le fait de pouvoir ou non réparer un casque, et pourquoi”, conclut Antoine. “Cela expliquerait sans doute mieux les différences de prix car, de prime abord, on pense surtout que cela est basé sur le confort, l’aération et l’esthétisme. Un casque est un EPI, ne l’oublions pas, et il serait bon de focaliser davantage le discours commercial sur ce sujet !”
L’étrier moderne et multifonction
Bien qu’officiellement non établi comme EPI, l’étrier participe activement à la sécurité du cavalier. Les étriers modernes couvrent désormais la totalité des besoins des cavaliers : amorti pour le confort et la stabilité, grip pour la tenue et, pour la sécurité, ouverture plus ou moins totale de l’étrier en cas de chute, désolidarisation avec l’étrivière, voire branche inexistante et remplacée par des aimants. Quels seraient les points à revoir ou à mieux discuter ? Dans un précédent sondage en ligne, GRANDPRIX avait également recueilli les interrogations et remarques de plusieurs lecteurs sur ce sujet. “Je suis un peu confuse, car on cherche à ce que le pied puisse vite sauter en cas de chute mais on propose en parallèle des crampons ou aimants qui en améliorent la tenue. Comment peut-on combiner ces deux actions contradictoires ?”, s’interroge Alicia. Le thème du coût revient souvent – et éloigne de ce fait l’idée d’une sécurité accessible à toutes les bourses –, couplé au fait que les sensations de bien-être sont propres à chacun. “Pour ma part, j’apprécie beaucoup ces nouveaux étriers car ils sont particulièrement confortables et m’aident nettement dans mon équitation. Mon équilibre est meilleur, mon risque de chute est considérablement diminué. En outre, je sais que mon pied ne va pas rester coincé si je chute malgré tout. Bref, j’en suis ravie ! Mais j’ai remarqué dans mon entourage que la sensation de conforts physique et mental procurée par les nouveaux étriers n’est pas partagée par tous”, commente Sévérine. “On achète souvent à l’aveugle, en se basant sur les ressentis d’autres personnes. Le risque de se tromper est quand même présent”, nuance Anne-Marie. “Un système de location avant achat me paraît intéressant pour mieux tester les modèles.” “J’ai testé, bien involontairement, la sécurité de mes étriers dès leur première semaine d’acquisition”, note Léonie. “L’étrier s’est détaché de l’étrivière et mon pied a été immédiatement libéré. Certaines de mes amies ont d’autres modèles, notamment ceux avec la branche qui s’ouvre ou celle carrément inexistante et matérialisée par un aimant. Je ne sais pas si ces modèles me conviendraient personnellement, mais c’est sans doute pour cela qu’il y a tant de choix ; cela reste un équipement de sécurité très personnel, un peu comme une bombe !” Plusieurs lecteurs pointent également du doigt les couteaux d’étrivières de la selle de moins en moins entretenus ou, pire, toujours fermés. “On oublie trop souvent cet élément basique. Ignoré et non entretenu, le couteau d’étrivière ne peut plus jouer son rôle et permettre le détachement de l’étrivière en cas de traction arrière”, note Sébastien. “Les étriers modernes ne suppriment pas tous les risques d’accidents graves, ne l’oublions pas !”, conclut Marie. “Il est nécessaire de ne pas s’appuyer à tout prix sur ce type d’outil et de savoir chausser et tomber correctement.” Peut-on imaginer d’autres innovations pour le futur ? “Contrairement aux casques et aux gilets de sécurité, les étriers ne doivent pas répondre à l’heure actuelle à une norme française ou européenne et les marques ne peuvent dès lors qu’avancer leurs propres statistiques et tests internes”, soulève un équipementier interrogé. “Nous avons très peu de données sur l’accidentologie à cheval, en particulier sur les pieds coincés dans les étriers. Or, la traçabilité des statistiques est la base d'une politique de prévention, qui est d’ailleurs plus mature dans d’autres secteurs sportifs comme les sports de glisse et le cyclisme. La sécurité reste un domaine de statistiques, où nous souhaitons minimiser le risque au maximum, sans pour autant pouvoir annoncer le chiffre de 0 % de risque. Il est très probable que le secteur des étriers puisse continuer à améliorer ses produits, mais il serait sans doute plus opportun de commencer par tabler sur une harmonisation des tests, et surtout une externalisation de ces derniers auprès d’organismes spécialisés et indépendants. La question est actuellement débattue au sein de cellules de réflexion française et européenne, dans l’intérêt des cavaliers et de l’ensemble du secteur.”
