Face à l’offre grandissante en matière de transport équin, il n’est pas toujours facile de s’y retrouver. Aussi, afin de connaître l’évolution des consommations des équitants ainsi que leurs attentes, la rédaction de GRANDPRIX et Horse Development, spécialiste de l’étude de marché dans la filière équine, ont réalisé un sondage auprès de quatre cent quatre-vingt-quatorze lecteurs en octobre 2023. À travers une cinquantaine de questions ciblées, cette consultation avait pour objectif de dégager les grandes tendances du secteur et de connaître les critères principaux d’achat des propriétaires ou acquéreurs d’un moyen de transport équin. À titre d’information et afin de mieux définir le profil des clients, une grande majorité des sondés sont titulaires du Galop 7 et propriétaires d’un ou deux chevaux. Ils pratiquent la compétition en catégorie Amateurs en saut d’obstacles, et de façon régulière. Quant à l’outil de déplacement utilisé, il ressort que les personnes non professionnelles déjà propriétaires d’un moyen de transport possèdent un van à 64%, et en grande majorité un van deux places (74%). A contrario, les professionnels sont majoritairement équipés de camions PL et / ou VL. 

Qu’ils soient déjà propriétaires d’un moyen de transport ou envisagent de le devenir, et quel que soit le type de véhicule envisagé (van ou petit camion), les critères du confort et de la sécurité des chevaux ressortent comme prioritaires, plébiscités à plus de 80% par les lecteurs ayant participé au sondage. Malgré la crise liée à l’inflation, le prix arrive en deuxième position. Une chose est sûre, les cavaliers et conducteurs veulent prendre de moins en moins de risques lorsqu’il s’agit de transporter leurs protégés à quatre membres. Parmi les principales craintes citées: “J’ai peur que mon cheval traverse le plancher du van ou que la barre de poitrail se casse”; “Je crains que mon cheval ne tombe durant le transport”; “Je n’aime pas ne pas voir mon cheval pendant le voyage”, sans parler des accidents de la route, qui ressortent en majorité dans les remontées. Mais si la peur n’évite pas le danger, les progrès effectués en matière de sécurité dans les transports équins sont plus que significatifs.

La technologie au service de la performance

En interrogeant différentes marques de constructeurs, il ressort que les innovations entreprises pour garantir la sécurité des équidés concernent notamment les matériaux utilisés. Par exemple, les planchers en bois sont désormais bannis des nouvelles constructions, tandis que la tendance penche vers des matériaux plus solides et plus légers. “Aujourd’hui, nous utilisons énormément l’aluminium, beaucoup plus adapté au transport d’animaux, car plus léger. Cela nous a également permis de multiplier les ouvrants, impliquant une régulation de la température plus facile”, explique un fabricant de vans. Certaines entreprises commencent même à se tourner vers des matériaux végétaux tels que des fibres de lin ou de coco. Le capitonnage intérieur a, lui aussi, évolué, passant de tôles en plastique à des matériaux composites, insensibles aux chocs et aux variations de température, et atténuant les bruits. Des caoutchoucs viennent renforcer l’intérieur des caisses. Autres matériaux cités: le polyéthylène, apprécié pour sa solidité, sa souplesse et sa capacité à étouffer les sons, ainsi que l’acier. “Nous avons opté pour une ossature en acier, ce qui est un gage de sécurité. En effet, cela donne une meilleure résistance à nos vans en cas de choc”, explique un autre commercial. Même son de cloche du côté des VL: “La conception de nos camions est pensée pour qu’il y ait le moins de risques de blessure possible. Rien ne dépasse. De nos jours, les matériaux sont plus résistants, comme l’aluminium, qui présente de nombreux atouts.” 

En matière de freinage, certains vans sont équipés de systèmes ABS ou de répartition de freinage ESP. Il existe également des systèmes de suspension issus de l’industrie automobile, garantissant une excellente tenue de route. Ce concept évite les mouvements de caisse. Quant aux VL, la plupart possèdent un freinage assisté. Des nouveautés verront le jour à partir de l’été 2024, avec l’intégration systématique de système d’aide à la conduite sur les véhicules neufs.

Moins de risques, et des chevaux plus sereins

Le transport peut être une source de stress pour de nombreux chevaux. Monter dans un véhicule dans lequel ils se sentent bien et trouvent leur équilibre les rassurera et évitera qu’ils s’agitent. Une attitude qui facilitera forcément la conduite. En bref, un cercle vertueux! Les fabricants s’entendent sur ce point. “Tout ce qui est lié au confort des chevaux apporte de la sécurité”, assène cette directrice d’une célèbre marque de camions. 

