“J’ai trouvé la seconde journée de Grand Prix beaucoup plus contrastée que la première”, Odile van Doorn

Avec Dalera BB et Mount St. John Freestyle, Jessica von Bredow-Werndl et Cathrine Laudrup-Dufour ont été les seules à dépasser les 80% dans le Grand Prix des Jeux olympiques de dressage, et toutes deux sont passées lors de la deuxième journée de ceux-ci, ce mercredi 31 juillet. Avant-dernières à s’élancer, Pauline Basquin a, quant à elle, obtenu son ticket pour la finale individuelle ce même jour avec Sertorius de Rima*IFCE. Odile van Doorn revient sur la performance de la Française et des autres Tricolores, mais aussi sur l’impression que lui ont laissée les cavalières de tête. Notre consultante dresse également un bilan général de la première épreuve de ces Jeux, sans oublier de décrire deux belles découvertes faites à cette occasion.



“Alexandre Ayache a fait ce que l’on attendait de lui, et même un tout petit peu mieux (il a décroché la deuxième meilleure note de sa saison en Grand Prix avec Jolene, ndlr) le jour où il le fallait! C’est un bon pilier d’équipe, et il a vraiment tenu sa place. Pauline Basquin, quant à elle, a proposé comme à son habitude un travail vraiment élégant et ravissant, avec une équitation très discrète. Comme souvent, Sertorius et elle ont commis une faute au troisième changement de pied au temps, mais tout le reste était super, et j’ai trouvé le cheval encore meilleur que dans le Grand Prix du CDIO 5* d’Aix-la-Chapelle, où il était un petit peu plus crispé au début du mois. Il n’a pas semblé gêné par le public qui l’a accueilli très bruyamment, et à la fin de sa reprise, au moment de l’arrêt final, il est d’ailleurs resté comme statufié alors que la foule l’applaudissait et le félicitait très fortement. Je trouve que c’est très bien que Pauline se soit qualifiée directement pour la finale individuelle. Elle a une très jolie reprise libre, dans laquelle elle n’est pas dans une recherche de complexité extrême. Son programme est, au contraire, aéré et élégant, comme tout ce qu’elle fait d’ailleurs. C’est ce que j’aimerais voir tout le temps! Par équipes, la France a terminé septième, donc si Corentin Pottier remonte dans ses points comme il peut tout à fait le faire dans le Spécial, une sixième place collective, qui était l’objectif de la Fédération française d’équitation (FFE), semble tout à fait envisageable.”



“Globalement, j’ai trouvé la seconde journée de Grand Prix beaucoup plus contrastée que la première. On a dénombré dix-neuf chevaux ayant franchi la barre des 70% ce 31 juillet, et six ont dépassé les 75%. Les notes les plus hautes ont été attribuées ce deuxième jour, avec notamment deux couples (Jessica von Bredow-Werndl et Dalera BB ainsi que Cathrine Laudrup-Dufour et Mount St. John Freestyle, ndlr) qui ont dépassé les 80%, mais les notes les plus basses aussi. Nous avons vu des grosses fautes, voire des défenses, que nous n’avions pas vues la veille, où il n’y avait pas vraiment eu de catastrophe. En revanche, nous n’avons pas vu de chevaux vraiment très inquiets en entrant en piste, ce qui peut s’expliquer par le fait que ceux passés le deuxième jour ont bénéficié d’un entraînement supplémentaire dans le stade avant de présenter leur reprise. On notera, par ailleurs, qu’aucune élimination n’a été enregistrée en deux jours de Grand Prix, à l’exception de celle de Marcus Orlob et Jane, qui n’est toutefois pas vraiment à ranger comme un fait de sport à mon sens, car la jument s’est vraisemblablement marchée dessus avant d’entrer sur le rectangle (ce qui lui a créé un petit saignement sur un membre, éliminatoire, ndlr).”



“Du côté de la tête, j’ai trouvé Dalera un tout petit peu vieillissante, même si elle présente toujours un super piaffer et que sa reprise était vraiment impeccable. Il m’a semblé qu’il y avait plus de fraîcheur dans la présentation de Freestyle, qui fonctionne très bien dans son corps, et je ne sais pas si en les faisant passer l’une derrière l’autre (ce qui se produira dans le Grand Prix Spécial, ce samedi, ndlr), Dalera sera devant avec autant de marge (1,273 point de pourcentage, ndlr). Jessica von Bredow-Werndl et Cathrine Laudrup-Dufour présentent, par ailleurs, vraiment une belle équitation. Outre les couples les plus connus, j’ai trouvé Maxima Bella (la jument de la Polonaise Sandra Sysojeva, qui s’est qualifiée pour la finale individuelle, ndlr) absolument exceptionnelle! À huit ans, elle fait déjà montre d’une maîtrise technique invraisemblable, couplée à une locomotion surdimensionnée et un mental vraisemblablement incroyable. Le cheval de l’Équatorien Julio Mendoza Loor, Jewel’s Goldstrike, m’a aussi beaucoup impressionné. L’équitation de ce cavalier manque peut-être en revanche un peu de finesse, ce qui fait que le cheval est parfois en surénergie et débordé par sa qualité, ce qui l’empêche de prendre encore plus de points.

Si je dresse un bilan de ces deux jours, je trouve que les cavaliers ont énormément évolué dans leur manière de présenter les chevaux, et les juges, dans leur façon de les évaluer. Par exemple, Charlotte Fry et Glamourdale ont perdu des points dans les airs relevés ce mercredi, alors que c’était moins le cas lors des Mondiaux de Herning (où le couple avait décroché deux médailles d’or en 2022, ndlr), où les juges valorisaient l’impression d’un cheval très montant, très actif et très énergique renvoyée par Glamourdale. Je dirais que la qualité technique paraissait alors passer au second plan derrière l’impression générale d’expressivité et de brillant.”