Les protections thoraciques et leurs niveaux de sécurité
Les protections thoraciques pour le cavalier se déclinent en trois grandes familles : les coques dorsales, les gilets complets gonflables ou non, et les airbags auto-gonflés. Si les coques dorsales ont fait leur apparition tardivement, les gilets complets et les airbags sont présents sur le marché depuis les années 2000 mais n’avaient pas à l’époque les mêmes popularité et technicité que maintenant. Les gilets de cross manquaient cruellement de confort et de style – les cavaliers s’en moquaient gentiment, utilisant les surnoms de “robocop”ou “gilet pare-balle” – et les airbags étaient, soit complètement ignorés, soit mal vus car associés aux cavaliers “froussards” et, globalement, à une mauvaise équitation. L’airbag a notamment connu un regain d’intérêt par le biais de l’accident du complétiste français Karim Laghouag, qui avait chuté sur le cross des championnats d’Europe de Fontainebleau, en 2009. Son panache sur un obstacle et l’impact de la chute de son cheval sur son dos avaient glacé le public et les spectateurs de l’épreuve, transmise en direct… Persuadé d’avoir assisté à un très grave accident, tout le monde avait retenu son souffle, mais rapidement, Karim s’était remis sur ses pieds et ne déplorait que quelques blessures mineures comparées à la violence du choc ! L’airbag venait de toucher les esprits ! “J’étais dans la même sélection que Karim lors de ces championnats”, reprend Geoffroy Soullez. “Un équipementier avait proposé l’airbag à toute l’équipe, mais je l’avais bêtement refusé. J’avais également chuté sur le cross, mais contrairement à Karim, j’avais ensuite enchaîné cinq mois d’hospitalisation… Ce fut un grand regret et je voue depuis un grand intérêt à l’airbag !”
De nos jours, il est désormais plus courant de voir les airbags en compétition ou portés au quotidien par les amateurs. Si le haut niveau du concours complet l’a très rapidement adopté pour la discipline du cross, le jumping de haut niveau reste plus frileux… À ce jour, seul l’ancien numéro un du classement mondial Longines, Martin Fuchs, porte un airbag sous sa veste, en compétition ou au quotidien. Si la technicité actuelle du secteur arrive à parfaitement camoufler un gilet airbag sous un vêtement, le détail du cordon d’attache pourra vous révéler d’un seul coup d’œil si le cavalier en est équipé, ou non ! Au niveau de la réglementation, les coques dorsales ne sont pas autorisées en compétition car elles répondent officiellement aux normes destinées aux motocyclistes (EN 1621-1 ou EN 1621-2, d’un cran au-dessus). Accessibles pour les petits budgets, elles offrent toutefois une protection légère pour les cavaliers qui la désirent. Les gilets complets de protection répondent actuellement à la norme NF EN 13158 : 2018. Cette norme avance plusieurs niveaux : le niveau 1 est destiné aux jockeys de course, le niveau 2 aux personnes expérimentées soumises à un faible risque, et le niveau 3 aux débutants ou aux personnes expérimentées soumises à un risque moyen à élevé. Ce dernier niveau est obligatoire pour la pratique en compétition de l’attelage et du concours complet. Au sein de cette dernière, le gilet de niveau 3 est souvent couplé au port d’un gilet airbag auto-gonflé pendant le cross. Enfin, les airbags auto-gonflés ont récemment obtenu leur propre norme, dont ils étaient dépourvus jusqu’alors, la NF S72-800 : 2022.
Le choix de porter un airbag… ou non
Parmi notre panel de huit cent soixante lecteurs sondés, 53 % possèdent un airbag, 36 % n’en possèdent pas et 11 % projettent d’en acheter. Une fois acquise, la protection est majoritairement portée à chaque séance (56 %, contre 44 %). Parmi les critères de sélection d’un achat d’airbag, la réputation de la marque intervient en premier, puis viennent ensuite le prix, la possibilité de l’essayer avant, la disponibilité immédiate, l’esthétisme, la compatibilité avec une veste de concours, le coloris et, de manière bien plus minoritaire, le lieu de fabrication et sa conception écologique ou non. “Il n’y avait pas encore de vraies normes récemment, donc il était logique de se tourner vers les marques qui distribuaient à grand volume afin de maximiser nos chances d’avoir des retours négatifs ou positifs”, commente Alexandra. Les retours positifs sur une marque spécifique ou l’airbag en général incitent à l’achat, pour soi ou pour ses proches. “Ma fille avait fait un panache avec son poney et son airbag s’était bien déclenché. Malgré tout, nous avions fait une visite de contrôle à l’hôpital. Un des urgentistes, père d’une cavalière, avait vu la vidéo de la chute et la protection avérée de ma fille… et m’avait également demandé la marque pour l’acheter !”, relate Aliénor. Porter un airbag amène également un support psychologique aux dires de plusieurs sondés. “Le gilet enlève un frein mental en assurant une meilleure protection en cas de chute. Avec le temps, cela permet à certains cavaliers de se sentir plus en confiance”, note Ornella. “J’ai commencé l’équitation à soixante-quatre ans et j’ai acquis un airbag trois ans après. Quelques chutes plus tard, je peux dire qu’il est très efficace ! À soixante-douze ans maintenant, je continue l’équitation sans”, appuie Béatrice. Enfin, le choix de porter un airbag a été salutaire pour de nombreux lecteurs accidentés. “Je suis violemment tombée en position assise, avec une douleur aigue au coccyx. Le médecin urgentiste avait détecté une luxation et pensais que j’avais rebondi au sol grâce à l’airbag et que cela avait sauvé mon coccyx d’une fracture !”, raconte Laurie. “D’après mon neurochirurgien, la fracture de ma vertèbre aurait été bien plus grave sans le port de mon airbag et j’aurais perdu l’usage de mes jambes”, poursuit Valérie. “J’ai fait une chute stupide de mon poney, au pas et dans l’herbe, et pourtant je me suis fracturé et déplacé la première lombaire ! Merci airbag… Sans lui, ma vie aurait basculé en une fraction de seconde”, conclut Aurélie.