Parmi les solutions proposées, il existe, par exemple, un système antilacet, situé sur la tête d’attelage de certains vans. Ce concept permet notamment de limiter les appels d’air et ainsi de stabiliser la remorque. Certaines marques proposent des surtapis de protection. “Certains chevaux grattent le sol pendant le voyage. Ces surtapis, faisant 18mm d’épaisseur, rajoutent une protection supplémentaire à la surface, donnant davantage d’amorti aux chevaux, et par conséquent davantage de confort”, précise un commercial. Permettant une plus grande sérénité des équidés, l’insonorisation est également un axe de recherche chez les constructeurs, qui redoublent d’ingéniosité: déflecteurs sur les ouvrants, surtapis absorbant les bruits, filets brise-vents, etc. “Des fenêtres sans déflecteurs, ce serait comme rouler en voiture avec les fenêtres ouvertes”, donne-t-on en exemple. Certains constructeurs de vans proposent des séparations souples entre les chevaux. Les avantages? “Qu’ils voyagent de façon oblique ou droite, les chevaux se sentent moins contraints, car ce système leur donne davantage d’espace. Cela leur apporte du confort et sécurise le transport, car elles permettent d’éviter les chutes”, détaille un fabricant. Autre critère favorisant le confort des chevaux, la ventilation. Parmi les différentes options identifiées sur le marché, citons une isolation simple, qui consiste à avoir un toit de couleur blanche. Celle-ci répond à une norme européenne pouvant permettre de gagner jusqu’à 10°C de plus. Un détail non négligeable. Les extracteurs d’air, qui améliorent la ventilation, constituent une autre option. Enfin, faire voyager son cheval droit ou en oblique peut aussi faciliter son voyage. Tout dépend des chevaux.

Multiplication des ouvrants et flexibilité des équipements

Au fil des ans, on a vu fleurir les portes avant, latérales, etc. “Même si mes clients ne se servent pas forcément de tous les ouvrants et des modes de sortie proposés, cela les rassure de se dire que s’il y a un problème, ils peuvent les utiliser”, argumente un commercial de vans. Quid des sorties avant? “Cela peut être utile pour des chevaux ayant des problèmes locomoteurs ou en cas d’urgence, mais les angles restent assez serrés. Les sorties arrière restent donc les plus sécurisées dans la mesure où un cheval mesure davantage ses pas lorsqu’il recule”, développe un commercial. 

Les fenêtres aussi sont plus nombreuses, sur les vans notamment. “Cela permet d’apporter de la luminosité et contribue à rassurer les chevaux. Sans parler de l’aération”, démontre un revendeur. Quant aux systèmes de fermeture, ils constituent un maillon essentiel de la sécurité. “Nous avons également fait évoluer nos fermetures, notamment sur les portes arrière, où les accroches entrent à l’intérieur afin d’éviter un quelconque risque d’accrochage”, indique un fabricant de vans. Et pour les cavaliers craignant que le pont ou une porte ne s’ouvre durant le trajet, on trouve désormais chez certaines marques de VL, comme sur les voitures, des capteurs détectant une ouverture de porte. La grande majorité des constructeurs proposent également des barres de poitrail flexibles, détachables de l’extérieur, permettant une intervention du conducteur rapide et lui évitant de se mettre en danger. Du côté des VL, l’une des nouveautés de ces dernières années est le système “switch” permettant d’adapter la configuration du camion selon les préférences de chaque cheval. “C’est un concept beaucoup plus sécurisant. En cas d’incident, tous les éléments sont démontables”, poursuit le constructeur, avant d’ajouter: “Ce système permet d’être flexible en fonction du cheval concerné. Par exemple, en mettant la tête à l’arrière et la croupe vers l’avant, cela apportera plus d’équilibre et de stabilité. En cas de freinage, ils s’appuieront davantage sur leurs postérieurs et cela leur évitera de tomber.” La façon de voyager, droit ou en oblique, sera à adapter selon les préférences de son partenaire, comme l’explique ce commercial: “Il y a des avantages aux deux, mais il n’y a pas de meilleure option. D’où l’importance de connaître sa monture! Le voyage en oblique permet souvent d’avoir plus d’espace et se rapproche d’un déplacement en poids lourd.”

La technologique comme alliée

Il existe des caméras permettant de surveiller les chevaux durant le transport. Ces équipements sont, en règle générale, fournis dans les modèles basiques de VL. Ce qui n’est pas le cas pour les vans. Mais il est tout à fait possible d’en faire installer! Certaines marques proposent ainsi des caméras avec détecteurs de mouvements via des systèmes d’abonnement. “La différence de prix entre un van et un VL est conséquente. L’ajout de cette technologie a forcément un coût”, argumente un vendeur de vans. D’autres solutions plus poussées sont développées par les constructeurs de camion: “Nous proposons, par exemple, des haut-parleurs dans la partie arrière. Nous pouvons également créer des lumières spécifiques permettant de les éclairer la nuit. Il existe aussi des détecteurs d’ouvrants. Toutes ces options sont pensées pour l’apaisement du cheval transporté et maximiser la sécurité.”

