Passez aux salons, c’est bon pour la cohésion!
Lyon, fin octobre, Angers et Rouen en novembre, Avignon en janvier, Bordeaux en février. Les Salons regroupant les différents acteurs du monde du cheval remportent un grand succès. Avec, souvent, une politique axée autour de l’ouverture de l’offre et la volonté de rassembler les différentes familles de l’univers équestre. Une nouvelle illustration que celles-ci ont un intérêt à se regrouper autour d’une passion commune: celle du cheval.
Organisé fin octobre, Equita Lyon est un rendez-vous que beaucoup de passionnés d’équitation ne manqueraient pour rien au monde. Pour le sport bien sûr, mais aussi et même souvent en premier lieu pour le salon. Créé en 1994 à l’échelle régionale, le rendez-vous rhônalpin est aujourd’hui devenu l’un des plus grands événements européens. L’édition 2022 d’Equita, avec son Salon du cheval de Lyon et son concours hippique international Longines, a battu tous les records de fréquentation et enregistré une augmentation de 7% par rapport à 2021. Avec près de 178.000 visiteurs accueillis entre le 26 et le 30 octobre, soit une moyenne de 35.600 visiteurs par jour, le cru 2022 a même surclassé le précédent record de 175.000 personnes reçues à Eurexpo en 2019, à l’occasion de la dernière édition avant la crise sanitaire.
Incontournable, Equita Lyon est une “place to be” pour les passionnés mais aussi pour tous les acteurs économiques et sportifs du monde équestre, avec plus de sept cent cinquante exposants et éleveurs, des étapes du Jumping Ponies’ Trophy et des Coupes du monde Longines de saut d’obstacles et FEI de dressage et attelage, des épreuves d’équitation western parmi les plus dotées et réputées du Vieux Continent, deux soirées de sport et spectacles complètes et une multitude d’animations, de conférences, etc. Une diversification et une multitude d’offres qui ont fait la richesse de ce rassemblement. “Nous essayons toujours de nous remettre en question”, a expliqué Sylvie Robert, présidente de GL events Equestrian Sport, société organisatrice de l’événement, dans une émission de Lyon Métropole. “C’est un événement très attendu. Pour les épreuves Amateurs, les quelque trois cents places disponibles sont parties en cinquante-huit secondes. Du jamais-vu. Trois semaines avant l’ouverture du salon, la billetterie pour les épreuves de la Coupe du monde étaient déjà sold out.” Dans GRANDPRIX, elle a ajouté: “Il est génial de pouvoir fédérer autant d’acteurs autour de cette passion commune. En cinq jours, nous accueillons pas moins de 3.500 chevaux ! Concernant les exposants, nous avons dépassé notre record, datant de 2019, ce qui est un très bon signal et témoigne de l’intérêt économique du salon.”
Il y a quelques jours, le Parc des expositions d’Angers a accueilli la sixième édition de son Salon du cheval. Un vrai succès marqué là aussi par un record de fréquentation avec plus de 23 000 visiteurs en trois jours (+ 12 %) et deux cent dix-sept exposants, contre cent quatre-vingt-dix l’an dernier – encore un record. “C’est une très bonne nouvelle pour le Salon mais aussi pour la filière”, s’est réjouie Anne Boussion, directrice des salons à Destination Angers, organisateur de l’événement. “L’ADN du salon est d’avoir une proposition très ouverte et très variée. La nouvelle offre avec le pôle western et le pôle course qui avaient tous les deux beaucoup d’animations, a permis à cet événement de franchir un cap. L’espace #WeHorseGreen, autour du bien-être animal, a aussi contribué à ce succès. La diversité encore renforcée de l’offre nous permet de nous positionner dans le paysage des salons nationaux.” Complétant l’offre du Salon angevin, le spectacle Étoiles équestres, destiné aux artistes en devenir, a lui aussi fait salle comble. Même succès pour les épreuves de saut d’obstacles Amateurs, Clubs et Poneys.