Le choix de ne pas porter un airbag s’appuie en premier lieu sur le prix du produit. “Je comprends que le prix moyen d’un gilet soit élevé (environ 450 euros, ndlr) – il est le fruit de beaucoup de recherches et technicités – mais cela reste un lourd investissement et amène à une certaine forme d’injustice pour ceux qui ne peuvent se le payer… J’espère sincèrement qu’un jour ce genre de sécurité sera à la portée de toutes les bourses”, critique Eliott, appuyé par Nina : “Si le prix n’était pas aussi élevé, j’aurais investi dans un airbag. Actuellement, je tombe vraiment très peu et sans dommage, donc je n’ai pas envie d’investir, mais si le prix était plus abordable, je n’aurais pas hésité car on n’est pas à l’abri d’une blessure !” En second lieu vient l’habitude de ne pas en porter, tout simplement, et de continuer donc à s’en passer. “J’ai déjà un casque, des étriers de sécurité… Je ne ressens pas le besoin de m’entourer de papier bulle, d’autant que j’ai toujours monté ainsi sans”, s’agace Justine. En dernier lieu vient la méfiance vis-à-vis du produit, soit parce que l’airbag ne s’est pas déclenché, soit parce qu’il a blessé via sa cartouche. “Les accidents des complétistes Thaïs Meheust (qui nous a tragiquement quittés en septembre 2019, ndlr) et Thibault Fournier (lourdement blessé en octobre 2019, ndlr) m’ont fait réfléchir sur le bien-fondé de ce matériel… Dans les deux cas, les chevaux ont panaché et n’ont pas permis le déclanchement de l’airbag”, rappelle tristement un lecteur. “Pour ma part, l’airbag s’est bien déclenché mais ne s’est pas gonflé ! Incompréhensible… Retour au fabricant, qui nous en a prêté un autre en attendant réparation”, se remémore Nicolas. “Ma sueur a fait une grosse chute. Sur le scanner, on a vu que la cartouche avait causé des lésions aux côtes ! Ce genre d’accident est sans doute rarissime mais devrait peut-être faire réfléchir à déplacer la localisation de la cartouche de gaz ! Peut-être au niveau de l’épaule ?”, s’interroge Séverine.
Une amélioration de l’airbag est-elle possible ?
Le non-déclenchement de l’airbag est un problème à l’heure actuelle, bien que très minoritaire en statistiques. Deux problèmes sont possibles : soit la sangle d’attache (fixée à la selle par les couteaux d’étrivières) a été mal réglée / attachée par le cavalier, soit il n’y a pas eu séparation de corps entre le cavalier et sa monture, ce qui n’a pas déclenché la rupture du cordon et donc le déclenchement de l’airbag. “Serait-il possible de trouver un système pour que l’airbag se déclenche, même lorsque le couple chute ensemble ?”, questionne Cindy. C’est actuellement le cas pour les motards qui peuvent acheter un airbag sans câble, qui intègre à la place un accéléromètre et un gyroscope. Il est raisonnable de penser que les concepteurs pourront faire de même en équitation dans un avenir proche ! Plusieurs lecteurs ont également évoqué la non-protection des bras, souvent sujets aux fractures. Bien que très peu connu, il existe pourtant sur le marché un demi-gilet qui protège les épaules et les coudes via une mousse absorbante type D3O, une matière révolutionnaire et hybride qui est souple en temps normal et se rigidifie instantanément en cas de choc. Cet équipement est actuellement aux normes moto mais peut-être sera-t-il présent officiellement dans le secteur de l’équitation dans les années à venir.
Plusieurs sondés ont regretté le bruit émis lors du déclenchement de l’airbag – parfois très fort, ce qui peut entraîner une réaction du cheval –, ainsi que l’emplacement et le poids de la cartouche, qui pouvaient gêner le cavalier. D’autres récriminations portent sur le panel des tailles proposées, notamment l’absence ou la rareté des grandes tailles et l’impossibilité alors d’être bien protégé selon sa morphologie. Enfin, si les remarques s’éloignent un peu du plan de la pure sécurité, plusieurs sondés ont déploré le fait que les airbags étaient trop chauds en été, irritaient la nuque et les épaules ou encore rebondissaient sur leur corps au trot et au galop assis. Dans la même veine, bon nombre de lecteurs ont souhaité que leurs airbags soient plus esthétiques et personnalisables afin de les porter aussi par plaisir et non plus seulement par obligation. Comme le casque et l’étrier, l’airbag pourra-t-il un jour rivaliser de style et fleurir sur le dos de tous les cavaliers ?
Cet article a été publié dans le magazine GRANDPRIX n°137 en juin.