Des adaptations sur mesure

Concernant les vans, plusieurs marques proposent plus d’une cinquantaine de modèles, s’adaptant aux différentes demandes. Certains constructeurs de VL proposent même des fabrications sur mesure, comme l’explique ce fabricant: “Nous passons beaucoup de temps à travailler sur les besoins de nos clients. Quel est le profil de leur cheval? Quel usage vont-ils faire de leur camion et pour quelle discipline? L’idée reste que le produit doit correspondre parfaitement à leur protégé.” Cette marque peut donc s’adapter aux demandes de ses clients, mais une chose ne varie jamais: l’importance de l’espace dédié au cheval. “Le confort et la sécurité des chevaux sont notre raison d’être. Il n’y a pas d’angle droit, ni la moindre pièce qui dépasse. Tout est solidement fixé, ce qui atténue également les bruits. Pour les chevaux de compétition, l’objectif est qu’ils arrivent en forme à leur concours et qu’ils n’aient pas dépensé toute leur énergie dans le voyage. Tous nos camions proposent donc le même espace réservé à l’équidé. Ensuite, nous pouvons ajouter des options à la demande. Et, en cas de remontée d’un client au sujet d’un équipement non suffisamment sécuritaire, nous faisons évoluer tous nos camions afin de le corriger. Nous nous inscrivons dans une amélioration continue. Nous ne produisons pas beaucoup de camions par an afin de privilégier la qualité”, affirme le commercial.

Quelle taille choisir?

En optant pour un van, il faut forcément se poser la question du véhicule pour le tracter. En matière de sécurité, là aussi, les choses ont évolué. Feu les vans d’une place, très étroits et manquant de stabilité. Aujourd’hui, il en existe allant d’une place et demie à quatre places. “Travailler avec de l’aluminium et du polyester renforcé nous permet de garder des vans facilement tractables, même s’ils sont volumineux. Ensuite, il est primordial de tracter avec le bon véhicule. Par exemple, nous proposons des vans d’une place et demie ou deux, suffisamment légers pour être tirés par des petits SUV et ne nécessitant pas de permis supplémentaire. C’est un atout indéniable”, relate un commercial. Le même professionnel explique que la tendance est d’ailleurs à l’élargissement des caisses, ce qui facilite la conduite. Grâce aux matériaux modernes, cela n’engendre pas de poids supplémentaire. Ainsi, les caisses sont passées de 2,20m à 2,40m en vingt ans! Cet élargissement coïncide également avec l’évolution de la morphologie des chevaux élevés en France. En effet, un poney n’aura pas besoin de la même place qu’un Selle Français d’1,80m. Ainsi, il existe plusieurs formats S/M/L/XL adaptés aux différents types de chevaux.

Attention au poids du véhicule

De nombreuses interrogations remontent du sondage concernant le poids des VL. “Nous avons déjà reçu une grosse amende lors d’un déplacement en Suisse avec deux chevaux dans le camion en raison de la surcharge. Je ne veux prendre aucun risque avec mon assurance en cas d’accident”, relate une propriétaire de trois chevaux. Aujourd’hui, en France, il est possible de conduire un VL de 3,5 tonnes sans permis spécifique. En transportant des chevaux, les conducteurs prennent le risque de dépasser le PTAC, à savoir le poids total autorisé en charge. Une fois carrossés, les camions pèsent en moyenne 2,7 tonnes. Il reste donc 800 kilos pour rester dans la légalité. Autant dire qu’avec deux chevaux, les 3,5 tonnes sont vite dépassées! La problématique est donc récurrente. Quelles solutions pour les constructeurs et les utilisateurs? “Il faudrait faire évoluer la loi. Soit imposer le permis C1, qui permet de conduire des véhicules dont le PTAC est compris entre 3,5 et 7,5 tonnes, soit augmenter la catégorie à 4,5 tonnes. De notre côté, nous avons un travail drastique à réaliser en allant vers un allégement des matériaux, notamment sur les isolants thermiques, sans perdre en solidité bien entendu”, étaye un vendeur de camions. 

Finalement, qu’ils soient fabricants de vans ou de camions, la sécurité reste leur préoccupation première. Ils rivalisent d’inventivité pour améliorer leurs produits. Le bon sens des utilisateurs ne doit pas être minimisé et les “basiques” ne doivent pas être oubliés: bien attacher son cheval, utiliser des longes élastiques, privilégier un sac à un filet à foin, etc. Sans oublier l’entretien! “Pour nos camions, l’utilisation et l’entretien sont primordiaux. Lorsque nous vendons un VL à un particulier ou un professionnel, nous passons près d’une heure et demie avec lui pour lui expliquer comment s’occuper du camion, notamment vis-à-vis de l’entretien des points d’ancrage et de verrouillage”, détaille un commercial. Autant de petits détails pouvant éviter de gros tracas pour sa monture et de dépenses imprévues. Et, bien sûr, si la technologie ne cesse de servir la sécurité, une conduite prudente et la capacité à anticiper seront toujours les meilleures des préventions.