Le bien-être comme objectif collectif
À l’occasion de ces rassemblement, le monde du cheval, réputé pour être très cloisonné, réussit pourtant à faire sauter ces barrières. Toujours intéressant et enrichissant de voir des univers se découvrir, d’apercevoir des chapeaux de cowboys déambuler parmi les adeptes de l’équitation dite classique ou les randonneurs. Et tous se retrouver dans la file d’attente des stands spécialisés dans les sandwiches à la raclette! Ces salons offrent aussi l’opportunité à de nombreux habitués des centres équestres de découvrir d’autres activités dont certaines suscitent parfois, souvent par méconnaissance, des a priori plutôt négatifs. Les courses par exemple. Avec de multiples animations (simulateurs, camionnettes de juges, etc.), à Angers, la zone des courses n’a pas désempli. Les organisateurs ont également la bonne idée d’associer à cet univers plusieurs associations de reconversion des chevaux de course: Passerelle, Un trotteur for ever, etc. Une autre façon d’informer et de casser quelques idées reçues.
Au centre des débats, on retrouve partout le bien-être du cheval, devenu depuis quelques années un inévitable et incontournable sujet de discussion dans le monde équestre, mais aussi un nouveau marché. À travers des conférences, ces salons permettent à de nombreux acteurs résolument engagés vis-à-vis de cette notion de bien-être et de celle d’écoresponsabilité de venir présenter leurs méthodes et approches. Leurs nouveautés aussi, grâce notamment au très actif pôle Hippolia. À chacun ensuite de faire le tri et de s’orienter vers le discours le plus adapté à sa philosophie, sa pratique ou son environnement.
Du côté d’Equita Lyon, la vingt-huitième édition avait aussi pour fil rouge le bien-être du cheval. “Le bien-être des chevaux de sport et l’acceptabilité sociale de nos activités équestres sont des sujets primordiaux”, a expliqué Sylvie Robert sur GRANDPRIX.info. “C’est pourquoi nous en avons fait notre fil rouge cette année, en partenariat avec toutes les maisons-mères de la filière. Nous avons renouvelé notre pôle dédié à la santé des chevaux mais aussi des cavaliers, ainsi que notre Journée bien-être équin. Cette année, notre objectif est de voir toutes les disciplines représentées lors de cette journée. Nous voulons parler de bien-être au grand public autant qu’aux acteurs du monde du cheval, qui connaissent pour la plupart déjà bien ce sujet. Sur chaque carrière, il y aura des intervenants, des démonstrations et beaucoup de films. Si nous voulons continuer à monter à cheval et voir l’équitation demeurer au programme olympique après les Jeux de Los Angeles en 2028, il est vraiment essentiel de sensibiliser l’opinion publique.”
Rencontrer, informer et s’informer, discuter et/ou débattre, ces salons offrent une formidable opportunité d’échanger. Les institutions l’ont bien compris. Toutes ou presque sont présentes à Lyon, Angers ou ailleurs: Institut français du cheval et de l’équitation (IFCE), Fédération française d’équitation, parfois à travers ses comités régionaux, Société hippique française, Fédération nationales des courses hippiques, AFASEC (école des courses hippiques), Société française des équidés de travail (SFET), Gendarmerie nationale et Garde républicaine, associations d’éleveurs, etc.
Dans un univers où le monde du cheval est confronté à de nombreuses contraintes de toutes sortes (économiques, politiques, sociétales etc.), le décloisonnement des différentes familles qui le constituent symbolise peut-être la piste à suivre. Celle qui rappelle que ce n’est pas en tirant chacun de son côté que l’on trouvera les bonnes solutions. Avec toujours à l’esprit une vérité bien plus générale: l’union fait la force. À ceux qui auraient manqué les salons de Lyon et Angers, rendez-vous à Rouen dès ce week-end, puis à Cheval Passion en janvier à Avignon, au Salon du cheval de Bordeaux en février.